Le Premier ministre quitte le pays aujourd’hui pour une visite de quatre jours à Madagascar.
La coopération entre les deux pays sera, en cette occasion, à l’ordre du jour et concernera, entre autres, le domaine du tourisme et la protection des investissements.
Protéger les intérêts des investisseurs étrangers est une priorité pour ce pays à la stabilité sociale toujours précaire doublée d’une corruption rampante et même, dit-on, institutionnalisée.
La Grande île a des potentialités mais elle n’arrive pas à les exploiter pour sortir de la misère. Le sous-sol malgache regorge de richesses minérales : or, fer, nickel, marbre, rubis, saphir, émeraude. Cette île pourrait aussi, vu sa superficie – elle est légèrement plus grande que la France et la Belgique réunies – développer l’éco-tourisme. La zone franche textile malgache, essentiellement urbaine, essaye difficilement de se développer. Pas étonnant donc que des quinze millions de Malgaches, douze millions vivent en régions rurales dans des conditions de pauvreté. Le revenu par tête d’habitant est de seulement 250 dollars US. À titre d’exemple, celui de Maurice est de l’ordre de 3 500 dollars US. C’est très dommage pour Maurice car elle a, à côté d’elle, un énorme marché pour ses exportations mais non-développé.
Un des handicaps pour le développement de notre pays, c’est que nous sommes situés dans une région pauvre. Au-delà de Madagascar, il y a l’Afrique. Un continent malade. L’Afrique du Sud, malgré un taux de criminalité alarmant, tente de s’en sortir économiquement avec un certain succès. Mais elle est moins une partenaire qu’une concurrente pour nous. Garder des contacts avec nos voisins est nécessaire. C’est pourquoi la visite de Paul Bérenger à Madagascar est en elle-même positive. Et si les pays de la région peuvent, malgré tout, s’enrichir mutuellement à partir des liens qu’ils entretiennent entre eux, c’est tant mieux. Mais on ne peut pécher par excès d’optimisme.
Nous sommes une île isolée dans un environnement pauvre, mais protégée jusqu’ici par des filets protecteurs qui ont pour noms Accord Cotonou, Accord Multifibre et Protocole Sucre. L’Accord Cotonou arrive à échéance dans quelques années. Sa fin ouvrira une nouvelle ère basée sur de nouveaux accords commerciaux qui devront être compatibles avec les règles de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) qui est favorable au libre-échange. L’ensemble de notre secteur d’exportations est, par conséquent, concerné. L’accord Multifibre va être démantelé bientôt. Autrement dit, la Chine, une de nos concurrentes, qui est astreinte à un système de quotas au titre de cet accord, pourra inonder le monde de ses produits textiles. Ce qui pourrait signifier pour nous fermetures d’usines. Le Protocole Sucre, quant à lui, paraissait éternel. Or, lors des travaux du Panel de l’OMC à Genève, Pravind Jugnauth a eu la mauvaise surprise de constater que le Brésil, l’Australie et la Thaïlande ont déjà commencé le siège de cette convention qui nous garantit un quota d’exportation pour notre sucre à un prix bien supérieur à celui pratiqué sur le marché mondial qui est bien sûr résiduel car il existe d’autres accords, ressemblant au Protocole Sucre, entre d’autres pays. La Thaïlande, qui attaque le Protocole sucre, est par exemple partie prenante d’un tel accord.
Les temps sont durs. Il va falloir que nous fassions preuve d’imagination.
Dommage que Madagascar, un pays de quinze millions d’habitants, ne soit pas un pays riche.
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