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Aux grands maux les grands remèdes

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Toutes les rues de Port-Louis, les grandes comme les petites, sont prises d’assaut par des files de véhicules aux heures de pointe

Mesures annoncées, questions à l’Assemblée nationale, expert singapourien en visite. Les autorités semblent vraiment vouloir attaquer le problème de congestion routière de front même si cela doit faire des mécontents.

Jocelyne, une habitante de Vacoas, est employée dans une firme privée de la capitale. Jusqu’à fin 2003, elle prenait l’autobus à 7h45 et arrivait dans la capitale une heure plus tard pour prendre le travail à 9h00. Mais, à la rentrée en janvier, ce fut le choc. Elle est arrivée à Port-Louis à 9h30, après avoir poireauté de longues minutes dans les embouteillages, toute stressée d’arriver en retard le premier jour après les congés du nouvel an. “D’abord, je pensais qu’il y avait un accident ou une panne car ça ne roulait pas du tout, mais j’ai appris par la suite que ce n’était pas le cas. Heureusement pour moi, ce jour - là plusieurs collègues sont arrivés en retard, y compris le grand patron”. Maintenant Jocelyne doit prendre le bus 45 minutes plus tôt.”Il y a toujours eu des bouchons sur les routes le matin, surtout à l’entrée de Port-Louis, mais maintenant la situation est catastrophique. C’est la faute aux voitures”.


Les mesures annoncées
Cette affirmation est vraie dans une grande mesure et les choses bougent du côté des autorités gouvernementales. La semaine dernière, une série de mesures visant à  décongestionner la capitale ont été annoncées. Certaines d’entre elles - comme l’augmentation du tarif des parkings qui passera probablement à Rs 20, la réglementation des parkings privés ou le ‘flexi-time’ pour les fonctionnaires -  seront appliquées dans un proche avenir. D’autres mesures, à savoir un système de péage à l’entrée de la capitale aux heures de pointe, un autre se basant sur les plaques d’immatriculation, ainsi que la création d’une gare routière à Coromandel le seront plus tard après une étude approfondie. Quelques-unes de ces mesures, surtout le ‘Pricing system’, sont loin de faire plaisir aux automobilistes. “Nous ne pouvons pas payer pour l’incompétence et le manque de vision du gouvernement. Il aurait dû introduire des mesures efficaces depuis longtemps pour prévenir la situation dans laquelle nous nous retrouvons aujourd’hui. On veut décourager les gens à entrer dans la capitale aux heures de pointe avec leurs véhicules mais quelle alternative nous propose-t-on à part des autobus croulants?”, s’insurge un automobiliste. N’empêche, le gouvernement compte bien aller de l’avant avec ce projet. Gopinath Menon, un consultant singapourien, est à Maurice depuis samedi dernier pour étudier le problème de congestion routière et les moyens d’y remédier, surtout le système de péage qu’il a lui-même mis sur pied au Singapour. Il fera une présentation demain sur le ‘Congestion Pricing’ et il devra soumettre un rapport à la mi-avril sur l’introduction d’un tel système à Port-Louis.
La question de congestion routière a aussi été évoquée au Parlement mardi dernier. Les députés Beebeejaun, Sakaram et Chady ont tous posé des questions dans ce sens au ministre des Infrastructures publiques et du Transport, Anil Bachoo. D’après les réponses de ce dernier, la cause principale des bouchons de plus en plus importants depuis janvier 2004 est le fait que les fonctionnaires doivent, depuis cette date, être à leur  poste au plus tard à 8h45 sous peine de sanctions. C’est ce qui a poussé le ministère du Transport à étudier la possibilité d’introduire le ‘flexi-time’, ce qui permettrait aux fonctionnaires de commencer le travail entre 08h30 et 9h15 et d’arrêter entre 15h45 et 16h30. Saeed Jewon, ‘Principal Engineer’ au ministère des Infrastructures publiques et du Transport, nous explique comment la situation s’est dégradée: “Il y avait auparavant trois heures de pointe: à 7h30 quand les employés d’usine se rendent à leur travail, à 8h00 pour les écoliers et à 8h15/8h30 pour les fonctionnaires. Depuis que ces derniers doivent arriver au bureau à 8h45, deux heures de pointe coïncident, celle des écoliers et celle des fonctionnaires et il y a plus de voitures sur les routes en même temps. Maintenant, c’est l’asphyxie”.


Bonjour les dégâts
L’année dernière, une étude a révélé que 34 000  véhicules entraient dans Port-Louis ou passaient  par Port-Louis entre 7h00 et 10h00 chaque jour. La situation alors n’était déjà pas reluisante mais avec une augmentation dans le nombre de véhicules entrant dans la capitale en même temps, bonjour les dégâts! La situation est d’autant plus critique que les mesures prises dans le passé en vue de régler le problème de congestion routière dans la capitale n’ont pas eu de résultats probants. “La hausse du tarif des parkings n’a pas découragé les automobilistes à venir à Port-Louis alors que les gens ont boudé le parking de 400 places à Les Salines alors qu’ils ne paient que Rs 39 pour 8 heures et qu’ils disposent d’une navette gratuite et climatisée pour entrer dans le centre-ville. Le service ‘Blue Line’, introduit par la ‘National Transport Corporation’ (CNT) et à laquelle les autres compagnies de transport ont emboîté le pas, a un certain succès mais ce n’est pas suffisant”, déclare Saeed Jewon. Il est vrai qu’un système de transport en commun amélioré encouragerait les gens à prendre l’autobus au lieu d’utiliser leurs voitures pour aller travailler, mais jusqu’ici, à part les autobus ‘Blue Line’ et ceux du même genre, les autres laissent vraiment à désirer. Vieux, inconfortables, cahotants, bondés, on préfère les éviter, sauf si on est obligé.


Sanjiv Goburdhun ‘Managing Director’ de ‘Rose-Hill Transport’ n’est pas du même avis : “C’est malhonnête de dire que les compagnies de transport ne font pas d’effort car depuis trois ans nous offrons des autobus climatisés et confortables. Toutefois, nous ne pouvons pas renouveler notre flotte de véhicules car cela nous reviendrait très cher, déjà que nous perdons actuellement beaucoup d’argent à cause de embouteillages”. Selon Sanjiv Goburdhun, la congestion routière fait grimper le coût d’opération et baisser les revenus. Pour lui, il est temps que les autorités gouvernementales viennent de l’avant avec des mesures incitatives pour aider les compagnies de transport à donner un meilleur service au public. Cette possibilité est envisagée au niveau du ministère concerné.


Le ‘Managing Director’ de ‘Rose-Hill Transport’ est, par ailleurs, convaincu que le combat contre la congestion routière doit continuer. “Les mesures annoncées récemment sont dures mais il faut de grands remèdes aux grands maux. Il est temps de prendre les taureaux par les cornes parce que la situation est devenue insupportable pour tous”. Saeed Jewon est sur la même longueur d’onde: “Il est vrai que ces mesures semblent impopulaires mais les gens devront choisir entre la voiture et l’autobus. En ce qui concerne le système de péage, il faut savoir que quand il a été introduit récemment à Londres, les gens n’étaient pas contents mais maintenant ils sont satisfaits parce que cela a diminué le nombre de véhicules à Londres de 40%”. Selon le ‘Principal Engineer’ du ministère du Transport, les mesures importées de l’étranger, à l’instar du système de péage ou de la plaque d’immatriculation, seront réadaptées à la réalité mauricienne.






Les gros projets: Métro léger, Ring Road, etc
Le projet de métro léger, censé remplacer l’ancienne voie ferrée et allant de Curepipe à Port-Louis, est toujours d’actualité. Ce projet a été annoncé depuis le début des années 90 comme une des solutions au problème d’embouteillages. Lors de sa dernière visite en France, le PM avait déclaré que Maurice adopterait le système de tram de Montpellier. Il préside actuellement un ‘High Powered Committee’ sur le dossier. L’autre gros projet pour alléger le trafic est le ‘Ring Road’, un projet de route circulaire. L’étude a été complétée, selon le ministre Bachoo et les appels d’offre seront bientôt lancés. Le périphérique sera doté d’un tunnel qui débouchera sur les agglomérations stratégiques avant de rallier le rond-point du Quai D. La construction d’un pont sur la rade, le ‘Dream Bridge Road’, ou d’un tunnel sous la rade sont également à l’étude pour décongestionner le rond-point du Quai D et celui du Caudan.


Amélioration des routes pour combattre les bouchons
Selon le ministre, des mesures visant à améliorer les infrastructures routières ont déjà été appliquées et d’autres sont en projet. L’entrée vers la Butte à partir du rond-point du Caudan a été réaménagée et compte maintenant deux voies. La route Abattoir, juste après le ‘fly over’ de Roche-Bois, sera rouverte pour permettre aux véhicules venant du Nord d’entrer directement dans le centre-ville sans passer par la place d’Armes. Une troisième voie sur l’autoroute sera ouverte pour les véhicules venant du Nord et allant vers le Sud. Une étude est en cours pour voir s’il est possible d’ajouter une voie de plus sur l’autoroute menant vers le rond-point du Caudan, tout en réduisant la taille du même rond-point.


Les propriétaires de taxis en faveur d’un consensus
Raffick Bahadoor, président de la ‘Taxi Owners Association’, est en faveur d’un consensus entre toutes les parties concernées par le problème de congestion routière: “Nous sommes prêts à aider à trouver une solution car nous connaissons bien le problème mais on ne fait jamais appel à nous”. Selon lui, le gouvernement a laissé pourrir la situation et veut maintenant pénaliser les automobilistes. Pour décongestionner la capitale, il propose d’interdire aux autobus de plus de 60 places d’entrer dans le centre-ville.  Il suggère que les livraisons de marchandises soient faites aux commerces à gauche pendant une moitié de la journée et à ceux de droite durant l’autre moitié, et que les livraisons de boissons gazeuses dans de gros camions aient lieu après 17h. Raffick Bahadoor pense aussi que les marchands ambulants ne doivent pas se mettre le long des routes.

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