L’élection du candidat rouge, Rajesh Jeetah, à Piton/Rivière du Rempart ( No 7) en décembre 2003 est le point d’ancrage d’un processus de revitalisation pour le PTr.
Déprimés après leur débâcle aux législatives de décembre 2000, snobés au début de la présente législature par le pouvoir MSM/MMM, les rouges ont, désormais, le moral dopé.
Sauront-ils capitaliser davantage leur victoire au No 7 en vue des prochaines législatives? C’est, entre autres, à cette question que les rouges devraient répondre, aujourd’hui, dans le cadre de leur congrès annuel à Réduit.
D’abord, quelles sont les faiblesses du PTr? Ce parti souffre, en premier lieu, d’un déficit de crédibilité en matière de gestion des affaires du pays. Déficit de crédibilité n’est pas nécessairement synonyme d’incompétence. On peut avoir une certaine compétence mais, aux yeux d’autrui, on n’est pas crédible parce qu’on n’a pas su gérer son image ou parce que les adversaires sont passés maîtres dans l’art de l’intoxication. Le PTr devrait, par conséquent, revoir son système de communication. Mais le déficit de crédibilité dont souffre le PTr n’est pas totalement sans fondement. Un certain amateurisme, doublé d’un certain laisser-aller, a toujours caractérisé le fonctionnement de ce parti. C’est impardonnable dans la mesure où les rouges disent représenter l’alternance. L’alternance est une des caractéristiques d’une démocratie vivante. Sans opposition crédible, il n’y a pas de véritable démocratie.
On peut recourir à une armée de communicants pour vendre le PTr comme une lessive par exemple, mais si le produit n’est pas bon, la réussite de cette opération de marketing est hypothétique. On constate, toutefois, une volonté des dirigeants rouges de ‘recrédibiliser’ le PTr. Les intelligences ne manquent pas au sein de ce parti. Rajesh Jeetah, par exemple, est un apport valable. On sait que Rama Sithanen est un surdoué; que les Lormesh Bundhoo et les Yatin Varma ont de l’énergie à revendre. Et on nous dit que Navin Ramgoolam est gonflé à bloc. À partir de là tout est possible.
Le Ptr exploite, depuis sa défaite en septembre 2000, des sujets qui accrochent, telle la démocratisation de l’économie. Bien sûr, la démagogie n’est pas loin. Mais ce n’est pas parce qu’on flatte bassement les passions de la population avec certains thèmes que ceux-ci doivent être obligatoirement irrecevables. Il existe une concentration de richesses à Maurice qui devient de plus en plus indécente. Dans l’interview qu’il nous a accordée en page 8, le leader de l’Opposition déclare ceci : “ Il n’est pas possible qu’un pays qui se respecte, qui a une population qui grandit, laisse l’économie entre les mains d’un petit groupe. Nous sommes uniques au monde. Il est trop facile pour Bérenger de venir dire que ce sont des entrepreneurs. Ce sont des pseudo-entrepreneurs qui sont des parasites qui vont continuer à sucer le sang du peuple. Un entrepreneur prend des risques alors que certains entrepreneurs mauriciens veulent être ‘spoon fed’”. On voit donc que Navin Ramgoolam continue à surfer sur une thématique socialisante qui plaît à nombre de Mauriciens. Pour qu’il soit crédible, il devrait nous dire, à dix-huit mois de la fin de cette présente législature, comment il va s’y prendre. La réforme agraire fait partie de la démocratisation de l’économie par exemple. Il devrait commencer à nous dire comment dans la pratique cela va se faire au cas où il prendrait le pouvoir.
En tout état de cause, pour pouvoir espérer l’emporter aux prochaines élections, le PTr devrait pouvoir convaincre la population qu’il est en mesure de gouverner en mieux. Comme l’a dit Mohamad Vayid dans le Mauritius Times en date du 26 mars dernier “ les travaillistes doivent surtout éviter l’erreur de penser que les malheurs du MSM/MMM vont faire automatiquement le bonheur du PTr”.
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