Madeleine Beaubois
Il est celui dont la guérison miraculeuse à mené à la béatification du Père Jacques Désiré Laval. Son histoire a fait le tour de cette partie de l’océan Indien. “C’est un miraculé”, disait-on de lui. Il s’appelait Edgar Beaubois, était anglican et c’est en demandant une grâce au Père Laval que tout a commencé. Un miracle ! Edgar Beaubois devait constater que ses plaies étaient guéries. Il était atteint d’une forme rare d’eczéma sur la nuque.
Presque quatre-vingt ans après, nous sommes allés à la rencontre de quelques membres de sa famille qui regrettent toutefois de ne pas connaître très bien l’histoire. “J’aurais voulu mieux connaître l’histoire”, nous dit Madeleine Beaubois, la belle-fille d’Edgar Beaubois, aujourd’hui âgée de 90 ans. Compte tenu de l’époque où s’est déroulé cet événement, bon nombre des proches d’Edgar Beaubois sont décédés. “Il y en a très peu qui connaissent cette histoire”, nous dit Solange, la soeur de Madeleine Beaubois.
Selon des textes de l’évêché...
Edgar Beaubois, était un comptable de l’établissement sucrier de Rose-Belle. C’était quelqu’un qui était estimé de ses chefs, ses collègues ainsi que de tous les habitants de son village. Il était membre de l’Église anglicane et y occupait une place dans la hiérarchie assez en vue. C’est vers le Père Laval qu’il s’est tourné pour lui demander d’intercéder en sa faveur alors qu’il était atteint d’une maladie qui le rongeait. L’histoire remonte au commencement de l’hiver 1923. Edgar Beaubois, alors âgé de 65 ans, constata qu’un eczéma était apparu dans son cou au bas de la nuque. Très vite, l’eczéma devint purulent et s’étendit très rapidement au point que sa tête et le haut de son visage ne formaient au bout de quelques jours qu’une plaie vive. Alors, tout bascula. Il arrêta son travail, consulta les meilleurs médecins de l’île mais en vain. Le matin du 17 juillet 1923, après qu’il eut passé une mauvaise nuit, il décida de se rendre au cabinet du docteur Rouget, le médecin chef de l’hôpital de Port-Louis, accompagné de l’infirmier de la sucrerie de Rose-Belle. C’est alors que le Dr Rouget constata l’aggravation de la maladie et l’inefficacité du traitement prescrit. Il finit par dire à Henry Beaubois, son inquiétude sur l’état de santé de son père. Munis d’une ordonnance du médecin, Edgar et l’infirmier se rendirent à la pharmacie de Raoul Rochecouste, qui était située à la Rue Royale à Port-Louis. Les personnes présentes ce jour-là, purent constater que les plaies d’Edgar Beaubois avait un bien vilain aspect. C’est ce jour-là, dit-on, que l’infirmier a conseillé à Edgar d’avoir recours au Père Laval. Il reçut ce conseil avec confiance.
Le même jour, il se rendit au caveau du Père Laval à Sainte-Croix en compagnie d’André Bazerque, l’infirmier de Rose-Belle, et de François Bigara, un chef mécanicien de l’usine où il travaillait. Depuis un certain temps déjà, Edgar ne pouvait plus se coiffer de son chapeau pour cacher ses plaies. Une serviette en tenait lieu. Au moment de s’agenouiller pour prier, il enleva la serviette de sa tête et s’adressa au Père Laval en disant: “Je suis protestant, mais si tu veux, tu peux me guérir. Accorde-moi cette grâce, et je me fais catholique”. (Demande et promesse formulées rapportées textuellement des écrits à l’évêché). Selon ces mêmes documents, Edgar Beaubois dit avoir entendu des pas derrière lui alors qu’il priait. D’instinct, pour cacher ses plaies “repoussantes”, il remit sa serviette sur sa tête. Sa main frôla ses plaies. C’est alors qu’il se rendit compte qu’il n’y avait plus de suppuration. Il s’écria alors: “Je suis guéri”. Quelques minutes plus tard, ne pouvant plus se contenir, il enleva sa serviette, se palpa la tête et sortit du caveau pour aller constater à la lumière du jour que “ses plaies avaient disparu, disparu au point de ne laisser aucune trace”, écrit-on dans des documents. Son fils Henri Beaubois qui l’attendait dans la voiture, constata aussi, dit-on, le grand changement. Un témoin aurait déclaré alors: “(..) On n’aurait pas soupçonné qu’il avait été malade”. Il reprit dès le lendemain, le chemin de son travail, au grand étonnement de tous ses collègues. À partir de ce jour, il n’y eut pas de rechute. Il remerçia Dieu par une fervente prière, pour la grâce obtenue. Il ne tarda pas à tenir sa promesse, il se fit baptiser. Après quelque temps, il prit sa retraite et mena une vie pieuse et retirée du monde. Il décéda le 13 janvier 1927 à Port-Louis, à l’âge de soixante-neuf ans. Madeleine Beaubois, la belle-fille d’Edgar Beaubois, nous dit de se souvenir que de quelques bribes de l’histoire qu’elle a entendue alors qu’elle était jeune. “Madeleine n’était pas encore mariée à l’époque. Ce qu’elle sait, elle l’a appris de son mari, le fils d’Edgar, mais maintenant, elle a oublié”, nous dit sa soeur Solange. “Cette histoire j’aurai voulu mieux la connaître car elle concerne la famille”, nous dit Madeleine. “C’est à ce moment là, que quelques membres de la famille se sont fait cathololiques. Mais nous nous sommes restés anglicans”, nous dit Solange.
Sollicité pour une déclaration, sur la béatification du père Jacques Désiré Laval et sur “le cas Beaubois, comme un miracle avalisé”, l’évêché nous a référé à Mgr Amédé Nagapen. “Le cas de monsieur Edgar Beaubois a fait l’objet d’une enquête par un tribunal ecclésiastique institué par l’évêque de Port-Louis, Mgr James Leen à Maurice.”, nous dit Mgr Nagapen. Douze témoins furent entendus dans le cadre de cette affaire: Edgar Beaubois (deux fois), l’infirmier André Bazerque, Raoul Rochecouste, le pharmacien, les médecins François Rouget et Anthony Ferrières qui soignèrent Edgar Beaubois ainsi que les médecins Arnold Delaître et Arthur Célestin, appelés pour rendre compte de l’état de santé d’Edgar Beaubois, trois ans après sa guérison, soit le 11 août 1926-Guérison instantanée, complète et permanente. Ce dossier fut soumis à la Sacrée Congrégation des Rites. “La cause de béatification du Père Laval fait suite au cas de monsieur Beaubois”, nous dit-il.