Dix ans après la disparition du garçonnet, un SMS envoyé récemment à son père a redonné espoir à ce dernier de le retrouver sain et sauf. Mais selon Anwal Hossen Aumeer, il ne s’agissait là que d’un autre coup bas venant d’une «personne sans cœur». Retour sur cette sombre affaire qui suscite toujours beaucoup d’intérêt.
Il a suffi d’un SMS pour que cette famille se remette de nouveau à croire au «miracle» qu’elle attend depuis dix ans. Ce miracle, ce serait le retour d’Akmez Aumeer, disparu mystérieusement, en 2003, du domicile de ses parents qui vivaient alors à Camp-Chapelon, Pailles. Depuis, a débuté pour les Aumeer une longue, très longue attente parsemée d’espoir et de désillusions. Le 8 novembre, un SMS envoyé à Anwal Hossen Aumeer a relancé l’affaire et incité les proches d’Akmez à penser qu’un retour de ce dernier parmi eux était possible.
«L’auteur de ce message disait que c’était lui qui avait kidnappé mon enfant. Tout en donnant des détails précis sur les vêtements qu’il portait ce jour-là. Il m’a même dit que mon garçon était en vie et qu’il était en sa compagnie. Puis, il m’a appelé pour fixer un rendez-vous qui devait avoir lieu à La-Butte, à Port-Louis. J’y suis allé, mais l’homme en question a pris la fuite en voyant une patrouille de police», raconte Anwal Aumeer qui peine à digérer ce qu’il appelle un nouveau «coup bas» pour lui et sa famille.
Dans le sillage de cette affaire, deux personnes ont été arrêtées par la police puis relâchées après avoir donné leur déposition. L’un d’eux, un habitant de La-Tour-Koenig, a avoué aux enquêteurs que le numéro ayant servi à envoyer ce SMS était bel et bien enregistré à son nom, tout en précisant qu’il avait perdu son portable il y a deux semaines et qu’il n’avait pu le retrouver. Alors que le deuxième suspect, un habitant de Vallée-Pitot, aurait, selon le père d’Akmez Aumeer, été «injustement arrêté par la police car il n’a rien à faire avec cet enlèvement».
«Faux espoirs»
Mais cet énième rebondissement est un véritable coup dur pour les Aumeer. Selon Anwal Aumeer, l’auteur du message qu’il a reçu, il y a peu, n’est autre qu’une personne «sans cœur qui profite de notre faiblesse et qui n’a aucun sentiment». «Ce message nous a bouleversés. Ma femme est souffrante à cause de cela. Elle se repose chez sa mère pour quelques jours. Cet épisode me fait penser à un autre aussi dramatique peu de temps après la disparition d’Akmez. Un certain Preet, habitant Baie-du-Tombeau, m’avait appelé pour me dire qu’il détenait mon enfant. Il m’avait même demandé de ne pas contacter la police. J’avais accepté car j’étais prêt à tout pour retrouver mon enfant. En retour, il me réclamait Rs 50 000 que je lui avais d’ailleurs remises. Mais je n’ai jamais revu mon fils. L’homme s’est tiré avec mon argent. Lorsque j’ai contacté la police, il a été arrêté. Mais l’argent avait disparu. Tout ce que je veux maintenant, c’est vivre en paix et qu’on ne vienne pas m’embêter en me donnant de faux espoirs. »
Entre souffrance et attente, Anwal Aumeer est un homme à bout… ou presque. Il repense sans cesse à ce jour fatidique où son fils a disparu mystérieusement. Quelques minutes avant le drame, l’enfant de 8 ans jouait sur un terrain vague à côté du domicile de ses parents à Pailles, en compagnie de son frère, qui avait 3 ans. À un moment, le cadet se serait absenté et à son retour, il n’y avait plus aucune trace d’Akmez… et ce,
jusqu’à aujourd’hui.
Que s’est-il passé ? L’enfant est-il mort ou est-il encore vivant, séquestré quelque part dans l’île ? Ce sont autant de questions que se posent les Aumeer tous les jours depuis la mystérieuse disparition. «C’est une énorme souffrance. Après sa disparition, nous sommes allés en pèlerinage à La Mecque. Nous avons tout remis entre les mains d’Allah. Il est le Tout-Puissant. Si Akmez n’est plus de ce monde, nous le reverrons au paradis et s’il est toujours de ce monde, nous le reverrons un jour. Je fais confiance à Allah», confie Anwal Aumeer, tristement.
«Mauvais souvenirs»
Aujourd’hui, les Aumeer tentent tant bien que mal de continuer à vivre. «Deux ans après le drame nous avons quitté Camp-Chaperon pour nous installer à Camp-Fouquereaux. On ne pouvait plus vivre à Pailles tant cet endroit nous rappelait de mauvais souvenirs. Ici, on vit plus ou moins en paix. Mais nous n’oublions pas tout ce qui est arrivé, même si nous continuons à avancer. Nous avons eu un autre enfant il y a trois ans, une petite fille qui ne nous apporte que
du bonheur.»
Et si Akmez réapparaissait ? Pour Anwal et sa famille, ce serait une grâce d’Allah. «Un vrai miracle», lance-t-il, avec un pincement au cœur. Cette année, Akmez a eu ou aurait eu 19 ans le 25 septembre. Un triste anniversaire que ses parents doivent vivre chaque année.