Maurice se prépare activement à accueillir La Réunion Internationale sur les Petits États Insulaires en Développement à la fin d’août 2004. C’est dans cette optique, notamment, que le sort des petits États insulaires a été évoqué par le gouvernement mauricien avec le directeur de l’OMC, Supachai Panitchpakdi, lors de sa visite à Maurice la semaine dernière.
Le Premier ministre, Paul Bérenger, a déclaré lors d’une conférence de presse samedi dernier, que le gouvernement a plaidé, avec le directeur général de l’OMC, le dossier des petits États insulaires pour que nous bénéficiions d’une “considération spéciale lors du prochain sommet de Maurice en septembre”. Selon le PM, le gouvernement a aussi démontré à Supachai Panitchpakdi la réussite du développement économique de Maurice et combien elle est devenue vulnérable dans la conjoncture internationale. “Je suis d’avis que la visite du directeur général de l’OMC à Maurice sera positive pour les petits États insulaires et les pays moins avancés”, a-t-il dit. Le Dr Supachai Panitchpakdi a, pour sa part, salué les efforts de Maurice pour diversifier et restructurer son économie afin de faire face à la libéralisation du Commerce avant d’affirmer que le traitement différentiel accordé aux petites économies comme Maurice est l’une des principales préoccupations de l’OMC.
Pour Pynee Chellapermal, directeur du Centre de Documentation de Recherches et de Formation Indiaocéaniques (CEDREFI) - une ONG très impliquée dans la préparation de la conférence sur les petits états insulaires - cette déclaration du directeur général de l’OMC n’est que des paroles. “L’OMC reconnaît les spécificités des petits États insulaires mais cela reste au stade de discours”, dit-il. Toutefois, pour Pynee Chellapermal, il est essentiel que ces petites économies aient un traitement préférentiel car étant plus vulnérables. Les petits États insulaires, qui sont au nombre de 43, sont définis comme étant des petites îles et des petits territoires surplombant les côtes qui partagent les mêmes genres de défis concernant le développement durable eu égard à leur petite population, le manque de ressources, l’éloignement, l’exposition aux désastres naturels, la dépendance excessive sur le commerce international et la vulnérabilité à la mondialisation. “Ces spécificités donnent le droit à ces États d’avoir un traitement spécial comme la création d’un fonds pour leur restructuration économique ou l’accès à de nouvelles technologies”, déclare Pynee Chellapermal.
Pour la conférence d’août 2004, qui est en fait une réunion internationale d’examen après 10 ans du Programme d’action de la Barbabe (PAB + 10) sur le développement durable des petits États insulaires en développement, six thèmes particuliers ont été identifiés : le tourisme durable, les ressources marines et côtières, la diversité biologique, le changement climatique, l’énergie ainsi que le commerce. “Le commerce international est un aspect très important sur lequel il faudra se pencher. Avec la libéralisation du commerce prônée par l’OMC, la disparition des filets protecteurs comme l’Accord multifibre ou le Protocole sucre, notre économie deviendra particulièrement vulnérable. Les grands pays vont inonder le monde de leurs produits. Comment arriverons-nous à les concurrencer avec notre marché intérieur restreint par rapport à celui des pays isolationnistes (qui ont un marché intérieur immense, ndlr)comme la Chine ou l’Inde? Nous n’avons pas beaucoup de ressources et l’accès à l’exportation dépend d’un ou de deux produits. Nous sommes, par ailleurs, désavantagés par les facteurs d’isolation, de climat”, soutient Pynee Chellapermal.
Pour lui, la vraie question qu’il faut se poser est : quelle alternative aux négociations internationales si ces dernières se révèlent insatisfaisantes? “Il faut absolument réagir et voir comment aller vers un développement durable en ce qui concerne le commerce, les secteurs-clés de notre économie, l’environnement, le social, la culture, entre autres, sinon Maurice ainsi que les autres petits états insulaires risquent de reculer”, dit-il. Une des mesures importantes qu’il faudrait prendre est, selon lui, la mise sur pied d’un plan d’accompagnement, de réinsertion sociale pour les personnes qui ont perdu et qui vont perdre leurs emplois avec les fermetures éventuelles des usines textiles et la centralisation des usines sucrières, entre autres.