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L’essentiel et l’accessoire

Les Mauriciens ont eu droit à une cérémonie protocolaire sobre dans le cadre des célébrations marquant l’accession de Maurice, il y a de cela trente-six ans, à l’indépendance. Pas de cérémonie somptueuse donc vu la délicate situation à laquelle est confrontée l’économie du pays.

Les temps sont difficiles pour plusieurs raisons : 1. Notre incapacité à être créatifs  2. La formation professionnelle est insuffisante 3. Le gaspillage de notre temps, une commodité très rare, à des choses secondaires  4.  La marche inexorable de la globalisation libre-échangiste, sur laquelle nous avons peu de prise, caractérisée par le démantèlement des barrières tarifaires et non-tarifaires. Avec la disparition programmée de l’Accord Cotonou (à partir duquel nous bénéficions d’un système de ‘quota free’ et de ‘duty free’ pour nos exportations vers l’Europe) et l’Accord Multifibre (qui impose un système de quotas sur nos concurrents), avec des attaques répétées sur le Protocole Sucre, notre économie, protégée jusqu’ici, sera de plus en plus vulnérable et 5. L’improbable éradication de la fraude et de la corruption.
On ne peut prétendre que l’imagination, chez nous, est au pouvoir. On quitte difficilement les sentiers battus pour explorer d’autres avenues de développement. La cybercité  est présentée comme une panacée à tous nos problèmes. On ne  nous dit pas comment le pays devrait s’y prendre pour résorber le chômage vu que la plupart des sans-emploi sont peu qualifiés. La formation professionnelle est une de nos grandes faiblesses. On évoque à tout bout de champ la création des centres d’appel alors que le gouvernement n’a, par exemple, aucun projet pour la mise sur pied d’un véritable laboratoire de langues. En Inde, à Bangalore, il existe des écoles pour la neutralisation des accents. C’est dire combien les Indiens, notre principale référence dans le domaine de l’informatique, sont en avance sur nous.
D’un autre côté, nos dirigeants politiques perdent trop de temps dans des réunions ethnocastéistes. Temps qu’ils auraient pu consacrer à leurs dossiers économiques. Leur seule présence dans ces réunions sectaires contribue à la mise en relief de nos différences. Et une collection de différences ne fait pas une nation. Le slogan ‘l’unité dans la diversité’ a été perverti. Le pays est balkanisé alors qu’on aurait dû fédérer nos énergies pour tenter de conjurer les malheurs qui nous guettent. Malheurs qui  découlent notamment de la globalisation. Quand les préférences commerciales auront disparu, quand Maurice sera mise sur un pied d’égalité avec les autres pays, notre seule planche de salut, ce sera notre compétitivité. Et c’est là où le concept de productivité prend tout son sens. Le directeur-général de l’Organisation Mondiale du Commerce est venu à Maurice en tant qu’invité d’honneur aux célébrations marquant l’accession du pays à l’indépendance afin, a fait valoir le gouvernement, qu’il puisse constater de visu notre situation de petit État insulaire et compatir. Mais Supachai Panitchpakdi n’est pas un altermondialiste. Il a pour mission de libéraliser  le commerce mondial. Des syndicalistes, hostiles à sa visite, ont vu en lui plutôt un suppôt de l’impérialisme. Quoiqu’il en soit, la globalisation et la mondialisation et leurs conséquences sont à l’agenda du gouvernement. Et c’est tant mieux.
Tout le débat à Maurice devrait porter sur notre avenir économique. Et nos dirigeants politiques devraient pouvoir faire la différence entre l’essentiel et l’accessoire. Le combat contre la fraude et la corruption fait aussi partie de l’essentiel, pas cette façon éhontée de légitimer des groupuscules sectaires par exemple. Car ces deux fléaux contribuent à l’appauvrissement du pays.
darlmahnaeck@5plusltd.com

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