Allen Parson
Après leurs études secondaires, des jeunes se ruent vers l’École Hôtelière de Maurice ou d’autres institutions privées qui offrent des cours de formation dans le domaine touristique, pensant y trouver un métier de rêve. Mais certains éprouvent parfois la désillusion et préfèrent alors abandonner ce secteur pour chercher du boulot ailleurs.
Ils ont tous été formés à l’École Hôtelière de Maurice à Ebène ou dans d’autres institutions privées reconnues par l’IVTB. Ils sont : Arvind, Didier et Karine. Rencontre avec ces jeunes qui ont accepté de nous raconter leurs expériences et de nous donner les raisons pour lesquelles ils ont choisi de travailler dans d’autres secteurs après plusieurs années d’études dans le domaine touristique.
Ces jeunes avaient l’ambition de travailler dans un monde quasi magique fait de luxe, de divertissements, de rencontres avec des gens beaux et riches. Un monde où les débouchés sont multiples et où l’on peut facilement gravir les échelons. Mais une fois dans cet univers, ils se sont rendu compte que la réalité est parfois tout autre et qu’elle ne correspond pas à leurs aspirations.
“C’est très décourageant de travailler dans de telles conditions. On reçoit un salaire minime, on n’a pas de vie sociale et on voit parfois d’autres personnes sans aucune connaissance de la cuisine passer sur votre tête”, nous confie Arvind, ancien étudiant en ‘National Trade Certificate 2’ (‘Food & Beverage’). Il fait aujourd’hui des études en ‘Nursing’. Didier est, quant à lui, diplômé en ‘Hotel Management’ après avoir fait trois années d’études. Toutefois, il trouve qu’il n’y a pas réellement de ‘career prospect’ dans le domaine de l’hôtellerie à Maurice. “De plus, je vais devoir commencer complètement au bas de l’échelle malgré ma bonne formation et l’expérience que j’ai acquise à travers des stages dans des hôtels”, dit-il. Didier travaille actuellement à la compagnie ‘International Distillery’ comme superviseur, un poste où il se sent bien.
Karine est, pour sa part, diplômée en ‘Tourism Management’ mais, faute d’expérience dans le monde du travail, elle se retrouve comme stagiaire dans une entreprise de communication. “Je trouve que c’est exaspérant qu’on ne m’accepte pas là où j’aurais dû être, car j’ai investi beaucoup d’argent et de temps dans mes études”. Allen, également diplômée en ‘Tourism Management’, nous fait part des difficultés à trouver de l’emploi dans le tourisme:” Je recherche un emploi dans le tourisme, mais personne ne veut de moi. Partout, on embauche des personnes avec 2 à 3 ans d’expérience, mais ceux qui viennent de terminer leurs études, que vont- ils faire?” Une autre interlocutrice, ancienne guide touristique qui a préfèré garder l’anonymat, nous raconte qu’elle a abandonné ce métier car elle n’avait plus de vie sociale: “Je devais travailler tous les jours, même les jours fériés, et mon employeur ne me payait pas pour les heures supplémentaires. Maintenant que je suis mariée, j’ai dû me retirer pour travailler dans une compagine d’assurances”.
“ C’est vrai que c’est un secteur très ‘demanding’ et exigeant; soit on l’aime, soit on ne l’aime pas, on ne peut pas faire semblant”, déclare Harmon Chellen, directeur de l’Ecole Hotêlière de Maurice. Pour lui, ces jeunes vont dans d’autres secteurs qui leur offrent une meilleure sécurité d’emploi. Néanmoins, il reste persuadé que le secteur touristique est un secteur d’avenir. “C’est la politique de l’emploi”, dit-il, faisant allusion à ceux qui ont des difficultés à obtenir de l’emploi faute d’expérience.
Bien que le secteur touristique soit un générateur d’emplois, que se passera-il à l’avenir si beaucoup le délaissent pour aller voir ailleurs?
Sadrina Duval