Arvin Boolell
Le Whip de l’Opposition, Arvin Boolell, annonce qu’il accueille la rentrée parlementaire afin d’avoir des réponses à de multiples questions que se pose la population, mais il est d’avis qu’au niveau des projets de loi, la Muslim Personnal Law (MPL) n’est pas une priorité.
Q : Comment se présente la rentrée parlementaire pour l’Opposition ?
R : On a passé en revue la situation politique avec le leader Navin Ramgoolam et on a vu qui on va cibler. Finalement, on a l’embarras du choix, vu que tous les ministres sont vulnérables. Deuxièmement, l’équipe qui prépare les Private Notice Questions (PNQ) a identifié cinq sujets qui dominent l’actualité.
Q : Quels sont-ils ?
R : Je ne le dis pas par ordre de priorité, car la situation évolue vite. D’abord, il y a l’exercice de réévaluation pour la gestion du site de Mare Chicose, l’octroi de permis pour l’irrigation, les ‘land for the boys’, que ce soit à Flic-en-Flac ou à Agaléga, le licenciement massif dans le secteur de la zone franche, les pertes nettes d’emplois et la fraude et la corruption. Il y a absence de bonne gouvernance de la part du MSM/MMM, avec l’affaire MCB/NPF. Nous mettrons la pression pour que l’exécutif dépose sur la table de l’Assemblée nationale le rapport Niketan, commandité par la Banque de Maurice au coût de Rs 60 millions. Sans oublier la MBC - qui, pour reprendre les propos de son ancien président, est totalement à la botte du gouvernement - ainsi que les licenciements non-justifiés.
Q : Ce chapelet de manquements aurait pu être celui du Parti travailliste quand ce parti était aux affaires, ne trouvez-vous pas ?
R : Pas du tout. Le Parti Travailliste a oeuvré pour la population, quoi qu’en puissent dire nos adversaires. Par contre, les membres de l’alliance MSM/MMM avaient fait des promesses électorales en l’an 2000. Ils avaient dit qu’ils allaient combattre la fraude et la corruption, la politique des petits copains, le chômage. Que constatons-nous ? Ce gouvernement souffre d’un ‘denial syndrome’. Nous sommes dans une situation sociale explosive. Vous dites que le PTr aurait agi de la même manière; je ne le crois pas, car nous n’aurions jamais permis une augmentation du prix du pain. Un autre exemple: actuellement, il y a plus de cent vingt-cinq conseillers et le gouvernement veut créer d’autres postes de conseillers et spéciaux pour caser des ambassadeurs qui rentrent au pays. Je trouve révoltante aussi l’idée de faire venir des dizaines de limousines pour le sommet des Small Islands States (SIDS), en août prochain, dont les discussions tourneront autour des petites économies. Au lieu de projeter l’image de Maurice comme étant une petite économie, on fait le contraire alors que nous ne vivons pas dans l’opulence et que le gouvernement admet un manque à gagner de Rs 180 millions. Pourquoi ne pas avoir loué des véhicules de classe ? Et ce même gouvernement parle de se serrer la ceinture !
Q : Quelle sera la stratégie de l’Opposition à l’Assemblée nationale ?
R : Nous serons très agressifs et nous comptons venir avec une motion de ‘disallowance’. On considère que le gouvernement aurait pu trouver un moyen pour augmenter les subsides sur la farine qui est une denrée alimentaire de base. Quand le dollar baisse par rapport à la roupie, le gouvernement avance que le taux du fret augmente. La State Trading Corporation (STC) fait d’énormes profits avec la vente directe du ‘heavy oil’ aux compagnies aériennes.
Q : Les premières questions de l’Opposition cibleront quels ministères en particulier ?
R : Elles concerneront les Affaires étrangères, l’Environnement, l’Éducation, l’Emploi, l’Industrie et le Bureau du Premier ministre, bien sûr, sur les brutalités policières et l’octroi de terres à Agaléga.
Q : Le PTr critique les investissements massifs faits dans des méga-projets comme la cybertour. Pourquoi ?
R : Pourquoi ne pas avoir privilégié le concept Build Operate and Transfer (BOT), soit le projet de concession, pour la construction des écoles, comme le PTr l’avait fait avec le projet de Belle Vue? La rénovation du Bureau du Premier ministre était-elle d’une si grande urgence ? On ne peut s’offrir une Rolls Royce quand on n’a pas les moyens de la maintenir techniquement. On a de l’eau au Midlands Dam, mais pas dans les champs des planteurs. Le gouvernement aurait dû revoir les mesures incitatives pour dynamiser l’investissement dans le secteur privé et on doit songer à l’internationalisation de notre secteur privé à travers des instruments de l’étranger pour avoir le savoir-faire, le capital et la démocratisation de notre économie. Le gouvernement n’a pas une politique claire en ce qu’il s’agit de la National Development Trade Policy.
Q : Le PTr est-il en train de créer un momentum à partir de l’Assemblée nationale en vue du meeting du 1er Mai ?
R : Le PTr est sur le terrain en permanence et, comme c’est la guerre ouverte entre les deux partenaires du gouvernement, le ver étant dans le fruit, on demandera, le 1er Mai, qu’il y ait des élections anticipées. La population veut ces élections.
Q : Pour des projets de loi importants comme la Proportionnelle, peut-on s’attendre à un consensus sur la question entre le gouvernement et l’Opposition ?
R : Si le gouvernement voulait dégager des solutions à travers un consensus, on aurait pu le faire concernant le Comité parlementaire. Même Ivan Collendavelloo, Françoise Labelle et Megduth Chumroo ont reconnu qu’il y a un deadlock sur ce sujet avec, pour conséquence aujourd’hui, que le fossé entre le MMM et le MSM s’agrandit. La Proportionnelle ne peut se discuter comme ça, il y a des ‘related issues’ qui y sont attachées, comme le financement des partis politiques, les pouvoirs du Commissaire électoral, la place de la femme, les ‘Electoral Boundaries’. Je vous rappelle que quand le Parti Travailliste avait dit son intention d’organiser une table ronde avec tous les partis politiques, dans un souci de transparence, malheureusement, ‘they turned their back’. Le problème ne se trouve pas du côté du PTr, mais entre le MSM et le MMM. Lundi dernier, Pravind Jugnauth a prononcé un discours et a donné l’impression qu’il n’agissait que dans l’intérêt de son parti, sans dire que la femme n’était pas adéquatement représentée au Parlement. Son discours allait à l’encontre de ce que le PM a dit. N’oubliez pas que l’ancien PM avait dit qu’il n’épousait pas l’idée d’une réforme électorale après l’expérience rodriguaise. La balle est dans le camp du gouvernement; c’est à lui de nous dire s’il compte étudier les ‘related issues’ que j’ai énumérées.
Q : Que pensez-vous de la Muslim Personal Law ?
R : Nous sommes dans un État laïque, une société multi-culturelle; la population est concernée par les fléaux sociaux, la fraude et la corruption. Le constat est que la priorité n’est pas la MPL mais bien de trouver le moyen de combattre le chômage et la pauvreté.