Arvin Boolell, député de l’Opposition, discutant avec le père du jeune Manish Khedaroo (l’enfant au milieu sur la photo)
Un rapport soumis au Conseil des ministres, vendredi dernier, indique, selon un communiqué du Cabinet, que l’usine Alcodis a enfreint, dans une certaine mesure, les conditions de l’Environment Impact Assessment (EIA) Licence’.
Premièrement, selon le rapport, l’usine a commencé ses opérations le 26 janvier 2004 sans en informer le directeur du ministère de l’Environnement. Cette entreprise du groupe Roland Maurel s’est spécialisée dans la production de l’éthanol (un alcool d’orgine végétale qui, dans ce cas, provient de la mélasse, ndlr). Autre fait noté dans le rapport, Alcodis est passé de l’utilisation du charbon, comme prévu dans son EIA Licence, à celle d’huile lourde (la teneur en soufre de ce produit est plus élevée que dans le charbon), sans en avertir le ministère de l’Environnement. D’ailleurs, la cause des irritations et des vomissements notés chez les dix-sept enfants intoxiqués proviendrait, selon le ministre Bhagwan, de l’inhalation de produits organiques et volatiles (dioxide de soufre et dioxide d’azote) dégagés par la cheminée de l’usine au cours du processus de combustion. Pour remédier à cela, le rapport demande que la cheminée de l’usine soit haussée à 30 mètres.
De plus, la ‘desulphurization unit’ a été enlevée et le ‘treatment plant’ de la vinasse n’a pas encore été mis sur pied, comme prévu dans le projet soumis au ministère. Le rapport recommande la réinstallation de cette unité. Par ailleurs, l’usine doit se débarrasser de la vinasse dans un délai de douze heures. Ces recommandations ont été approuvées par le Cabinet ministériel. “Suite à ces manquements, nous avons envoyé une lettre très sévère au promoteur de l’usine pour l’en avertir. Il doit remédier à tout cela très rapidement”, déclare Rajesh Bhagwan, ministre de l’Environnement. Et d’ajouter : “Face au problème sonore, Alcodis doit mettre en place un système de ‘noise insulators”.
Pour appliquer toutes ces mesures, le gouvernement, après avoir émis une ‘Prohibition Notice’ le mardi 2 mars dernier, a donné son accord pour que des essais soient effectués durant le week-end courant, hors des heures de classe. “Ensuite, quand tout sera mis en place correctement, nous allons faire un audit. Si les mesures recommandées ont été appliquées, nous enlèverons la ‘Prohibition Notice”, soutient le ministre de l’Environnement. Il annonce également que, très prochainement, il compte proposer que toutes les usines soient dotées d’un ingénieur de l’Environnement :“Cet ingénieur aura pour tâche d’étudier les conséquences des émissions de gaz et autres produits de l’usine dans la nature”.
Ces décisions émises par le Cabinet ministériel surviennent après un troisième cas d’intoxication à l’école Rose-Belle North en cinq mois. Il était environ 11h38, selon le directeur de l’Environnement, Raj Prayag - qui enquêtait avec son équipe mardi dernier sur la provenance de ce gaz toxique qui a affecté neuf élèves le jeudi 26 février dernier - quand certains enfants et enseignants des classes de l’aile gauche du bâtiment ont commencé à ressentir des malaises. “Nous étions sur place, nous avons vu qu’il y avait une odeur bizarre, les enfants du bâtiment de l’aile gauche ont commencé à ressentir des malaises”, dit-il en présence des parents en colère ce jour-là. Manish Khedaroo, élève du ‘Certificate of Primary Education’ (CPE), explique qu’en inhalant ce gaz toxique, il a eu des douleurs insupportables à la tête; ses narines brûlaient et il avait des nausées. “Ils étaient insupportables, ces malaises. C’était la première fois que je ressentais ces symptômes”, dit-il.
Dans le premier cas d’intoxication à Rose-Belle, des symptômes semblables à ceux des cas suivants avaient été notés chez les élèves qui avaient été intoxiqués. Après enquête, le ministre de l’Éducation, Steven Obeegadoo, avait déclaré que c’était un pesticide répandu par un employé (il a été licencié après les faits) dans un potager au sein de l’établissement scolaire qui en était la cause. Les directeurs d’Alcodis, à cette époque (en octobre 2003), s’étaient dégagés de toute responsabilité en arguant que leur usine n’était pas en opération au moment où les enfants étaient tombés malades. En ce qu’il s’agit du deuxième cas, la cause avait été attribuée au gaz émanant des déchets brûlés dans la cour de l’école. L’usine avait fonctionné dans la soirée ce jour-là. Pour montrer leurs inquiétudes et leur colère face à ce problème qui devient récurrent à l’école Rose-Belle North, des parents d’élèves de la région organisent une manifestation pacifique aujourd’hui devant l’usine Alcodis. Il est à noter que les cours reprendront normalement dans cet établissement scolaire demain, lundi 8 mars. Le ministre de l’Éducation rencontrera les enseignants de cette école cette semaine :“Nous allons discuter pour voir s’il est possible de remplacer les cours manqués en demandant aux instituteurs de travailler pendant la première semaine de vacances du premier semestre”.