Après avoir déclaré que sa statuette de la Vierge Noire ‘pleure’, Poornima Ramphul avance que les plaies de Jésus crucifié ‘saignent’
Mercredi dernier, Poornima Ramphul, la propriétaire de la statuette de la Vierge Noire qui ‘pleure’, a remarqué que les plaies de Jésus sur son crucifix représenté par une statuette ‘saignent’. Une enquête a été initiée par l’Évêché sur ces ‘miracles’, au même moment que les débats vont bon train autour du film ‘La Passion du Christ’ de Mel Gibson.
De Ste-Croix à Mare D’Australia en passant par Curepipe, les gens affluent des quatre coins de l’île pour venir constater de visu les ‘miracles’ et prier la Vierge Noire qui ‘pleure’ et les plaies de Jésus crucifié, représenté par une statuette, qui ‘saignent’. “J’ai entendu cette nouvelle à la radio. En sortant de l’exposition du saint-sacrement à l’église Saint-Jacques, à Souillac, je suis venue constater ce phénomène de mon propre chef. C’est un vrai miracle ce qui se passe chez cette femme”, déclare Catherine, une habitante de Rose-Hill. Si ce n’est pas la foi qui les guide, c’est la curiosité qui attire les visiteurs à Chemin Sookah, Surinam, où habite Poornima Ramphul. “J’ai tenu à venir voir ce phénomène, mais, je n’ai pas vu la Vierge Noire ‘pleurer’, non plus les plaies du Christ sur la croix ‘saigner’. Toutefois, je crois aux miracles mais dans ce cas présent, je n’ai rien vu; donc, je ne peux rien affirmer”, dit Raymond, un policier.
Il était 6h30, mercredi dernier quand Poornima Ramphul aurait remarqué des gouttelettes de sang sur les plaies de Jésus sur le crucifix : “Il y en avait également sur le marbre dans la grotte. J’ai ressenti une grande frayeur en voyant cela. Je suis entrée en transe”. Elle affirme qu’à ce moment-là et pendant quatre heures, elle a vu Jésus qui transportait sa croix :“Je lui ai demandé de me laisser apporter cette croix; elle était tellement lourde que je ne pouvais plus la soutenir. Je criais et hurlais. Le prêtre de la paroisse, le père Tadeusz Lewicki, a du faire une prière sur moi, après quoi je me suis sentie rétablie”. Poornima Ramphul, mère de deux enfants et femme au foyer, dit également qu’elle parle quotidiennement à la Vierge Marie: “Chaque matin, j’ai rendez-vous avec elle”. Interrogée quant à la teneur de leur conversation, elle nous répond : “Je ne peux pas vous dire davantage. D’ailleurs, je n’aurais jamais dû vous donner cette information”.
Si Poornima Ramphul donne l’impression qu’elle est une Bernadette Soubirous (au 19ème siècle, cette bergère avait des visions régulières de la Vierge Marie) des temps modernes, certains habitants de sa localité demeurent sceptiques quant aux ‘visions’ qu’elle a et aux ‘miracles’ qui surviennent chez elle. D’autres n’hésitent pas à l’accuser d’user de supercherie pour faire croire à ces ‘phénomènes’. “L’Évêché doit prouver si ces faits sont réels”, dit Josique. Et Pravind, 15 ans, de poursuivre : “Je ne crois que ce soit vrai”. Poornima dément ces accusations : “En tant qu’hindoue, je prie les dieux et pour ce faire, je fais la méditation à la mer. C’est -à-dire que je vais prier en entrant dans l’eau jusqu’à me couvrir complètement. Les gens croient alors que je pratique la sorcellerie”.
Contrairement à ce qu’elle avait déclaré dans notre édition en date du 29 février dernier, Poornima Ramphul s’est ravisée concernant son choix de se faire baptiser avant la fin du carême catholique. Elle confie que sa décision de ne plus vouloir se faire baptiser, elle l’a prise après avoir eu des ‘reproches’ des membres de sa famille et d’un groupe religieux : “J’ai eu beaucoup de reproches des membres de ma famille. Un groupe religieux m’a même téléphoné pour me demander de faire très attention aux déclarations que je fais à la presse”.
À l’évêché une enquête a été initiée. “Nous avons ouvert une enquête. L’église prend beaucoup de temps pour enquêter sur ce genre d’histoire. Il ne faut pas faire de grande publicité autour de cette affaire”. Et le curé de la paroisse de Souillac, Tadeusz Lewicki d’ajouter : “Il y a trop d’événements qui surviennent chez cette famille. Il faut faire des analyses”. Toutefois, selon un scientifique de l’université, des analyses dans ce genre de cas ne sont pas faites : “Nous vérifions pour voir s’il n’y pas d’arnaque, mais nous ne prenons pas l’objet, non plus le liquide qui s’écoule pour les analyser. Nous ne le faisons pas pour ne pas heurter certaines susceptibilités”.
Myriam Timol, psychiatre : “Attention à une hallucination collective”
Pour Myriam Timol, l’être humain a tendance à être attiré par tout ce qui relève de la fantaisie : “Nous savons très bien qu’une statuette ne peut suinter. Cet engouement autour des ‘miracles’ fait partie de la nature humaine. Nous aimons tout ce qui est fantastique. C’est quelque part une évasion, un refus d’accepter la réalité. Très souvent, ce genre de passion pour ces phénomènes s’explique par la faiblesse ressentie par l’être humain; celui-ci se réfugie alors dans la religion. Dans un état d’émotion intense, il peut se produire une hallucination collective où tout le monde peut témoigner qu’il a eu la même vision. Il faut faire attention”.
Le Pandit Narain Dabeedass : “Les miracles n’existent pas”
Commentant les ‘miracles’ qui se produisent chez la famille Ramphul dans le Sud de l’île, le Pandit Narain Dabeedass de Rose-Belle est d’avis que ces ‘phénomènes’ n’existent pas. “La croyance et l’amour sont les deux seules vérités. Les miracles n’existent pas, surtout en période de ‘Kaliyug’ (moment où Krishna quitte la terre, ndlr). Il faut faire bien attention à l’arnaque derrière cette histoire”.