Père et fille ont parlé de leurs passions respectives.
D’un côté, la littérature. De l’autre, la génétique. Deux univers opposés qui arrivent toutefois à cohabiter. C’est ce qui ressort de la conférence de la romancière Tatiana de Rosnay et de son scientifique de père, Joël de Rosnay, qui a eu lieu jeudi à l’Auditorium Octave Wiéhé, à Réduit.
Tout le monde est attentif. Le Premier ministre Navin Ramgoolam, les chercheurs présents, les fans, venus avec leur livre pour une éventuelle dédicace. Car ce n’est pas tous les jours qu’une romancière et son père, chercheur scientifique, viennent parler d’un tel sujet : la greffe du coeur. L’écrivaine Tatiana de Rosnay, qui vient de rééditer son livre Le cœur d’une autre, et son père Joël de Rosnay, qui a, entre autres instigué le projet île Maurice Durable, ont en effet tenu une conférence jeudi à l’Auditorium Octave Wiéhé, à Réduit, intitulé «Père et fille : cœur à cœur».
Deux univers différents qui pourraient susciter des débats passionnés et enflammés. Mais entre le père et la fille, c’est l’entente totale. La première se lance en parlant de son livre : l’histoire d’un homme greffé avec le cœur d’une femme et qui va découvrir, après l’intervention, qu’il a peut-être également hérité de la sensibilité de la donneuse… La passion de la fille est alors rejointe par l’enthousiasme du père qui adore lire ses ouvrages (notamment Elle s’appelait Sarah, porté à l’écran avec succès récemment).
Il précise toutefois qu’il a dit à sa fille que «ce genre d’histoire n’est pas possible», avant de nous livrer peu après les clés de l’épi génétique – qui a trait également avec le genre de manifestations décrites dans le roman de Tatiana –, qui est pour lui, «la symphonie pour les notes de musique que sont l’ADN». Il nous propose cinq pistes à suivre pour pouvoir profiter de cette sorte d’évolution biologique de notre organisme, qui pourrait nous faire vivre plus longtemps et mieux : bien manger, faire du sport, bien gérer son stress, avoir de bonnes relations familiales, sociales et professionnelles, et prendre du plaisir dans ce qu’on fait.
Et quand Joël de Rosnay est lancé, cela va très loin dans la science, et même parfois dans la science-fiction : le scientifique évoque, entre autres, un pied cybernétique bien réel, et un futur où l’on pourra créer des produits vivants avec des produits inertes, ou même la restructuration complète d’un organe du corps.
Mais Tatiana de Rosnay n’est pas oubliée : son père lui passe souvent la parole afin qu’elle puisse aborder d’autres questions profondes comme la réincarnation ou encore parler du livre autobiographique de l’actrice française Charlotte Valandrey, De cœur inconnu, qui a des similitudes troublantes avec Le cœur d’une autre.
L’entente et la complicité entre le père et la fille sont palpables. Les deux se renvoient souvent la balle et les questions. La fille conseille même au père de faire des recherches sur les relations entre les pays qui produisent du sucre et leur population de diabétiques, en prenant pour exemple l’île Maurice. Pour finir, ils lancent un scoop : «Chut ! Mais nous voulons travailler sur un livre ensemble. Moi, je voudrais faire un techno-thriller, avec des intrigues politiques et un peu scientifiques aussi», avoue Joël de Rosnay. Comme une confirmation que les faits de la science et la fiction du roman peuvent très bien co-exister en harmonie dans une même famille.