“Pour un sport sain et propre, tous contre le dopage, l’argent ne doit pas envahir le monde sportif”. Voilà les slogans qui font le tour des différents stades du monde et d’autres lieux sportifs. Les spécialistes et autres observateurs n’arrêtent pas de se gargariser de ces termes à chaque fois qu’ils en ont l’occasion, que ce soit dans les conférences, dans les journaux et magazines et sur les ondes de la radio et de la télévision.
Ils ne manquent jamais l’occasion de fustiger tous ceux qui tentent, par des moyens incroyables, de corrompre le milieu sportif. Ils clouent aisément au pilori ces pauvres athlètes qui se laissent aller et qui utilisent toutes sortes de subterfuges pour déjouer les plans des médecins du sport. Une fois pris dans les mailles du filet, le sportif se voit isolé et abandonné et lourdement sanctionné; il ne pourra jamais reconquérir ce monde fascinant. Il ne jouira plus de la même confiance et, de ce fait, il n’affichera plus le moral voulu et sombrera lentement mais sûrement dans la déprime et le découragement.
C’est qu’affirme d’ailleurs l’entourage de Marco Pantani, décédé la semaine dernière, ou, si vous voulez, retrouvé mort dans une chambre d’hôtel. L’ancien coureur cycliste italien, auteur du doublé Tour de France-Giro en 1998, âgé seulement de 34 ans, avait tout pour réussir. Mais montré du doigt pour une affaire de dopage, il n’a jamais pu relever la tête et, accablé par ses pairs, par les médias, les sponsors et les organisateurs, il n’a eu d’autre choix que de créer un vide autour de lui. On s’interroge encore au sujet de cette soudaine disparition et les parents de l’ex-champion surnommé ‘le Pirate’ n’y sont pas allés de main morte. Ils fustigent la presse qu’ils jugent responsable de cet acte fatal. Suicide, meurtre ou mort naturelle : les analyses se font attendre même si certains ont déjà écarté la thèse du suicide en dépit du nombre de tranquillisants et autres injections retrouvés auprès du corps de l’ancien coureur.
Si les experts se demènent pour élucider au plus vite cette affaire, le décès de Marco Pantani nous interpelle certainement. On se rend compte aujourd’hui de la dure loi de la jungle qui prime encore et toujours dans le milieu sportif. Le plus fort survivra mais, à quel prix ? Nul ne le sait. Du moment où le sportif concerné s’embarque dans cette belle aventure qu’est la pratique d’un sport, il ne songe qu’aux honneurs et aux exploits. C’est graduellement qu’il est appelé à gonfler ses muscles dans des circonstances mystérieuses et c’est alors qu’il devient vite un habitué des produits dopants. Dès lors, il ne peut plus s’en passer et, pris dans l’euphorie de la réussite, il devient un jouet par excellence entre les mains des corrupteurs et autres manipulateurs. Ces derniers font ainsi fortune en poussant le champion désigné en première ligne et se retirant tranquillement sur la pointe des pieds quant l’athlète est déclaré positif à l’heure des tests antidopage. Ce dernier se retrouve ainsi sans issue et, ne bénéficiant d’aucun support, il touche inévitablement le fond et, très souvent, c’est la fatalité comme on le suppose dans le cas de Pantani.
C’est le prix à payer pour tous ceux qui ne respectent pas les codes d’éthique et de conduite. Combien de ceux qui ont charmé leur public, en portant avec brio les couleurs de leur pays, sont vite tombés dans l’anonymat et ne peuvent plus fréquenter les stades ou sont en train de purger de lourdes peines ? Les exemples sont trop nombreux et il serait bon que nos jeunes sportifs en prennent conscience s’ils veulent évoluer dans un environnement sain et en toute quiétude.