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L’aveu

Le gouvernement pèche par un déficit de clarté au sujet de la comptabilisation des points obtenus en langues orientales aux examens du Cpe.

La question est de savoir si oui ou non un élève qui prendrait une langue orientale comme sujet d’étude sera avantagé par rapport à un autre qui n’étudierait pas cette langue. Suren Bissoondoyal, un des conseillers au ministère de l’Éducation, répond par l’affirmative dans l’édition de 5-Plus en date du 15 février dernier. Il dit : “L’élève qui fait une langue orientale a un avantage au niveau de l’‘aggregate’”. Et de poursuivre : “ Pour ce qui est des ‘aggregate’, on peut prendre les ‘grades’ (A, B, C, D, et E) des quatre meilleurs sujets, plus une langue orientale si le cinquième sujet est moins bon en termes de ‘grading’ que la langue orientale. À titre d’exemple, si l’élève a obtenu un B en anglais et un A en langue orientale, c’est le A en langue orientale qui va compter pour l’’aggregate’…L’élève qui fait une langue orientale a un avantage au niveau de l’’aggregate’ et l’enfant qui au lieu d’avoir 24 points avec 4A et un B en anglais est repêché par le A obtenu en langue orientale et cela lui permet d’avoir 25 points. Cet élève aura une meilleure école (c’est nous qui soulignons) par rapport à l’enfant qui ne fait pas de langue orientale et qui aura obtenu 4A et un B qui lui donnent 24 points”. Il n’y a eu à ce jour, aucune mise au point de la part de Suren Bissoondoyal. En outre, un élève qui prendrait six sujets - autrement dit trois sujets principaux plus trois sujets optionnels dont une langue orientale - pourra être repêché par la langue orientale au cas où il échouerait dans une matière optionnelle : ce qui ne sera pas le cas pour un élève qui ne prendrait que cinq sujets, autrement dit sans une langue orientale. Il faut réussir cinq sujets pour être reçu au CPE. L’explication est limpide. Il est vrai aussi que si un élève échoue dans une matière principale, il ne pourra en aucun cas être repêché par une langue orientale : des contre-vérités ont été proférées, à cet égard. C’est le ministre Steven Obeegadoo qui aurait dû faire cet exercice de clarification au lieu d’avoir recours à des circonlocutions. Il semble que le ministre est gêné aux entournures sur ce dossier. Dans une interview qu’il nous a accordée en page 5, Steven Obeegadoo tente un début d’explication : “ Si le fait de faire une langue orientale est un avantage, cet avantage est neutralisé par l’élève qui a moins à apprendre avec cinq matières”. Il reconnaît implicitement que l’étude d’une langue orientale au CPE confère un avantage. C’est un aveu. Il y a peut-être du vrai dans l’argument que cet avantage “ sera neutralisé par l’élève qui a moins à apprendre avec cinq matières” . Mais cela a tout l’air d’être, quand même, un sophisme.
Si l’étude d’une langue orientale peut permettre à un élève d’obtenir une meilleure école – le terme ‘meilleure école’ semble incongru après tout ce que le ministre Obeegadoo nous a dit sur l’élimination de la compétition au CPE – le ministre, après avoir joué la transparence, aurait pu demander à tout le monde d’étudier une langue orientale. Il se serait heurté à une farouche résistance de bon nombre de nos compatriotes comme c’est le cas actuellement; pourtant, on a bien fait comprendre que les langues orientales, en tant que langues de communication, doivent être dissociées de la religion. On devrait les apprendre comme on apprendrait l’italien par exemple. La Fédération des Associations des Parents/Élèves des Écoles Catholiques comptent contester la comptabilisation des points en langues orientales en cour suprême. Le ministre, à notre sens, aurait dû depuis longtemps, et à tête reposée, trouver une porte de sortie pour tous ceux qui, davantage par émotion que par autre chose, s’inscrivent en faux contre la comptabilisation des points en langues orientales. Il aurait pu alors jouer la transparence sans problème : car il n’est jamais agréable d’être démasqué comme il l’a été par les associations catholiques qui gravitent autour de l’Église. Suren Bissoondoyal est devenu pour celles-ci un allié objectif précieux. Par exemple, lors de sa rencontre avec le Premier ministre, jeudi après-midi, la FAPEC s’est prévalue de la déclaration de Suren Bissoondoyal pour étayer ses thèses. Maintenant, c’est en catastrophe que le gouvernement cherche une porte de sortie pour les anti-langues orientales. Ce sera la langue créole comme médium d’enseignement dans un premier temps et ensuite comme sujet d’étude dont les points seront comptabilisés. Paul Bérenger à Pailles vendredi a soutenu cette option qui, tout le laisse croire, va être un autre sujet de discorde entre le MSM et le MMM.
Gouverner, c’est prévoir. Il est difficile de penser que le gouvernement – à moins qu’il ne souffre d’autisme – n’ait pas anticipé cette cristallisation des mécontentements contre les langues orientales. Pourquoi, alors, n’a-t-il pas su gérer ce dossier convenablement?
Les langues orientales et la langue créole ont investi le champ politique et, plus grave encore, le champ de l’émotion. Si le Premier ministre a fait le choix de la langue créole pour compenser ceux qui seraient pénalisés par la comptabilisation des points en langues orientales, c’est moins pour des raisons pédagogiques que parce qu’il a déjà les yeux rivés sur l’échéance de 2005.
Il semble oublier que c’est la tentative de ‘créoliser’ la MBC et l’hymne national en 1982 qui a contribué à la cassure que l’on sait.
Sur la question des langues, le gouvernement n’est pas au bout de ses peines.
darlmahnaeck@5plusltd.com

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