Mootee Ramdass
Si au niveau du Mauritius Museum Council (MMC), on affirme que tout a été fait selon les procédures, comment se fait-il que la subvention gouvernementale pour des recherches archéologiques sur l’épave du ‘Sirius’ a été offerte à une institution dans laquelle sont membres des personnes siégeant elles-mêmes sur le MMC? Y a-t-il eu conflit d’intérêt ?
Le ministre des Arts et de la Culture, Motee Ramdass, a promis qu’une enquête sera instituée pour déterminer “s’il y a eu conflit d’intérêts et de rappeler à l’ordre ceux trouvés coupables s’il y a eu manquement administratif”. Il nous a également précisé que le Mauritius Museum Council tombe effectivement sous son ministère, mais que le ‘day to day management’ tombe sous la responsabilité du conseil d’administration du MMC.
Le conseil du MMC comprend, outre le président Cader Kalla, MM. Yann Von Arnim et Philippe La Hausse de Lalouvière. Or, Yann Von Arnim est le président de la Mauritius Marine Conservation Society (MMCS) alors que Philippe La Hausse de Lalouvière en est le conseiller scientifique. La MMCS est - selon une correspondance de Yann Von Arnim en date du 5 avril 2003 adressée au président du National Heritage Trust Fund, qui n’est autre que M. La hausse de Lalouvière - l’organisme, avec le Mauritius Museum Board, responsable d’une campagne archéologique sur le ‘Sirius’. Le but est d’effectuer des recherches sur l’épave du Sirius, de ramener à la surface des pièces archéologiques et historiques qui appartienennet au patrimoine de Maurice et selon Yann Von Arnim “à long terme, il est envisagé de transformer l’épave du ‘Sirius’ en un musée sous-marin”. Le coût des recherches s’élèvent, toujours selon une correspondance de Yann Von Arnim à M. La Hausse de Lalouvière, à Rs 1 750 000 “a sum of Rs 808 000 mainly in kind and partly in cash has already been allocated to this project”. Le président de la MMSC admet que le montant disponible est “sufficient to initiate this project, however it is not sufficient for a 14-month campaign”.
Appréhensions des universitaires
La MMCS a bien commencé ses travaux sur le ‘Sirius’. La preuve, cette institution a soumis une liste de ses dépenses pour les travaux effectués, de même qu’une autre contenant les artéfacts découverts lors des fouilles sous-marines. Toutefois, ces recherches ont été faites sans la présence d’un archéologue sous-marin professionnel, mais en présence d’officiers de la Police Diving Unit. “Toutes les descentes sous l’eau vers l’épave ont été faites sous la stricte supervision de la Police Diving Unit et les pièces retrouvées comptabilisées et acheminées vers nos services ou vers la demeure de M. Von Arnim pour être traitées, car à notre niveau, on n’a pas les moyens techniques poussés pour préserver ces pièces alors que le Conservateur du musée effectue des descentes régulières pour voir où en sont les choses qui sont traitées chez M. Von Arnim ”, nous déclare Cader Kalla, président du Mauritius Museum Council. Il avance également que, selon lui, il n’y a pas eu de conflit d’intérêts, “car au moment des discussions pour l’allocation des subventions de l’État pour le projet du ‘Sirius’, MM. Von Arnim et La Hausse de Lalouvière se sont retirés”. Cader Kalla dit également que, Maurice étant un petit pays, “les compétences, on les retrouve au sein de différents comités”.
Nous n’avons pu avoir Yann Von Arnim pour une déclaration, même si nous lui avons laissé un message jeudi dernier en sa résidence. Quant à Philippe Lahausse de Lalouvière, il nous a répondu qu’il n’est pas concerné par l’allocation du contrat à la MMCS, ne siégeant pas au conseil d’administration. Mais, selon Cader Kalla, il siège bien au conseil d’administration du MMC.
Qu’en est-il des artéfacts (ndlr : selon le Petit Robert : phénomène d’origine artificielle ou accidentelle rencontré au cours d’une observation ou expérience ou recherches) qui sont officiellement déclarés et dont la seule présence des officiers de la Police Diving Unit et l’absence de professionnels en archéologie marine ne pourrait avoir un parfait contrôle sur ces objets ? À cette question, Cader Kalla est formel : “Tout est contrôlé et répertorié”.
Qu’en est-il des appréhensions de trois universitaires historiens quant à l’avenir des artéfacts d’une valeur inestimable ? “Ces universitaires auraient dû venir dire leurs appréhensions au sein du conseil d’administration du Mauritius Museum Council et non les envoyer par courrier”, répond le président du MMC.