C’est certainement avec un pincement au coeur que les joueurs du Club M ont assisté, ces deux dernières semaines, au déroulement de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN 2004) qui s’est achevée hier soir dans une ambiance de fête logique au stade de Rades. Surtout quand ils ont vu à l’oeuvre l’équipe d’Afrique du Sud qu’ils avaient récemment dominé à l’issue d’un match comptant pour la COSAFA Cup.
Durant deux semaines, on nous a servis un plat rarissime qui nous a permis de constater la belle santé du football africain ou, si vous voulez, de ses individualités. Ils sont nombreux à avoir fait forte impression au sein de leurs clubs en Europe et ailleurs, mais sous le maillot national on peut parler d’un bilan mi-figue, mi-raisin.
Les Sénégalais d’abord. Ces derniers, sublimes lors du Mondial 2002 et excellents lors de la dernière édition de la CAN disputée au Mali, n’ont été que l’ombre d’eux-mêmes. Ils ont débuté lentement pour ensuite sombrer peu à peu. À l’image d’El Hadji Diouf, c’est toute l’équipe qui a été incapable de produire un jeu collectif marqué par la solidarité démontrée lors des derniers grands rendez-vous. Avec les éléments-clés éparpillés un peu partout à travers les pays européens, ils ont tablé beaucoup plus sur un jeu individuel, ce qui fait qu’ils ont rencontré de multiples difficultés pour trouver une bonne cohésion. Voilà pourquoi les Lions de la Téranga sont restés sur leur faim lors de cette CAN 2004.
L’Égypte, qui se montre généralement à la hauteur, est passée cette fois à côté de son sujet. Les Pharaons se sont souvent emmêlés les crayons et n’ont jamais démontré cette force de caractère quand il le fallait et ont quitté la compétition sans gloire, tout comme le Cameroun qui visait une troisième couronne mais qui est tombé devant son adversaire de toujours, le Nigeria. Les Lions Indomptables ont souffert du même mal que les Sénegalais, c’est-à-dire un excès de confiance et un complexe de supériorité. Résultat : les E’to, Song, DjembaDjemba et autres ont voulu épater la galerie à leur manière mais ils ont été vite domptés par des adversaires beaucoup plus déterminés et qui avaient envie de réussir.
Comme la sympathique formation du Mali qui est bien la révélation du tournoi. L’équipe de Kanouté et de ses coéquipiers figure désormais parmi les quatre meilleures formations du continent et la marge de progression entamée depuis deux ans est vraiment remarquable. On ne joue plus à l’anglaise ni en copiant un autre style européen; c’est le style brésilien qui saute aux yeux. Les Maliens possèdent une attaque de feu et un milieu de terrain flamboyant qui compensent quelque peu les faiblesses de la défense qui se découvre trop. Mais ils ont payé de cette carence au niveau défensif en demi-finale contre les Marocains, prenant quatre buts et essuyant au passage leur plus lourd revers dans cette CAN 2004.
Cependant, dans une rencontre à élimination directe, il n’y pas de place pour les calculs mais certaines nations ont pris d’énormes risques en produisant un jeu attrayant et plaisant. On ne s’ennuie plus dans les gradins ou devant les postes de télévision.
Le football africain a connu une belle évolution et l’exode massif de ses meilleurs éléments y est certainement pour quelque chose. La CAN 2004, ce n’était pas du bel art, certes, mais les enseignements ont été nombreux. Le Club M en a pris bonne note, nous l’espérons bien.