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Le mélange politico-religieux

Quiconque a compris un tant soit peu le concept de la laïcité doit éprouver un certain malaise en apprenant que Pravind Jugnauth, ministre des Finances et vice-Premier ministre, a été choisi par des associations socioculturelles hindoues pour être le ‘chief guest’ lors de la célébration de la Maha Shivaratree à Grand-Bassin.
La laïcité, c’est, en substance, 1. la séparation de l’État et la religion, 2. le renvoi de la pratique religieuse dans la sphère privée et 3. la promulgation des lois séculières par les élus de la population. Elle assure le primat des lois humaines sur les lois religieuses inspirées des livres dits sacrés dont certains ont été à la base de massacres au cours de l’histoire de l’humanité.

Si le religieux commence sérieusement à investir le champ politique, cela risque d’aboutir à l’émergence d’une théocratie qui est nécessairement totalitaire.
À Maurice il n’existe pas de religion d’État et on peut raisonnablement penser que notre État est laïque. Certaines personnes qui sont à la tête de ces fameuses associations socioculturelles n’ont pas compris le concept de la laïcité; c’est pourquoi elles s’étonnent sincèrement quand on leur dit que le discours d’un homme politique dans une fonction religieuse est incongru. Pravind Jugnauth, dans le passé, a déjà parlé du deal Illovo à Grand-Bassin et on peut raisonnablement penser qu’il ne va pas réciter des versets à la gloire du dieu Shiva au lac sacré.
Pravind Jugnauth est un homme politique, il va donc faire de la politique à Grand-Bassin. Comme tous les hommes politiques qui vont  être présents en ce lieu.
Les catholiques invitent les politiques dans leurs fonctions religieuses et, en ces occasions, leur donnent un seul droit : celui de se taire. Bien sûr, en coulisse, l’Église tente d’influencer, dans un langage structuré,  les hommes politiques sur des sujets sensibles comme l’éducation, l’avortement, le mariage, le divorce et même sur des sujets plus prosaïques et profanes. Mais cela relève presque de débat d’idées. Les musulmans invitent quelquefois les hommes politiques à prendre la parole dans leurs fonctions religieuses. Mais ce sont des associations socioculturelles hindoues qui mettent un point d’honneur à placer, à la moindre occasion (religieuse surtout), un micro devant la bouche des princes du jour. Somduth Dulthummun, ex-président de la Mauritius Sanatan Dharma Temples Federation, s’est insurgé contre un comportement aussi servile. Il n’a pas fait long feu à la tête de cette fédération.
Des associations socioculturelles et des hommes politiques vivent  en symbiose.  C’est pourquoi il sera difficile de les dissocier. À Maurice, des grands principes sont allègrement foulés aux pieds et l’inacceptable, au fil du temps, devient quelquefois la norme.
La Maha Shivaratree, la plus grande fête religieuse hindoue à Maurice, a depuis longtemps été politisée et ce, par tous les gouvernements. Voir les hommes politiques prendre la parole au lac sacré est considéré par nombre de Mauriciens comme une chose normale. Or, ce ne l’est pas. Si on tolère Pravind Jugnauth - en tant qu’intervenant - à Grand-Bassin, pourquoi doit-on condamner Cehl Meeah qui utilise la religion à des fins politiques? Ce n’est pas la même chose? Si, c’est la même chose : le mélange politico-religieux et le piétinement du principe laïque.
Ce pays nécessite une mise à plat. Il faudrait qu’on commence à se déshabituer de certaines choses. De ces choses qui nous font ressembler à une République bananière.  La seule chose qu’on puisse souhaiter, c’est que le vice-Premier ministre décide finalement de se taire à Grand-Bassin.
darlmahnaeck@5plusltd.com

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