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Véronique Topize, veuve de Kaya : “Je suis toujours à la recherche de la vérité”

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Véronique entourée de ses deux enfants Lumiah et Azaria

Véronique Topize, veuve du chanteur Kaya, décédé alors qu’il était en détention de la prison de haute sécurité d’Alcatraz le 21 février 1999, est toujours en quête de justice, cinq ans après.

Véronique Topize et ses deux enfants, Azaria, 13 ans, et Lumiah, 10 ans, vont célébrer un triste anniversaire le samedi 21 février : celui de la mort de Kaya, seggaeman, de son vrai nom Joseph Réginald Topize. Cinq ans déjà se sont écoulés et Véronique Topize est toujours en quête de vérité : “Je suis toujours à la recherche de la vérité”. Elle fait penser à Antigone, ce personnage de Jean Anouilh qui incarne la femme révoltée, marquée par le décès d’un être cher. À quelques jours du cinquième anniversaire de ce février noir de 1999, la veuve du seggaeman trouve “qu’il est dommage que la vérité n’ait pas encore été établie depuis que j’ai vu le cadavre de mon époux, Kaya, portant 32  blessures sur le corps”.

Véronique habite toujours la vieille maison en tôle et en bois à Beaux-Songes avec ses deux enfants. C’est dans cette même maison que la police était venue arrêter Kaya le 18 février 1999 et c’est dans la même maison qu’elle veut faire grandir ses deux enfants. Dans une pièce jouxtant sa demeure, Véronique tient un salon de coiffure depuis le décès de son époux. Elle est spécialiste en tresses africaines et tissages. Les temps ont changé. Son époux décédé, elle a dû d’abord affronter les difficultés que l’on sait, se relever ensuite, faire face aux épreuves, se retrousser les manches et se mettre au travail pour assurer l’avenir de ses deux enfants : “C’était très difficile au début de cumuler les rôles de mère et de père, mais je m’y suis habituée”. Épreuve, tristesse, larmes : elle a tout connu et a dû les surmonter par amour pour ses enfants. Neuf ans de vie commune s’étaient écoulés à la mort de Kaya.


Aujourd’hui, l’avenir de ses enfants au travers leur éducation scolaire, demeure la priorité de la veuve de Kaya : “Je fais d’énormes sacrifices pour eux. Nous vivons avec le strict minimum”. Véronique explique qu’elle vit de son métier de coiffeuse. Elle touche aussi une pension de veuve en sus de celle qu’elle touche pour ses deux enfants. Chaque année au mois de décembre, Véronique se voit remettre une certaine somme d’argent provenant des droits d’auteur sur les chansons de Kaya. Cet argent, elle s’en sert, dit-elle pour acheter le matériel scolaire de ses deux enfants. Elle explique aussi que pour la rentrée scolaire 2004, elle a, une fois de plus, dû acheter des livres de seconde main pour son fils qui fait cette année la Form 3 au collège d’État de Bambous. Lumiah prendra, elle, part aux examens du ‘Certificate of Primary Education’ (CPE) cette année.


Lorsqu’elle parle de Kaya, Véronique laisse éclater son amertume car elle croit fermement que son époux n’est pas mort de mort naturelle. Elle mènera combat, si long soit-il, jusqu’à, dit-elle, ce qu’un jour, elle puisse trouver “ene simé lalimiere” comme le chantait Kaya. Véronique est membre de ‘Justice’, association qui milite contre la brutalité policière. Elle organise aussi des activités aux côtés du ‘Muvman Liberasyon Fam’ (MLF). Samedi prochain, le 21, elle sera aux côtés des adeptes du seggae/reggae mauriciens qui ont voulu rendre hommage à leur façon à leur roi Kaya à travers un concert payant sur le terrain de foot de Olivia, Bel-Air. Elle y tiendra une échoppe où seront mis en vente des t-shirts et des posters à l’effigie de Kaya. Son fils Azaria et sa fille Lumiah seront, quant à eux, sur scène avec les artistes. Azaria interprétera trois morceaux de son père alors que Lumiah exécutera une danse à la mémoire de leur père.






Kaya et le seggae
Les immortels
Cinq années se sont écoulées depuis que Kaya est décédé mais, de nos jours, ses chansons sont plus que jamais d’actualité alors que sa musique, elle, restera éternelle.
La musique et les chansons de Kaya s’écoutent aujourd’hui comme on écoute des textes bibliques. Une légende est née et le héros en est Kaya, le seggaeman. Tout le monde rend désormais hommage à ce prophète de la paix, l’avocat des opprimés et l’homme qui se battait avec une seule arme à sa disposition : sa musique. Ses chansons ‘Mo Tizil’ et ‘Lam Sakrifis’ de l’album ‘Zistwar Révoltan’ témoignent de son côté patriote. Jeunes et moins jeunes adorent cette musique qui est le fruit d’une fusion réussie du reggae de Bob Marley et du séga mauricien. D’ailleurs, beaucoup de chanteurs ont repris par la suite le flambeau mais l’oeuvre de Kaya est restée unique en son genre, de par la richesse sans égale des paroles de ses chansons.


À Olivia le samedi 21 février
Concert ‘Homaz’ à Kaya
Les adeptes du seggae/reggae mauricien ont voulu rendre hommage à leur façon à leur roi Kaya à travers un concert payant (Rs 75) le samedi 21 février sur le terrain de foot de Olivia, Bel-Air.
Une partie des recettes sera remise à la veuve de Kaya. Le concert sera du même style - ‘Reggae Sunplash’ - que celui qui avait eu lieu sur ce même terrain de foot en 2002. Il débutera aux alentours de 18h00 et durera jusqu’au petit matin. Plusieurs groupes et artistes connus animeront la soirée : le groupe ‘Fight Again’, Natty Jah, Menwar, le groupe Alpha Omega, Ton Vié, le groupe Natir de Chamarel, Ras Tilang, Tian Corentin, le Groupe Redemption, Zeness Ghetto, entre autres. Outre le registre seggae/reggae, sera aussi au menu de la soirée du ragga avec le groupe ‘Otentik Street Brothers’ composé de ‘Blakkayo’, ‘Dagger Kila’ et, ‘Master Kool B’. Wanamah, le reggaeman comorien, sera aussi de la partie. La soirée, qui comporte une surprise de taille, sera animée par Bruno Raya alias ‘Master Kool B’.
Ce dernier, qui fait partie de l’équipe organisationnelle, explique que tous les groupes vont jouer ‘Live N Direk’ et qu’il y aura aussi du ‘Inna Sound System’ avec, entre autres, le groupe NouNasKool. Il y aura aussi un écran géant à côté du podium. Selon Bruno Raya, ce concert est avant tout un concert de solidarité avec Kaya et sa famille : “Nu envi montré Kaya ki nu pane blié li. Seggaeman rest dan leker tou dimoune. Li ti chante seggae love et seggae linité. Li pas ti guette couleur ni réligion”. L’animateur ajoute que des dispositions ont été prises pour des aires de stationnement qui sont prévues aux alentours du terrain de foot, de la nourriture et des boissons seront mises en vente à l’intérieur du stade, la sécurité sera assurée par la police et des agents du privé à l’intérieur et à l’extérieur du stade. Il y aura aussi, dit-il, des secouristes de la Croix Rouge qui seront présents. Les billets, qui sont en vente dans plusieurs endroits de l’île, comportent cependant une vignette à cause du problème du piratage.






Un certain 21 février 1999
On n’est pas prêt d’oublier un certain dimanche 21 février 1999. Cette date restera à jamais gravée dans la mémoire de bon nombre de Mauriciens. Kaya meurt dans une cellule à Alcatraz, une mort qui provoque des émeutes. Berger Agathe, autre seggaeman, meurt lui aussi pendant ces émeutes, mais tué par balle. Le pays est paralysé pendant plus de quatre jours alors que l’efficacité de la police est mise à rude épreuve. Les désordres paralysent plusieurs régions du pays. La plus touchée demeure Port-Louis. À Roche-Bois, l’autoroute est obstruée. À Curepipe, le nouveau bâtiment de la ‘Waste Water Authority’ est incendié de même que le siège de la Central Water Authority. À Candos, les émeutiers saccagent et incendient un complexe commercial. Au cours des incidents de Candos, le sergent de police Deven Sunnassee meurt sur le champ d’honneur. C’est en voulant protéger ses troupes et en assumant ses responsablités de gardien de la loi qu’il trouve la mort, terrassé par une crise cardiaque. Dans le Nord, des maisons sont incendiées à Goodlands et à Triolet. Un autre drame se déroule à Bambous. Deux jeunes, Michel Laurent, 21 ans, et Nirmal Ghoostia, 19 ans, meurent sous des ‘balles fanées’ alors que la dépouille de Kaya passe sur la route Royale à Bambous.


Débat sur la brutalité policière
Le ‘Muvman Mobilisation Kreol Afrikin’ (MMKA) organise un forum-débat sur la brutalité policière demain, lundi 16 février à son siège aux alentours de 19h00 à l’occasion du cinquième anniversaire du décès de Kaya en cellule policière. Les participants sont : Cehl Meeah, leader du Hizbullah, Mes Jacques Panglose et Rama Valayden, Rajen Kanaksabee, le père Philip Fanchette et Mario Flore, leader du MMKA. La présidence du débat sera assurée par Gérard Lesage.

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