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Et nous, et nous, et nous

Ils parlent de tout, sauf de nous. De nous, Portlouisiens, Quatrebornais, Vacoassiens, Curepipiens, Beaubassinois, Rosehilliens qui rêvons de villes où il fait bon habiter, qui aspirons à une meilleure vie communautaire, qui souhaitons un environnement respectueux de la nature pour nos enfants. Qualité de vie, bien-être des citoyens, vision pour nos villes, intérêts collectifs, personne ne s’en soucie.

Ni les candidats, toutes couleurs confondues, qui s’alignent aux municipales. Encore moins les leaders politiques qui, depuis l’annonce de ces élections (bienvenus dans le pays «démocratique» où les dates des joutes électorales «appartiennent» au Premier ministre du jour et à ses calendriers politiques), sont plutôt obnubilés, chacun de son coté, par un seul projet : «Donn correction» à l’autre camp. Programme, amélioration des services des mairies, projets à long terme…. tout le monde s’en fout.

Que n’a-t-on pas entendu ces derniers jours ? La Rouge Nita Deerpalsing, celle-là même qui dans l’édition du 4 novembre dernier de l’express dimanche retenait de la campagne électorale américaine «la qualité du débat d’idées» et fustigeait «les politiciens mauriciens qui montent sur des camions et privilégient les attaques personnelles», a rapidement oublié sa récente réflexion. «Nou ena pou donn enn leson bann gran labous MSM ici dans Quatre-Bornes», a-t-elle lancé. Le ton n’est pas mieux du côté du Remake où le leader du MMM, Paul Bérenger, demande à ses partisans de donner une «raclée au gouvernement» alors que ses sbires promettent de «donn sok Ramgoolam».

C’est dire le niveau des débats auxquels nous serons confrontés jusqu’au 9 décembre prochain, soit en trois semaines de campagne pendant lesquelles on entendra les uns cracher leur venin sur les autres. Parfois, ces autres-là faisaient partie de leur famille politique, il y a à peine quelques jours. Mais l’absence d’un ticket électoral, le début d’une campagne malsaine, assortie de quelques promesses et nominations, ici et là, ont eu raison de ces fidélités qui se brisent, du jour au lendemain en mille morceaux.

Dans les débris récoltés, on constate alors quelques changements de couleurs, à l’instar de ces huit membres du MSM, héritiers politiques des Martin, Seetaram et Bholah, qui viennent de claquer la porte du Sun Trust pour ouvrir celle du Square Guy Rozemont. Ainsi, Atish Boyjonauth, vient de découvrir qu’il ne se sent «plus à l’aise au sein du Remake 2000» et a été nommé dès le lendemain de sa démission – mais qui a dit qu’il y a un lien entre ces deux épisodes? – président de l’EWF (Employees Welfare Fund). Idem pour le conseiller Eshan Juman qui, il y a quelques mois, quittait le PTr pour le MSM et qui a découvert soudainement que «le Remake n’a pu dégager une synergie». Alors que Kushal Mossai, ancien proche de Pravind Jugnauth, adhère lui aussi au PTr après avoir compris, suite à un tête-à-tête avec le Premier ministre, qu’il est «très satisfait de la vision» de Ramgoolam.

Mais la plus grande surprise des démissionnaires nous est venue de Sheila Grenade, ex-députée orange et ex-adjointe au maire à Port-Louis qui, après l’évincement de son époux de la liste municipale, ne se contente pas seulement de faire un appel direct à Ramgoolam («si dimé, le Premier minis fer appel a moi, mo pou tou letan la pou servi lepep (…) si mo pre pou aksepte, mo pa dimann narnye»), mais elle s’est aussi souvenue, subitement (une démission rend la mémoire) que son beau-père «ti vinn de la famy travayis». Encore trois semaines pour entendre tout et n’importe quoi. Alors que personne ne parle de nous, de nos intérêts de citadins, de nos villes…

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