Nawaz Emrith indiquant l’endroit où il a été roué de coups.
Les trois suspects arrêtés suite au décès de Saheera.
Elle a voulu s’interposer lors d’une altercation entre son fils et un groupe d’habitants de sa localité. Mais sa bravoure lui a coûté la vie. Son fils témoigne.
Il vient de perdre sa mère dans des circonstances terribles. Mais Nawaz, 23 ans, semble quelque peu déconnecté de la réalité quand nous le rencontrons. Il arrive difficilement à se tenir sur ses jambes et à construire des phrases pour raconter ce qui a conduit à ce triste décès dans la soirée du vendredi 16 novembre. Ce soir-là, une bagarre a plongé les Emrith, des habitants de 7e Mile, Triolet, dans le deuil.
Saheerah Emrith, 49 ans, est décédée alors qu’elle venait justement à la rescousse de son fils Nawaz qui se faisait tabasser par des habitants de la région qui l’accusaient de vol. Des allégations que réfute le jeune homme qui donne une autre version des faits. «J’étais chez moi aux alentours de 20 heures quand quelques amis sont venus me voir. Ils voulaient que je coupe quelques branches pour eux car je possède une tronçonneuse. Je leur ai dit, au travers d’une fenêtre, que j’attendrais le lendemain matin pour le faire. Mais ils ont insisté pour que je sorte de la maison afin de venir leur parler. Quand je suis sorti, ils ont commencé à me rouer de coups. Il y avait au moins 15 personnes. Ma mère est intervenue pour me porter secours mais ils ont commencé à lui donner des coups de pied à l’estomac», raconte difficilement Nawaz, qui porte quelques marques de griffure au visage.
Selon lui, il aurait été agressé «pou nanié» car il n’aurait «rien volé» à ceux qui l’ont passé à tabac. Toutefois, les trois personnes qui ont été arrêtées suite à la bagarre ont déclaré à la police que Nawaz serait entré par effraction dans la maison de l’une d’elles pour commettre un vol. «Je n’ai rien volé Je suis allé demander quelques mangues, tout simplement», soutient Nawaz.
Après la bagarre, il a conduit sa mère, grièvement blessée, à l’hôpital SSRN à Pamplemousses. «Elle crachait du sang. Mais, à l’hôpital, les médecins n’ont pu que constater son décès.» L’autopsie a conclu qu’elle était morte d’un œdème pulmonaire.
Après le décès tragique de Saheera, des langues se délient dans le voisinage de la famille Emrith. Certains s’accordent à dire qu’elle est morte à cause des «bêtises de ses enfants sur lesquelles elle fermait toujours les yeux». À Triolet, Nawaz Emrith est plutôt connu comme un «bad boy». Le jeune homme confie d’ailleurs qu’il a déjà eu des démêlés avec la police dans le passé car il était impliqué dans des bagarres.
Et d’ajouter qu’il vient tout juste de sortir de la prison. «Je viens de purger une peine de deux ans à la prison de Beau-Bassin, où j’étais incarcéré pour une affaire de drogue. Je suis en liberté depuis une semaine seulement. Mais je n’ai jamais tenté d’agresser qui que ce soit sexuellement comme certains le prétendent», précise Nawaz. Car selon des gens du village, il aurait tenté d’abuser d’une fille lors de la tentative de vol allégué qui a conduit à la bagarre dans laquelle sa mère a perdu la vie.
Saheera Emrith laisse derrière elle une famille écrasée par la douleur. La police a ouvert une enquête pour faire la lumière sur cette affaire et recherche sept autres personnes qui seraient impliquées dans l’agression.
Laura Samoisy