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«C’est de plus en plus difficile d’être handicapé dans notre société»

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«Il faudrait que tous les endroits de l’île soient adaptés aux handicapés»

Alors qu’une nouvelle plateforme pour les handicapés vient de voir le jour, Nazeerah Jhumka, membre
de Link to Life, qui souffre elle-même d’un handicap physique, nous parle de la réalité et des attentes des personnes autrement capables.

Que pensez-vous de l’arrivée d’une nouvelle ONG pour militer pour les droits des handicapés ?

Parce que les personnes handicapées sont des êtres vulnérables qui doivent être soutenues, je trouve très bien qu’il y ait de telles associations qui viennent lutter pour leur bien-être. Je trouve donc fort louable ce genre d’initiative et je soutiens à 100% la cause.

Quelles sont les difficultés que rencontrent les handicapés au quotidien, étant vous-même une personne qui se déplace avec
un déambulateur ?

De nos jours, tout le monde est pressé et, selon mon expérience, personne n’a du temps à accorder aux autres. Je peux donc vous dire que c’est de plus en plus difficile d’être handicapé dans notre société. Les structures publiques ne sont pas adaptées et c’est devenu de plus en plus difficile pour une personne handicapée d’être autonome. Si je prends mon cas, je peux vous dire que je dois souvent faire face à beaucoup de difficultés.

Certes, j’ai des enfants et un époux mais ils sont tous occupés avec leurs activités et leur travail respectifs. Il arrive donc que je doive me charger de quelques démarches. Comme je me déplace toujours avec un déambulateur ou avec mes béquilles, je peux vous assurer que je reçois bien souvent des remarques de la part de certains receveurs d’autobus. Nos véhicules publics ne sont pas adaptés pour accueillir des personnes qui se déplacent en fauteuil roulant ou avec un déambulateur.

À La Réunion, par exemple, le transport en commun permet cela, ce qui fait que des personnes autrement capables peuvent être autonomes,
se déplacer et s’occuper de leurs démarches ou même se rendre dans les hôpitaux pour leurs traitements. Il ne faut pas oublier non plus que souvent les personnes handicapées n’ont pas les moyens pour se déplacer en taxi.

Qu’en est-il du regard des autres ?

Je trouve que les valeurs se perdent. La jeunesse ne se lève plus dans les autobus pour céder sa place à une personne handicapée. Une fois, j’étais montée dans un bus et comme il n’y avait pas de place, j’ai proposé à une personne de me céder la place de son enfant qui s’asseyait à côté d’elle. Je peux vous dire, qu’elle a refusé en me disant qu’elle avait payé pour cette place. J’ai aussi déjà constaté que certains autobus refusent de prendre des personnes qui se déplacent avec un déambulateur.

Les autorités multiplient pourtant les initiatives pour faciliter la vie des personnes autrement capables. Est-ce suffisant ?

Certes, il y a beaucoup de choses qui sont faits mais je peux vous dire que la réalité est tout autre. C’est très pénible pour moi lorsque je dois aller au CEB de Rose-Hill, par exemple. Il y a énormément de perrons et c’est difficile pour des personne dans ma condition d’y accéder. J’ai d’ailleurs écrit une lettre aux autorités pour faire part de mes griefs mais je n’ai jamais eu de réponse. Ce qu’il faudrait, selon moi, c’est investir dans les rampes d’accès pour ces lieux dits publics. Mais il faudrait aussi que tous les endroits de l’île soient adaptés aux handicapés. Il serait aussi bon d’avoir des véhicules qui permettent d’accueillir des fauteuils roulants et des personnes qui se déplacent avec des béquilles ou des déambulateurs. Ces personnes ne demandent qu’une chose : qu’on leur laisse la chance d’être autonomes et qu’on leur donne les moyens d’y arriver.

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