Les employés du primaire veulent avoir les mêmes avantages que ceux du secondaire.
Les syndicalistes attendaient leur réunion avec le chef du gouvernement. Ils l’ont eue. Et ils sont «satisfaits» !
Le Premier ministre a décidé de prendre en considération toutes les recommandations principales du Front commun des syndicats. Les représentants affichent la satisfaction alors que le chef du gouvernement marque des points.
En douceur. Une réunion a suffi pour que le raz-de-marée de contestations provoqué par le rapport 2013 du Pay Research Bureau (PRB) s’évanouisse. Le Premier ministre, qui a rencontré les représentants du Front commun des syndicats et des fonctionnaires mécontents, ce vendredi 26 octobre, a apaisé ces derniers en accédant à leurs demandes principales. Pas de heurts ni de discussions houleuses et encore moins de confrontations inutiles, c’est dans le calme que Navin Ramgoolam a fait face à la colère des syndicalistes et à leurs reproches… les laissant tous «satisfaits». Même la «manifestation» organisée par la Government Teacher’s Union (GTU) hier, n’avait pas vraiment l’air d’en être une (voir hors-texte).
Car après cette réunion, les porte-parole des travailleurs de la fonction publique affichaient, tous, le sourire. Heureux d’avoir pu s’exprimer, heureux, surtout, d’avoir pu obtenir ce qu’ils désiraient : la nomination d’une personne indépendante pour se charger des «errors and omissions» et des anomalies du rapport afin de satisfaire le plus grand nombre et de réduire l’écart entre les gros et les petits salaires, de même que l’extension du délai de soumission des option forms.
Leur impression d’avoir remporté une bataille a calmé leurs ardeurs de contestation, les poussant même à couvrir d’éloges le chef du gouvernement. Navin Ramgoolam n’a, de son côté, pas hésité à saluer les syndicalistes. «Il y a des anomalies et il nous faut les corriger au plus vite. Les syndicalistes sont raisonnables dans leurs analyses», a-t-il déclaré à l’issue de la réunion tant attendue. Une affaire rondement menée par le Premier ministre surtout que les mesures décidées ne deviendront pas effectives du jour au lendemain.
Si les détracteurs du chef du gouvernement estiment que ses décisions conciliantes ne sont motivées que par l’approche des élections municipales et villageoises (les fonctionnaires sont, bien évidemment, des électeurs !), les rouges, eux, saluent la bonne gestion de Navin Ramgoolam. Ce dernier a, par ailleurs, «réglé» un en tour de main le «problème» des marchands ambulants, cette semaine. Ils seront relogés à proximité des deux gares routières de la capitale et leurs représentants affichent la satisfaction (comme les syndicalistes !).
Un bon point de plus pour le chef du gouvernement qui a, visiblement, décidé d’être en mode politique afin de s’assurer le soutien du plus grand nombre lors des législatives prochaines. Patrick Assirvaden, président du PTr, voit, lui, les choses différemment. «Pour nous, c’était un drame humain. Avec la décision du gouvernement, nous redonnons un statut dans la société aux pères et mères de famille qui devaient se cacher des autorités pour gagner leur vie», a-t-il précisé lors d’un point de presse du Labour Party, le samedi 27 octobre. Néanmoins, pour un député mauve, la «stratégie» de Navin Ramgoolam est «claire» : «Il a peur de perdre. Le Remake 2000 est fort. Alors, il essaie de faire plaisir à un maximum de personnes. C’est malhonnête.»
Reste qu’en ce moment, le chef du gouvernement cultive une image positive. Conciliant, à l’écoute de la population, il ferait presque oublier la crise économique européenne et ses répercussions sur le panier de la ménagère, l’insécurité et les «scandales» dénoncés par le chef de file du MMM, Paul Bérenger, entre autres. Il a, semble-t-il, décidé d’agir en douceur.
Parole aux syndicalistes
Naraindranath Gopee, président de la Fédération des syndicats du service civil : «Nous sommes satisfaits. Navin Ramgoolam est sur la même longueur d’onde que nous et il a estimé que nos propositions sont rationnelles. Nous l’avons rencontré avec un dossier bien ficelé et des chiffres pour appuyer nos dires. Désormais, nous souhaitons que tout se fasse dans les meilleurs délais.»
Radhakrishna Sadien, président de la State Employees’ Federation : «Nous avons fait un pas dans la bonne direction. Désormais, nous devons continuer le travail et nous assurer que les mesures prises soient effectives le plus vite possible. Nous ne pourrons attendre plus d’un an. Les discussions se poursuivront. Nous devons nous assurer que le travail soit fait le plus vite possible. De plus, il me semble que c’est le système même du PRB qui pose problème, alors il serait judicieux de le revoir et de le remplacer par un mécanisme plus indépendant. Je tiens à remercier les fonctionnaires qui ont apporté leur soutien et ont montré leur mécontentement.»
Haniff Peerun, président du Mauritius Labour Congress : «J’ai apprécié la capacité d’écoute du Premier ministre. Il a compris nos points et nous avons pu discuter et lui démontrer les nombreuses anomalies. Désormais, notre travail se poursuit, c’est en étroite collaboration que nous oeuvrerons avec le comité indépendant.»
Rashid Imrith, président de la Fédération des syndicats du secteur public : « Je suis satisfait des mesures prises en faveur des fonctionnaires mauriciens. Par ailleurs, je salue la décision de Navin Ramgoolam d’accorder une attention particulière à Rodrigues. Pour ma part, j’ai fait deux propositions en ce sens : que le gouvernement prenne en charge le transport des marchandises de Port-Louis à Port-Mathurin et que Rodrigues ait un Commissaire indépendant.»
Les employés des écoles primaires manifestent… pour maintenir la pression
Ils sont venus pour protester. Eh oui ! Même si les dirigeants du Front commun des employés des écoles primaires, regroupant la Government Teachers Union, la Government Hindi Teachers Union, la School Clerk Union, la Head Teachers Union et la Deputy Head Teachers Union, se disent satisfaits des prises de positions du ministre de l’Éducation, Vasant Bunwaree, et du Premier ministre, Navin Ramgoolam, ils ont quand même décidé de maintenir leur manifestation. Elle s’est tenue dans la capitale hier. Ceux qui se sont déplacés ont marché pacifiquement du Centre social Marie-Reine-de-la-Paix jusqu’au Jardin de la Compagnie pour contester le rapport du PRB et demander l’alignement de leurs conditions de travail et de leur salaire sur ceux des enseignants du secondaire. Une façon de maintenir la pression sur les autorités et de conscientiser le maximum de personnes sur les problèmes du rapport du PRB.