SAJ a finalement sorti le rotin bazar. Il n’y aura plus de pourparlers Ramgoolam/Bérenger, a-t-il dicté lors de la conférence de presse commune MMM-MSM, hier matin. Si discussion autour de la réforme électorale il y aura, ce sera uniquement à l’Assemblée nationale et nulle part ailleurs, a-t-il continué, comme pour mettre bon ordre dans ces méfiantes discussions mauves-rouges. La chose est entendue : La nouvelle partie du jeu aura pour principaux adversaires le chef du gouvernement et l’ex-président de la République. Et le match Paul-Navin ne semble pas être à l’agenda politique. Du moins pour l’heure.
L’une des indications est venue des travaux parlementaires de mardi dernier. Contrairement à ce que l’on aurait pu s’attendre, cette reprise fut plutôt un non-event, à voir le ton – trop amical pour ne pas être douteux – entre le leader de l’opposition et le Premier ministre qui, lui, s’est contenté de tourner autour de la recherche d’un «broad consensus» sans répondre concrètement à la question de la réforme électorale, mais tout en laissant comprendre qu’il souhaite reprendre les consultations avec le MMM.
En clair, d’un côté, Ramgoolam fait croire qu’il veut prolonger ses séances de koz koze avec Bérenger (pour mieux créer une dissension avec le MSM, analyse SAJ hier matin) et de l’autre côté il continue à démolir le père de Pravind Jugnauth qu’il a traité de passéiste mardi dernier et qu’il a présenté comme «un Premier ministre qui a ostracisé la communauté musulmane (..) ». D’où la réaction de l’ex-président de la République qui tente de reprendre le leadership de son alliance avec les Mauves en annonçant la fin des discussions PTr-MMM, tout en remettant Bérenger dans les rangs du remake.
Désormais, l’engagement est public et le leader de l’opposition ainsi que les fidèles de sa garde rapprochée n’ont aucun prétexte pour rencontrer Ramgoolam. À partir de maintenant, l’on devrait donc s’attendre à ce que le chef de l’opposition fasse son travail d’opposition au lieu d’adopter, depuis bientôt deux ans, la posture ‘in waiting’ d’une prochaine entrée au gouvernement. D’autant que l’attente pourrait être longue, si on en croit les paroles et la position du Premier ministre au Parlement. Car Ramgoolam ne semble plus pressé d’aller de l’avant avec la réforme électorale (bien qu’il veuille prolonger les consultations avec le MMM) alors qu’il donnait une autre impression, il y a quelque temps, comme n’a pas manqué de le rappeler Bérenger qui a critiqué la «contradiction» de la déclaration du Premier ministre. «Lors de la séance du 27 juillet dernier, Ramgoolam avait fait état de son intention de présenter dans les meilleurs délais possibles un projet de loi sur la réforme électorale. (..) quitte à convoquer une séance parlementaire pendant les vacances. Qu’est-ce qui a changé entre-temps ?» s’est demandé Bérenger.
Ce à quoi Ramgoolam a répondu que rien n’a changé et qu’on n’est pas à la veille d’un scrutin national. Alors que SAJ a, lui, martelé hier matin que les élections viendront avant 2015. Coincé entre son souhait de parler réforme électorale avec Ramgoolam et le rotin bazar brandi par SAJ pour mettre un frein à toute éventuelle discussion, Bérenger, épargné par l’un et désiré politiquement par l’autre, pour une fois assiste à une guerre de chefs sans sa personne…