Son mari a été victime d’un foul play, affirme-t-elle. Sangeeta Molaye rejette ainsi la thèse du suicide privilégiée par la police après la découverte du corps d’Ajay Molaye, 53 ans, à Bassin-Blanc. Le cadavre a été repêché par les membres du Groupe d’intervention de la police mauricienne le 8 juillet et le médecin légiste a attribué le décès à un œdème pulmonaire qui pourrait avoir été causé par l’absorption de poison. Thèse accréditée par la découverte sur les lieux d’une bouteille en plastique contenant une substance rouge.
Toutefois, les proches d’Ajay Molaye persistent et signent : ce dernier, disent-ils, ne s’est pas donné la mort mais a été assassiné. «Il y a plusieurs zones d’ombre qui nous poussent à croire qu’il n’a pas mis fin à ses jours mais a été tué», soutient Sangeeta Molaye. Son beau-père Deolall et elle ont d’ailleurs envoyé une lettre au commissaire de police le 28 juillet pour lui faire part de leurs doutes concernant cette affaire. Peu après, l’enquête, qui était menée par la Criminal Investigation Division de Chemin-Grenier, a été confiée à la Major Crime Investigation Team.
Ajay Molaye, directeur d’Ajmol Enterprise Ltd, une compagnie sise à Saint-Paul et engagée dans la construction depuis plus de dix ans, n’était pas le genre de personne à se donner la mort, souligne son épouse : «Il avait un fort caractère et un mental solide. De plus, nous n’avons jamais eu de gros problèmes conjugaux. Le premier fait troublant dans cette affaire concerne les circonstances de la découverte de son corps. Peut-on m’expliquer comment quelqu’un qui se rend à Bassin-Blanc n’a pas une égratignure sur le corps alors que le chemin qui y mène est parsemé d’obstacles ? De plus, selon le rapport d’autopsie, il n’y avait pas d’eau dans les poumons de mon époux. Si li ti anvi zet so lekor ma pa krwar li ti pou bwar poizon avan. Je crois fermement qu’on lui a fait boire le poison et qu’on l’a ensuite jeté dans le lac.»
La veuve précise également que son époux n’avait pas de problèmes financiers : «Ajay était un renard en affaires. C’est pour cela qu’il décrochait des contrats du gouvernement à tous les coups. Il devait bientôt terminer quatre chantiers alors que quatre autres étaient complétés à 60% et quatre autres encore à 30%. Il gagnait très bien sa vie. Est-ce qu’un personne qui avait des soucis financiers allait investir dans deux nouveaux domaines ? En mars, il a investi avec un partenaire dans une nouvelle compagnie à La Réunion, Sarl Farm Air, engagée dans le waterproofing.»
Un mois plus tard, Ajay a fait l’acquisition de deux restaurants à Chamarel et Bois-Chéri avec un autre partenaire pour la somme de Rs 15 millions. «C’était un fighter en affaires. Ses prix étaient très compétitifs. Kapav linn gagn lenmi akoz sa. So bann rival ti zalou. Mais je n’accuse cependant personne», déclare la veuve éplorée. «Je suis terriblement bouleversée depuis ce drame. Nous étions toujours tous les deux car nous n’avions pas d’enfant. Nous allions fêter nos 22 ans de mariage bientôt. Je ne sais pas si je vais pouvoir surmonter cette épreuve un jour.»
Ajay avait été vu pour la dernière fois le 7 juillet, à 11h35, alors qu’il quittait le siège de son entreprise pour se rendre à une réunion à Rose-Hill. Inquiet de ne pas le voir revenir au bureau comme prévu, un employé a signalé sa disparition à la police à 17h50 après qu’il a appris par un collègue que la voiture de son patron se trouvait à Bassin-Blanc. Les recherches ont commencé le lendemain matin. «Comment cette personne savait-elle que mon mari se trouvait à Bassin-Blanc ? Nous n’accusons personne pour le moment. La police doit faire son travail», soutient Sangeeta qui espère ardemment que la lumière sera faite sur ce drame.