Dans le film Inception, l’acteur Leonardo Di Caprio explique qu’en implantant une idée dans le subconscient, elle pousse et devient réelle. Quand la fiction rejoint la réalité, on obtient l’effet rebond, phase mise en avant par le psychosociologue américain Daniel M. Wegner qui était professeur à l’université d’Harvard. Dans une expérience, connue comme le White Bear Problem, il avait dit aux participants de ne pas penser à un ours blanc et de supprimer cette pensée. Or, il démontre que lorsqu'on demande aux sujets de supprimer volontairement une pensée, elle revient en force plus tard, lorsqu'on cesse de la supprimer.
Quel rapport avec Raheem Sterling ? Depuis une saison, le joueur de Liverpool est le footballeur anglais le plus en forme du moment. Forcément, étant sollicité de toutes parts (club-pays), le jeune joueur de 19 ans entend sans arrêt qu’on doit le préserver sous peine de le voir subir un burnout trop tôt (voir texte ci-contre). Le Dr Andrew Hill, Professeur de l’université de York St John, estime que le burnout est plus psychologique que physiologique. Ce docteur effectue des recherches approfondies sur la relation entre l'épuisement chronique induite par le stress et le souci de la perfection.
Il est clair que la fatigue dont Raheem Sterling s’était plaint, l’avant-veille du match entre l’Angleterre et l’Estonie pour le compte des éliminatoires de l’Euro 2016, est plus d’ordre psychologique. Là où le bât blesse, c’est, à mon avis, dans le traitement qu’a voulu donner le sélectionneur national, Roy Hogdson. Il a lâchement failli à sa tâche en rendant public la teneur de la conversation avec Sterling. C’est comme le conduire à l’échafaud pour un lynchage en public.
Et c’est exactement ce qui s’est passé avec les messages, parfois à caractère raciste, des internautes, sur les réseaux sociaux. L’entraîneur a le devoir de protéger ses joueurs. Et non les jeter en pâture, surtout quand c’est un adolescent – Sterling n’a que 19 ans, rappelons-le – même si au-delà de cet aveu de Hodgson, il y a le sempiternel bras de fer entre les clubs et le devoir de jouer pour la sélection nationale. Il a sûrement voulu relancer le débat. Maladroitement. Car Raheem Sterling est désormais la victime collatérale.
Ce qui nous ramène à l’effet rebond : supprimer volontairement une pensée, elle revient en force plus tard, lorsqu'on cesse de la supprimer. Et dire à Sterling de supprimer la pensée «je suis fatigué», donnera… devinez quoi ?