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Le droit du peuple…

A croire que ni l’Attorney general ni les nombreux avocats du State Law office ne sont suffisamment qualifiés pour éclairer le gouvernement ! Donc, c’est Geoffrey Cox, conseiller juridique privé de Ramgoolam, celui-là même dont les salaires faisaient jaser il y a peu dans la presse britannique, qui est mieux habilité à guider le Premier ministre concernant les sanctions devant être prises contre les partis qui ne respecteront pas les dispositions de la Local Government Act. Est-ce qu’il comprend mieux notre politique interne et notre particularisme mauricien que les autres avocats de l’île ? Allez savoir ! Toujours est-il que les tergiversations, les renvois successifs des élections municipales, l’absence d’annonce claire quant à la date de ce prochain scrutin et, cette fois, les avis attendus de Geoffrey Cox font douter des intentions réelles du Premier ministre. La population mérite un certain respect et, à moins de trois mois de la fin de l’année, elle a le droit de savoir à quelle date auront lieu ces municipales que Ramgoolam a annoncées.

En laissant s’installer le doute, en privilégiant plutôt le jeu politique au détriment de la démocratie, en détournant cette question à chaque fois qu’elle est posée par les journalistes, Ramgoolam semble s’être égaré. Que ce soit sur l’affaire de la réforme électorale où l’on attend toujours les propositions du PTr, ou autour des municipales, le Premier ministre donne l’impression de ne pas regarder ses responsabilités en face. Et ce n’est pas l’attitude que l’on attend d’un chef dont la mission est de gouverner et de mener son peuple à bon port. Alors qu’à tous les niveaux, le pays projette une image chaotique, nous avons actuellement plutôt besoin d’un leadership fort, capable de prendre les décisions tout en faisant face aux tempêtes qui nous menacent. D’autant qu’on est déjà touché par les rafales de la crise économique et que le climat social s’annonce de plus en plus difficile.

L’insécurité gagne du terrain, le chômage est en hausse, les jeunes perdent le moral, les hommes d’affaires sont pessimistes, les pauvres s’appauvrissent davantage, et les Mauriciens, de plus en plus stressés et endettés, vivent un certain malaise face à leur incapacité à se projeter dans l’avenir et à réaliser des projets de vie. Sans compter que nous continuons à perdre graduellement confiance en nos institutions et en ceux qui les représentent. Pas plus tard que vendredi dernier, un médecin a rapporté un policier qui l’aurait agressé à l’hôpital de Mahébourg. La violence devient une arme facile, gratuite. Le Premier ministre aurait tort de penser que les récentes bagarres entre habitants de Roche-Bois et les Bangladeshis sont un épisode isolé. Un peu partout, des petites étincelles sont trop souvent provoquées ces jours-ci.

Quand on ajoute à cela les pyromanes qui sont toujours à l’œuvre et qui continuent à allumer le feu communal, la situation sociale risque d’exploser à tout moment. Dans n’importe quel pays, c’est le rôle de l’opposition de questionner le pouvoir, d’attirer l’attention sur ses inactions, de dénoncer les hold-up de la démocratie, de réclamer le droit du peuple et le respect des citoyens. À Maurice, le leader de l’opposition est plutôt intéressé à envoyer un de ses membres à des séances de discussions opaques avec le Premier ministre qui, lui, en bon stratège et pour gagner du temps, est dans de bonnes dispositions d’écoute envers les Mauves. Heureusement que depuis quelques jours, et le ton de sa conférence de presse d’hier en est une indication, Bérenger semble finalement s’être réveillé…

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