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Attentat contre Charlie Hebdo : Parole à nos caricaturistes

Deven T, POV  et Zerom reviennent sur cette attaque  qui les touche.

Sous le choc. Les croqueurs d’actualité qui oeuvrent dans des journaux mauriciens l’ont tous été en apprenant le drame. L’attentat perpétré contre Charlie Hebdo, journal satirique français, et qui a coûté la vie à des caricaturistes de renom, a provoqué de vives réactions dans le monde. Deven T, POV, Zerom et Abdul Kalla laissent de côté leurs crayons, le temps de réagir avec des mots…

Caricaturiste au Mauricien

Deven T : «Ma façon de croquer l’actualité ne changera pas»

 

Au moment de l’attentat. J’étais à la maison. Je dessinais. À un moment, j’ai allumé la télévision et je zappais quand je suis tombé sur cette information. C’était le choc.

 

Ce que ça va changer. Rien pour moi. Ce sera business as usual. Ma façon de croquer l’actualité ne changera pas. Les caricaturistes dans le monde aussi continueront leur travail. Les journalistes sont tués dans des zones de guerre, mais cela n’empêche pas d’autres de continuer. C’est la même chose.

 

Regard sur les caricaturistes assassinés. Ce n’est pas mon style de caricature. Je n’approuvais pas forcément leur façon de faire. Je trouvais que c’était parfois de la provocation gratuite. Quand ça sert à quelque chose, ça peut se justifier. Mais c’était rarement le cas. Néanmoins, cela ne justifie pas le fait qu’ils aient été abattus.

 


 

 

Caricaturiste à La Sentinelle

 

POV : «Je vais œuvrer avec plus de courage»

 

Au moment de l’attentat. Je dessinais avec le dernier Charlie Hebdo sur ma table. Je venais de le recevoir. Puis, un journaliste de l’express m’a appelé pour me demander si je savais ce qui se passait dans cette rédaction. Il m’a parlé du massacre. Je croyais que c’était une blague. Je connaissais personnellement Tignous. À ce moment précis, je ne savais pas qu’il était mort. Je me sentais bizarre. Pour moi, ces gens étaient immortels. Ça m’a pris beaucoup de temps avant de réaliser ce qui s’était passé.

 

Ce que ça va changer. Je pense que cet attentat va influencer pas mal de caricaturistes. Je ne sais pas de quelle manière, néanmoins. Moi j’essaierai d’être plus intègre. Parfois, on manque de courage. On hésite à exprimer ce que l’on souhaite. Ces caricaturistes étaient conscients du danger et ils n’ont pas hésité à assumer leurs actions. Je vais rester fidèle à ce que je crois et je vais œuvrer avec plus de courage à mon niveau.

 

Regard sur les caricaturistes assassinés. Ils étaient fantastiques et fabuleux. Le genre de personnes avec qui on a envie de passer une soirée. Je reconnais leur talent. Je le dis même si j’étais souvent en désaccord avec ce qu’ils faisaient. Mais ce n’était pas une raison de les tuer.

 


 

 

Caricaturiste au Défi Media Group
 

 

Zerom : «Il y a des tabous à Maurice»

 

Au moment de l’attentat. J’étais dans les rues de Port-Louis. Je me baladais. Quand je suis rentré, j’ai regardé les infos et j’ai vu ce qui se passait. J’étais sous le choc. C’était tellement irréel. J’ai suivi les événements pendant toute la soirée.

 

Ce que ça va changer. Je ne pense pas que ça va changer quoique ce soit pour la plupart des caricaturistes. Rares sont ceux qui vont aussi loin que ceux de Charlie Hebdo. Pour ma part, je continuerai mon travail comme d’habitude, en prenant en compte la diversité de Maurice et en y faisant attention. Il y a des tabous dans notre île et il faut l’accepter.

 

Regard sur les caricaturistes assassinés. Je connaissais leur travail. Ils étaient libres de s’exprimer. Je n’en dirai pas plus.

 


 

 

Caricaturiste au Défi Media Group

 

Abdul Kalla : «Si Charlie Hebdo me propose un poste, j’y vais !»

 

 

 

 

 

Au moment de l’attentat. Je travaillais de chez moi pour Le Défi. La radio joue tout le temps à la maison. À n’importe quelle heure, mon dessin peut changer. Alors, quand j’ai appris ce qui s’était passé, j’étais sous le choc ! Je me suis mis à dessiner.

 

Ce que ça va changer. À Maurice, nous avons des guidelines. Heureusement, il n’y a pas ce genre de situations. Nous sommes toujours là pour dénoncer. Ce qui s’est passé va animer un feu en nous pour que nous allions plus loin. La liberté de la presse doit être maintenue. La liberté de rire doit toujours exister. On doit pouvoir rire de tout. J’ai des amis caricaturistes qui ont dû quitter leurs pays à cause de persécutions. Ils n’ont pas cessé, pour autant, d’exercer leur métier. Je crois qu’aujourd’hui, ce sera le cas dans le monde.

 

Regard sur les caricaturistes assassinés. Je suivais leur travail depuis des années. Nous devons comprendre qu’en France, il existe une liberté d’expression qui n’est pas la même que Maurice, par exemple. Nous devons le comprendre. J’aurais aimé avoir cette liberté ici. Dans notre pays, on n’osera jamais toucher à la religion de peur de heurter les sensibilités. Si Charlie Hebdo me propose un poste, j’y vais !

 


 

 

 

À Maurice : hommage, minute de silence et soutien

 

Le rendez-vous est donné. La plate-forme #jesuischarlie – Hommage Mauricien organise, aujourd’hui, dimanche 11 janvier, une rencontre devant l’ambassade de France, à Port-Louis, à 11 heures. Un geste de solidarité pour les victimes de Charlie Hebdo et de la prise d’otage. Plus tôt, cette semaine, c’est à l’Institut français de Maurice qu’une minute de silence a été observée, le jeudi 8 janvier.

 

Par ailleurs, sir Anerood Jugnauth s’est exprimé sur les terribles événements qui ont eu lieu en France, cette semaine. C’était lors de son point de presse en fin de semaine. «Nous condamnons le plus sévèrement possible cet attentat», a-t-il déclaré. De plus, le gouvernement mauricien a fait parvenir un message de condoléances à François Hollande et aux familles des victimes de l’attentat du mercredi 7 janvier. D’autre part, Xavier-Luc Duval et Etienne Sinatambou ont, tous deux, signé le livre de  condoléances en hommage aux victimes du magazine Charlie Hebdo disponible à l’ambassade de France.