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Centrale à charbon à Pointe-aux-Caves - CT Power : les jeux ne sont pas faits

Yannick Cornet est d’avis que  le projet de centrale à charbon ne se concrétisera pas.

Épaisse fumée autour d’un projet controversé. La centrale à charbon de CT Power à Pointe-aux-Caves verra-t-elle le jour ou pas ? Impossible de le dire. Faut-il savoir décrypter les signaux de fumée pour trouver la réponse ? Le temps le dira. Pour l’instant, le contrat de ce projet, signé par le gouvernement de Navin Ramgoolam, a été remis au State Law Office (SLO) dans le but de découvrir d’éventuelles failles. Une étape importante, car s’il y a une simple rupture de contrat, les dédommagements qui devront être payés à CT Power s’élèveraient à plusieurs milliards de roupies. Une facture salée pour le nouveau gouvernement. Mais l’État mauricien est-il vraiment dans l’impasse ?

 

Pour le moment, le ministre des Utilités publiques, Ivan Collendavelloo, ne se prononce pas. Il préfère cultiver le flou. Néanmoins, la signature du contrat rend les choses plus compliquées : «Le maintien du projet ne dépend pas de moi. Il y a plusieurs aspects à voir.» Parmi : la menace d’un black-out qui n’est pas négligeable, selon lui. Au-delà de la centrale à charbon de CT Power, c’est toute la politique énergétique de l’île qui doit être revue. Des sources proches du dossier énergétique confient que la possibilité de construire une île artificielle, afin d’y placer la centrale, n’est pas exclue : «Le charbon permet de produire de l’électricité à un moindre coût. Ce serait compliqué de faire sans.»

 

Compliqué, mais pas impossible, estime Yannick Cornet, ancien membre de la Plateforme citoyenne qui milite contre les centrales à charbon et pour l’utilisation d’énergies plus vertes. Cet ingénieur maître en électronique et instrumentation a rejoint les rangs de l’Alliance Lepep lors des dernières législatives. Le dossier des énergies renouvelables, il le connaît sur le bout des doigts. Pour lui, il est nécessaire que le gouvernement en place s’intéresse aux initiatives de la région – de l’île de la Réunion, en particulier – et s’en inspire : «Nous pouvons compter sur nos bonnes relations avec la France. La technologie est à deux pas de chez nous. Il ne tient qu’à nous d’en profiter.»

 

Pour ce militant écologiste, il y a de nombreuses possibilités vertes à Maurice : «Le soleil, les marées, le vent… Il suffit d’y penser et de se donner les moyens d’y arriver.» Il serait également nécessaire de modifier la pensée énergétique actuelle : «C’est une logique de surconsommation. Il faudrait miser sur l’efficience énergétique et œuvrer pour faire des économies d’énergie. Et non vouloir en produire à tout prix par peur d’un hypothétique black-out.»

 

Go green ! Avec ou sans CT Power, estime-t-il. Surtout sans. Yannick Cornet n’envisage pas que la centrale à charbon voit le jour. Pour lui, c’est tout simplement «impossible». Et cela, malgré les puissants lobbies qui oeuvrent en faveur de ce projet et les différentes rumeurs qui laissent entendre que la mise en chantier de cette centrale à charbon is a done deal. Lui croit en la capacité des dirigeants de l’Alliance Lepep d’œuvrer pour le bien-être des Mauriciens. D’ailleurs, il se met à leur disposition afin de les guider sur la route de l’énergie verte. Il a d’ailleurs écrit au ministère de l’Environnement pour obtenir une rencontre. Pour l’instant, pas de réponse. Mais il ne perd pas espoir.

 

Il sait que le nouveau gouvernement a à cœur l’intérêt de la population : «L’électricité achetée à CT Power, avec ses coûts cachés, notamment concernant la santé, reviendra beaucoup plus cher que prévu. Et l’Alliance Lepep veut se battre contre le gaspillage.» De plus, il estime que l’Environmental Impact Assessment (EIA) Licence accordée à CT Power est un «cadeau empoisonné» grâce aux 31 conditions qui y sont rattachées. «Prenons un exemple : il faudrait que les promoteurs mettent en place un Liaison Committee avec les habitants de la région concernée. Ce comité n’a jamais vu le jour. Tant qu’il n’existe pas, le projet ne pourra pas se concrétiser», explique-t-il. Mais ce n’est pas le seul frein au projet envisageable : «Même si le SLO ne trouve pas de faille dans le contrat et que les 31 conditions sont remplies, cela ne voudra pas dire que la centrale à charbon sera construite.»

 

Comment ? Tout simplement parce qu’il y a d’autres étapes à suivre, explique Yannick Cornet : «Ça prendra encore plus de temps parce que les promoteurs ont demandé que des changements majeurs, concernant le système de refroidissement, par exemple, soient effectués. Ils ne veulent plus utiliser l’eau de mer, mais de l’air. Aucune étude n’a été réalisée pour démontrer si c’était possible.»

 

Il faudrait donc que le ministère de l’Environnement valide le projet et ses modifications : «Il faudra alors négocier un nouveau EIA Licence.» Mais d’abord, le ministère des Finances devra vérifier les sources de financement (après le travail du SLO). En dernier lieu, les autorités locales devront délivrer un building permit à CT Power. Alors, pour Yannick Cornet, il faudrait que les différents ministères concernés se rencontrent et se consultent sur le sujet : «Mais ça viendra. Le gouvernement s’occupe des dossiers par ordre de priorité. Le tour de CT Power arrivera.»

 

Les militants écologistes de la Plateforme citoyenne, du Kolektif Lenerzi Renouvlab (KLR) et de la People’s Coalition Cooperative Renewal Energy espèrent aussi que CT Power ne verra pas le jour. Michel Chiffonne, un des porte-parole de Rezistans ek Alternativ, et Yan Hookoomsing, militant écologique, ont d’ailleurs écrit à Ivan Collendavelloo pour lui rafraîchir la mémoire. Lors de la campagne électorale, des députés de la circonscription de Grande-Rivière-Nord-Ouest/Port-Louis Ouest (n° 1) ont assuré qu’il n’y aurait pas de centrale à charbon. Fabiani Balisson, de la Plateforme, estime que la mise en chantier ou non de la centrale à charbon est, avant tout, une décision politique : «Ce projet n’est tributaire que d’une décision politique. Ce sera le test de crédibilité de la nouvelle équipe dirigeante. Will they walk the talk or not ?»

 

Il faudra encore patienter pour obtenir une réponse à cette question. Lorsque l’épaisse fumée autour de ce projet se dissipera…