Le jeune homme s’en est sorti avec plusieurs points de suture sur différentes parties de son corps.
Le jeunehomme revient de loin, de très loin même. Rigory Jeannot a été brutalisé par un groupe de travailleurs bangladais. Son agression a déclenché une émeute à la suite de laquelle plusieurs personnes, parmi son frère, ont été arrêtées. Toujours sous le choc, la victime témoigne de sa terrible mésaventure.
Pendant toute sa vie il se souviendra de ce jour-là. Rigory Jeannot, âgé de 22 ans, a frôlé la mort de très près dans la nuit du samedi 15 septembre. Ce jour-là, il a été sauvagement tabassé par un groupe de travailleurs bangladais à Roche-Bois, soit à proximité de la passerelle de la localité. Après avoir passé un jour dans une clinique de la capitale, il a finalement regagné son domicile. Toutefois, il ne s’est pas remis de ses blessures – causées notamment par des coups de barres de fer, de tessons de bouteilles et d’armes tranchantes – de cette terrible mésaventure, il s’est rendu à l’hôpital où on lui a fait plusieurs points de suture à l’oreille droite, à la tête et sur d’autres parties du corps. Encore sous le choc, Rigory raconte son calvaire.
«Je revenais de chez mon père à Camp-Zoulou, Roche-Bois. J’avais été» prendre des vêtements pour aller travailler le lendemain matin. Alors que je traversais la passerelle, j’ai aperçu un groupe de Bangladais qui parlaient très fort entre eux. Je sentais qu’il y avait quelque chose d’anormal. Mais j’ai continué ma route. Une fois descendu de la passerelle, j’ai entendu des cris. Lorsque je me suis retourné, j’ai les ai vus qui tenaient toutes sortes d’objets entre les mains. Ils se sont jetés sur moi et m’ont roué de coups sans raison», confie Rigory Jeannot.
Se tordant de douleur, le jeune homme supplie ses ravisseurs de le laisser partir. Mais ils se mettent à le battre de plus belle, se remémore Rigory. «Ils m’ont mis une chaîne en métal autour du cou. À mon avis, c’était une laisse pour chien. Ils m’ont ensuite traîné sur plusieurs mètres. Puis, ils ont essayé de me fracasser le crâne avec une grosse pierre. Je ne sais pas comment j’ai fait, mais j’ai pu éviter qu’elle me touche au visage. Ils ont aussi tenté de m’emmener au rez-de-chaussée de leur maison pour me battre. Mais c’est alors que quelqu’un est venu à mon secours», se souvient Rigory qui ne cesse de remercier Dieu d’être encore en vie.
Son sauveur serait un ressortissant bangladais, soit le cousin du patron de ses agresseurs. «Il a réussi à me sortir de là. Il me connaissait de vue. C’est lui qui m’a conduit à l’hôpital Jeetoo», raconte-t-il. Cette histoire a suscité la colère des habitants de Roche-Bois et a provoqué une émeute le dimanche 16 septembre. Les forces de l’ordre ont alors été mandées sur les lieux. Ces dernières ont dû avoir recours au gaz lacrymogène pour disperser la foule. Mais certains badauds n’ont pas été intimidés par la forte mobilisation policière. Ils ont lancé des projectiles sur les policiers, blessant au passage deux officiers. Des véhicules de la police ont également été endommagés alors que la maison qu’occupaient les Bangladais a été pillée par les habitants de la localité. Les Bangladais, pour leur part, ont été conduits dans un endroit sûr pour éviter d’autres représailles.
Une soixantaine d’entre eux, soupçonnés d’avoir participé à l’agression de Rigory, ont été arrêtés. Mohammed Shahid Alam, Shamim et Jolil, âgés entre 24 et 29 ans, ont été formellement identifiés par la victime. Ils ont été libérés mercredi, après une comparution devant la cour correctionnelle de Port-Louis. Ils répondent d’une accusation provisoire d’Assault with premeditation.
Rigory, pour sa part, est totalement abattu. Par sa mauvaise expérience certes, mais aussi parce que son frère Gregory, âgé de 23 ans, est derrière les barreaux à cause de cette émeute. «Il était déjà en liberté conditionnelle. Lors de sa comparution en cour, la police a objecté à sa remise en liberté. Il a été au cœur de cette émeute car il était révolté par ce qui m’était arrivé. J’implore les autorités pour qu’il retrouve la liberté. N’importe quelle personne aurait agi comme lui dans une telle situation», soutient Rigory. Tout comme le frère de Rigory, plusieurs habitants de Roche-Bois ont été arrêtés dans le sillage de cette émeute. Si quelques-uns ont recouvré la liberté conditionnelle, d’autres sont toujours incarcérés. La raison : ils étaient déjà en liberté conditionnelle.