Sheik Jaffulah Choonee était employé à la MMA depuis vingt-quatre ans.
Il était un spécialiste de l’abattage de boeufs. Mais sa dernière mission lui a malheureusement coûté la vie car lors d’une opération, l’animal s’est retourné contre lui avant de l’agresser mortellement.
Il avait un rêve. Celui de se rendre à La Mecque. Hélas, il ne réalisera jamais ce pèlerinage qui lui tenait tant à cœur. Sheik Jaffulah Choonee, 51 ans, un habitant de cité Martial, est décédé dans des circonstances atroces, mercredi. Ce boucher a été tué par un bœuf qu’il menait à l’abattoir. Pourtant, il connaissait son métier sur le bout des doigts. Après 24 ans à la Mauritius Meat Authority (MMA), il était devenu un spécialiste de l’abattage de bœufs. Il est d’ailleurs décrit comme un «travailleur exemplaire qui maîtrisait les techniques de l’abattage à la perfection» par Anil Balgobin, le General Manager de la MMA, qui déplore vivement cet accident.
Tout comme Dilamy Edoo, le responsable de l’abattoir, qui revient sur les circonstances du drame qui s’est joué vers 5 heures du matin. «Jaffulah avait la responsabilité de conduire l’animal à l’abattoir. Mais au moment où il s’est retourné pour emprunter un couloir afin de regagner son lieu de travail, l’animal l’a pourchassé et l’a traîné sur plusieurs mètres avant de le projeter violemment contre une barre de fer», avance notre interlocuteur qui déplore vivement cet accident. Après autopsie, le décès de la victime a été attribué à un cranio cerebral injury.
Chez la famille de la victime à cité Martial, c’est la consternation. Ses six frères et sœurs n’arrivent pas à encaisser ce terrible coup dur. Raffik Choonee, le frère aîné de la victime, inconsolable, se fait le porte-parole des siens. Il regrette surtout une chose : que son frère ne puisse réaliser son rêve d’aller à La Mecque l’année prochaine. «Cette année, ma sœur y va ainsi que d’autres membres de la famille. Mon frère aussi voulait y aller cette année. Mais finalement, il avait renvoyé son voyage à l’année prochaine. Mais le malheur s’est acharné sur lui. Jaffulah n’ira jamais à La Mecque. Je ferai le pèlerinage en son nom l’année prochaine. Je ne me remettrai jamais de ce drame», avance-t-il, la voix nouée de chagrin.
Il n’arrive pas à croire que son frère est décédé, surtout dans des circonstances pareilles. «Mon frère était célibataire. Il a toujours consacré la majeure partie de son temps à son travail. Le jour du drame, il a quitté la maison vers 4 heures du matin, . Je ne l’ai pas vu ce matin-là. Par contre, la veille on s’est parlé. Il était en pleine forme et me parlait de ses projets. Il construisait une pièce spéciale au rez-de-chaussée qui aurait servi pour deux occasions précises : pour la fête de kurbani, le sacrifice d’Abraham, et pour accueillir des personnes en cas de mortalité dans la famille. Mais le destin a voulu que ce soit lui qui y entre en premier», soutient l’homme qui n’arrive pas à contenir ses émotions.
Selon Raffik Choonee, son frère était très populaire dans sa localité. «Il faisait du travail social, il aidait les plus démunis. Puis, il a pendant longtemps été un activiste politique, un monde qui le passionne.» Tous ceux qui connaissaient Jaffulah, souligne Raffik Choonee, le regrettent aujourd’hui amèrement, notamment à la MMA. Du côté de cet organisme, on laisse entendre que c’est la première fois qu’un tel accident se produit. Selon Anil Balgobin, toutes les mesures de sécurité avaient été prises lors de cette opération qui a malheureusement causé mort d’homme. «Toutes les normes de Health & Safety ont été respectées. Ce qui s’est passé est un malheureux incident qui a coûté la vie à un travailleur exemplaire. Nous n’avons rien à cacher. Nous sommes ouverts aux enquêteurs pour des informations supplémentaire si nécessaires. Je présente aussi mes sympathies à la famille du défunt», avance-t-il.
Une famille qui n’a pas fini de pleurer cet être cher et tant aimé.