Charlotte est heureuse d’avoir partagé des moments de découvertes avec Rachid.
Thomas (à dr.) et Cedki, son nouvel ami tunisien.
Pendant dix jours, de jeunes Tunisiens et Mauriciens, amoureux du théâtre, ont appris à se connaître grâce à un échange qui leur a permis de partager et de vivre plusieurs expériences mémorables. Récit d’une belle aventure…
Un lien solide s’est créé. Quelque chose de fort s’est construit autour d’une passion commune : le théâtre. Des affinités ont rapproché deux cultures. Un partage a rassemblé des jeunes d’horizons divers. Et au final, un échange entre ados d’ici et d’ailleurs a donné suite à une belle histoire d’amitié… entre la Tunisie et Maurice.
Tout est parti d’une rencontre à St-Malo, lors du Festival européen du théâtre lycéen francophone, en mars. Deux bandes de jeunes se rencontrent et découvrent très vite qu’ils ont tout à gagner à travailler ensemble sur une pièce de théâtre. C’est alors que l’idée d’un échange entre la Tunisie et Maurice (avec les élèves du Lycée Labourdonnais) voit le jour. Et le 3 septembre, ils sont dix Tunisiens - cinq filles et cinq garçons – à traverser les océans pour venir découvrir une toute petite île qu’ils ne connaissaient, jusque-là, qu’à travers Internet. Si au départ, tout les opposait, aujourd’hui, ils se sont rendu compte que beaucoup de choses les unissaient, au-delà de leur réalité, des religions et de la distance qui sépare les deux pays.
Placés dans des familles mauriciennes, ces dix jeunes gens dont le pays est passé, ces derniers temps, par des moments difficiles – entre protestations à caractère social, révolutions et contestations à l’encontre d’un gouvernement islamiste – ont vécu, pendant 10 jours, à l’heure locale, allant de découverte en découverte. Au cours de leur séjour, ils ont eu l’occasion de partager leur vécu mais aussi leurs conditions de vie en Tunisie.
«J’ai passé une très belle semaine au sein d’une famille sympathique, et grâce à ma rencontre avec Thomas Fanchin, celui chez qui je vivais, je retourne dans mon pays en ayant la conviction d’avoir trouvé un très bon ami qui partage les mêmes valeurs que moi», nous confie Cedki Masmoudi, 17 ans, qui, comme ses autres amis, a regagné la Tunisie mercredi dernier. Il est reparti avec des souvenirs plein la tête : «Les belles plages de Maurice, les bons plats que me concoctait la maman de Thomas mais aussi les longues promenades et les discussions avec mon tout nouvel ami.»
«Comme à la maison»
Thomas aussi, de son côté, n’est pas près d’oublier ces dernières journées bien remplies, en compagnie de son invité spécial : «Au-delà des tristes événements qui ont secoué son pays ces derniers temps, Cedki m’a donné envie de découvrir son pays. Il en parlait avec tellement d’amour qu’il a su aiguiser ma curiosité et depuis, je n’ai qu’une envie, aller visiter ce pays riche en histoire.»
Charlotte Moothooveeren, 16 ans, s’est dit très triste que cette semaine soit déjà terminée : «Je n’ai pas vu passer le temps tellement ces derniers jours ont été rythmés par des activités.» Rachid Hentati, 16 ans, qui avait posé ses valises chez elle, gardera à jamais de bons souvenirs de ses escapades à Blue-Bay, à Flic-en-Flac, en boîte de nuit ou encore à flâner dans les rues de Port-Louis et dans les magasins de Bagatelle. Derrière ce programme chargé se cachent Mouna Jamoussi, Jean-François Achille et Kevin Bissoonauth. Ces enseignants se sont donné corps et âme pour que cet échange se passe très bien.
Bien que la Tunisie se trouve à des kilomètres de Maurice, ces jeunes férus de théâtre se sont aperçus que leurs deux pays avaient pas mal de choses en commun. «Je trouve que les familles mauriciennes sont très soudées et que les enfants sont très proches de leurs parents, comme chez moi en Tunisie. Ailleurs, en France par exemple, les jeunes s’émancipent très vite», fait ressortir Zeineb Mhiri, 17 ans. Ilyes Kammoun, 18 ans, est du même avis. Il trouve aussi que les «Mauriciens sont très débrouillards, tout comme les Tunisiens» : «J’en ai pris plein la vue tant il y a de belles choses chez vous, mais je me suis aussi rendu compte que finalement, nous, les jeunes Tunisiens et Mauriciens, ne sommes pas si différents les uns des autres. C’est pour cela que je me suis senti comme à la maison et mon rêve, c’est de revenir un jour dans cette petite île où l’harmonie sociale est admirable.»
Ce n’est pas Vincent Duvergé, 17 ans, son ami mauricien, qui lui fermerait les portes de sa maison si demain il revenait lui rendre visite : «Il peut revenir quand il veut. Grâce à lui, j’ai maintenant une autre vision de la vie en Tunisie. Comme partout ailleurs, c’est un pays avec de bons et des mauvais côtés mais moi, je garde en tête la belle histoire d’amitié entre la Tunisie et Maurice… »