Mala Bonomaully
Un garçonnet de 11 ans, des adolescents et cette semaine un jeune de 15 ans, un Trainee prison officer de 29 ans et un chauffeur de 50 ans. Ils sont nombreux à s’être donnés la mort depuis le début de l’année. Alors que la Journée mondiale de la prévention du suicide sera observée demain, Mala Bonomaully, présidente de Befrienders, nous parle de la situation à Maurice.
Qu’est-ce qui frappe dans les derniers cas de suicide enregistrés ?
Les gens se sentent de plus en plus seuls et dépressifs. C’est un fait qui touche toutes les classes sociales, peu importe le sexe ou les tranches d’âge. Beaucoup de personnes ont des problèmes émotionnels auxquels ils ne peuvent faire face, et l’absence de support entraîne ainsi une perte d’énergie, un changement dans la façon de percevoir la vie et, à un certain moment, vivre devient un fardeau.
La situation économique à Maurice augmente le stress financier et les Mauriciens doivent ainsi travailler dur pour survivre car c’est de plus en plus difficile d’avoir une vie stable et les gens ont du mal à trouver le temps et l’énergie pour maintenir un certain niveau de vie. Les jeunes réalisent qu’il est de plus en plus difficile de faire face à un monde où la compétition prévaut. Le suicide devient alors comme un appel au secours.
Ces derniers temps, beaucoup de jeunes ont mis fin à leur jour. Qu’est-ce qui explique, selon vous, ce phénomène ?
Il y a eu définitivement une hausse du taux de suicides chez les jeunes. Cela a été très choquant d’apprendre qu’un garçonnet de 11 ans s’était donné la mort. De nos jours, les enfants grandissent très vite. On ne peut comparer un enfant qui a 11 ans en 2012 à un gosse du même âge d’il y a dix ans. À travers la technologie, l’éducation, l’opportunité de voyager et de voir d’autres cieux, nos enfants grandissent plus vite. Ils sont conscients la réalité de la vie et ressentent très tôt la douleur, la solitude, la frustration de même que des déceptions amoureuses qui surviennent bien trop tôt et qui les poussent ainsi à perdre confiance en eux-mêmes.
Pouvez-vous nous rappeler comment fonctionne Befrienders ?
On fait de l’écoute active et nous offrons un support émotionnel aux personnes qui se sentent seules et qui sont désespérées : deux états d’esprit qui poussent souvent au suicide. On a formé des volontaires et nous avons ainsi une hotline, le 800 9393, qui est disponible 7 jours sur 7.
Dans le cadre de la Journée mondiale de la prévention du suicide, quel est le message que vous souhaitez faire passer ?
Je dirais aux Mauriciens qu’il faut croire en la vie et chercher de l’aide si jamais l’on se sent mal. Le suicide n’est pas une solution. Si jamais vous n’avez personne pour vous écouter et à qui vous confier quand ça ne va pas, n’oubliez pas que Befrienders est là pour vous.