«La force de caractère de ma fille m’a étonnée et m’étonne toujours», dit Ginette Balancy.
C’est debout, le 24 août dernier, qu’Ashley a soufflé les bougies pour son anniversaire. Et elle a pu aussi passer toute une journée à faire du kayak.
Le 5 avril 2009, une jeune femme pleine d’ambition se retrouve clouée au lit après un accident de la route qui a endommagé sa colonne vertébrale. Et alors que les médecins sont pessimistes, elle décide de ne pas baisser les bras et livre depuis une véritable bataille. Aujourd’hui, trois ans plus tard, sa mère qui a toujours été à ses côtés, dit toute la fierté qu’elle éprouve pour celle qui s’est révélée être une grande battante.
Elle aurait pu jeter les armes. Abandonner. Se laisser gagner par le découragement. En vouloir à la terre entière. Se demander encore et encore pourquoi cela arrivait à sa famille… Mais en ce matin du 5 avril 2009, lorsqu’elle a appris que sa fille avait été victime d’un accident de la route et qu’elle avait été touchée à la colonne vertébrale, Ginette Balancy a choisi de croire. De croire en la vie, en l’amour mais surtout de croire en Ashley, celle que plusieurs médecins, à Maurice comme en France, condamnaient à rester au lit à la suite du drame.
Mais voilà, la jeune femme alors âgée de 23 ans – ex-Miss Madison – devait choisir de se battre... avec comme ultime but de gagner et de défier les diagnostics. Et face à cette détermination et au chemin parcouru durant ces derniers trois ans, Ginette n’a pu résister à l’idée de rendre un vibrant hommage à sa «petite fille» qui pour elle est un vrai modèle de courage, se révélant chaque jour, faisant fi de son handicap pour s’affirmer.
«Lorsque, après plusieurs interventions à Maurice, Ashley devait réaliser qu’elle ne sentait plus ses jambes, elle avait toutes les raisons du monde de s’effondrer, mais j’ai vu qu’elle s’accrochait, qu’elle luttait et qu’elle avait de l’espoir, et j’ai su que sa vie n’allait pas s’arrêter là. Aujourd’hui, j’ai eu raison d’y croire», témoigne Ginette avec émotion. Si elle a retrouvé foi en l’avenir, c’est grâce aux grands progrès accomplis par la benjamine de ses trois filles. Car, il y a à peine deux semaines, le 24 août denier, c’est debout qu’Ashley a soufflé ses 26 bougies : «C’était incroyable. Mais connaissant ma fille, je savais qu’elle allait pouvoir le faire. Son thérapeute s’était fixé comme objectif de lui permettre de se tenir sur ses deux jambes pour son anniversaire et Ashley a relevé le défi haut la main.»
C’est avec de l’admiration dans les yeux que Ginette parle de sa fille qu’elle a redécouverte depuis son accident : «Sa force de caractère m’a étonnée et m’étonne toujours.» Bien que ce fût difficile, bien qu’il ait fallu bouleverser tout leur quotidien : quitter Maurice pour se rendre à Paris puis aux États-Unis pour permettre à Ashley de suivre un traitement adéquat, Ginette sait qu’elle a eu raison, tout comme sa fille, de tenter le tout pour le tout : «C’était évident que je quitte tout pour permettre à mon enfant de retrouver la joie de vivre.» Et c’est guidée, dit-elle, par le sourire d’Ashley et par sa volonté de fer, que Ginette a aussi mené le combat : «Je ne sais pas si j’aurais pu affronter tout cela si Ashley ne m’avait pas transmis sa force.»
Lutte perpétuelle
Elle se souvient particulièrement d’une conversation avec un médecin à Paris : «Je lui ai demandé si l’état d’Ashley avait des chances de s’améliorer, et il m’a répondu que non. Je vous avoue que ce jour-là, j’aurais été capable du pire si je ne m’étais pas retenue.» Mais Ashley, tout comme Ginette, ne pouvait pas se contenter d’une telle réponse. C’est sur les conseils d’un proche qu’elles décident ainsi de mettre le cap sur les USA, plus précisément vers l’association Journey forward, un centre spécialisé qui soigne des personnes qui ont des problèmes à la colonne vertébrale : «On avait vu que l’institution proposait des thérapies qui pouvaient déboucher sur des résultats.»
Après trois années d’efforts acharnés, de lutte perpétuelle contre elle-même, Ashley, raconte sa mère, a aujourd’hui accompli d’énormes progrès pour le plus grand bonheur de Ginette qui est depuis retournée à Maurice : «Avant, elle ne pouvait même pas s’asseoir sur un banc, aujourd’hui elle peut le faire. Elle se déplace en fauteuil roulant et peut vaquer à ses occupations diverses par elle-même. Pour ses 26 ans, elle a pu aussi faire du kayak. Elle vit désormais toute seule dans son appartement. Elle cuisine, elle sort faire ses courses et ses petites emplettes et mène tranquillement sa petite vie tout en continuant ses thérapies et en accomplissant chaque jour d’autres petits pas qui ne peuvent qu’être bon signe pour la suite de sa guérison. Ashley sait que la bataille sera dure et longue mais elle continuera à se battre. Son objectif d’ailleurs, c’est de rentrer un jour à Maurice sur ses deux pieds.»
Si Ginette a voulu rendre un hommage à sa fille et aux progrès qu’elle accomplit, c’est aussi, dit-elle, pour donner du courage à ces personnes et à ces familles qui connaissent aussi cette réalité: «C’est vrai, les traitements sont chers, c’est pénible mais maintenant, grâce à Ashley, je le sais... tout peut arriver...» La mère et la fille ne sont pas prêtes à jeter les armes.