«À force de protéger l’accusé, c’est la victime qui devient, une deuxième fois, victime»
Le président de Victim Support Mauritius (VSM), Raj Moothoosamy, fait le point sur la récente déclaration du commissaire de police, Dhun Iswar Rampersad. Ce dernier a affirmé, lors du lancement de la Security Week, cette semaine,
que le taux de criminalité avait baissé de 16 % depuis 2008…
Un taux de criminalité en baisse. Qu’en pensez-vous ?
À VSM, nous travaillons sur le terrain et nous sommes prêts à croire qu’il y a une baisse du taux de criminalité. D’ailleurs, il y a légèrement moins de cas qui nous sont rapportés. Néanmoins, il serait important de savoir dans quelle catégorie de crime cette baisse a été notée. Parce que si le taux de criminalité n’est plus aussi élevé, le nombre de crimes atroces a, lui, augmenté. De nos jours, c’est sans pitié que certaines personnes tuent.
De nombreux Mauriciens estiment, eux, qu’il y a plus de crimes…
Pour comprendre la perception du public, il faut voir les choses de manière globale. Dans les années 70, si un crime avait lieu dans le sud de l’île, il fallait quelques semaines avant que la nouvelle ne se propage jusqu’au Nord. Aujourd’hui, les informations circulent en quelques secondes. Il est difficile de ne pas entendre et lire des comptes-rendus de crime à la radio ou dans les journaux. C’est pour cela que de nombreux Mauriciens pensent qu’il y a plus de crimes.
Quel est l’apport de VSM pour réduire la criminalité ?
La prévention d’abord. La VSM participer à la Security Week à Rose-Hill, organisée par la police cette semaine. C’est ce que nous faisons. Nous tentons de conscientiser la population. D’abord pour qu’au quotidien, les gens ne donnent pas la possibilité aux criminels de leur faire du mal. Les prédateurs sont partout. C’est à chacun d’entre nous de ne pas leur donner d’opportunité.
Quelles actions préconise l’association ?
Il est nécessaire de revoir les lois. Celles-ci ne sont pas assez dissuasives et ne font pas peur aux futurs criminels ! Nous ne préconisons pas le retour à la peine de mort. Mais, il serait nécessaire d’arrêter de se focaliser sur les droits des accusés et de placer les victimes au centre du système. À force de protéger l’accusé, c’est la victime qui devient, une deuxième fois, victime.
Il est également grand temps que les policiers soient syndiqués afin qu’ils puissent réclamer de meilleures conditions de travail. Ils peuvent faire mieux mais il faut leur donner des moyens adéquats et les protéger. Avec une police plus efficace, le taux de criminalité baissera.
Nous souhaitons discuter avec le gouvernement afin de rendre l’île plus secure. Mais il semble qu’il ne s’agit pas là de sa priorité. Pourtant, d’autres associations avec lesquelles nous travaillons souhaitent venir à Maurice pour nous éclairer. Vous savez, dans notre maison, on peut avoir l’impression que tout est en ordre, il suffit d’avoir un regard étranger pour réaliser que tel n’est pas le cas…