Rita Devi Ramdhony et son avocat Me Ramchurn au tribunal de Mapou durant la semaine écoulée.
Elle n’espère qu’une chose : que justice sera faite concernant la mort de son mari en détention policière. Mais pour l’heure, elle se dit déçue du déroulement de l’enquête judiciaire, instituée par le DPP, sur cette affaire. Jusqu’ici, dit-elle, tous ceux qui ont déposé ont laissé entendre que le détenu s’est suicidé, une thèse qu’elle récuse ardemment depuis le début.
C’est une femme en colère. Les trois premières séances de l’enquête judiciaire sur le décès de son époux – instituée par le Directeur des poursuites publiques (DPP) devant le tribunal de Mapou – cette semaine l’ont vivement déçue. «Les policiers qui ont déposé ont tous dit que mon époux s’était pendu. Mais moi je ne le crois pas. J’affirme une fois de plus que mon époux ne s’est pas suicidé. Je l’avais rencontré la veille du drame. Il m’avait parlé et avait le moral. Il m’avait dit qu’il allait vite rentrer à la maison. Comment quelqu’un qui promet de rentrer à la maison se suicide-t-il par la suite ? Il faut que la vérité éclate enfin. Je voudrais connaître la vérité, rien que la vérité», s’indigne Rita Devi Ramdhony.
Anand Kumar Ramdhony, un habitant de Plaine-des-Papayes âgé de 42 ans, avait été arrêté le 25 juillet 2011 pour le vol d’une montre. Une charge provisoire de possession of stolen property pesait sur lui. La police avait objecté à sa remise en liberté sous caution. Mais cinq jours plus tard, soit le 30 juillet, son corps sans vie sera retrouvé dans sa cellule.
Selon la police, l’homme se serait donné la mort alors qu’il était en détention au poste de police de Rivière-du-Rempart. Il se serait pendu à l’aide d’une corde fabriquée avec la toile qui recouvrait son matelas. La découverte macabre avait été faite le 30 juillet 2011, vers 4h45. Le rapport d’autopsie indique que le maçon est mort par asphyxie suite à la pendaison.
Mais depuis le drame, Rita Devi Ramdhony et ses enfants récusent avec force la thèse du suicide. La veuve a consigné une plainte au Police Complaints Investigation Bureau, le 5 août 2011, où elle fait état de plusieurs zones d’ombre entourant la fin tragique de son époux, comme par exemple des dates qui ne concorderaient pas concernant le jour du vol ou encore l’heure du décès de la victime qui est passée de 2 heures à 3 heures du matin à 4h45. Les Ramdhony se demandent aussi comment quelqu’un qui est en détention dans un poste de police peut déchirer le fourreau de son matelas pour fabriquer une corde et se pendre avec sans faire de bruit.
Rita Devi a également entamé des poursuites au civil contre l’État, par le biais de son avocat Me Viren Ramchurn, pour avoir des dommages au nom de ses filles Veeneeta et Priyanka et ses fils Vicky et Kevin. La veuve est d’avis que son époux a été injustement arrêté et n’a rien à voir avec cette histoire de vol. Me Ramchurn précise, pour sa part, que l’époux de sa cliente «était sous la responsabilité de la police au moment des faits» qui devait s’assurer que ses droits fondamentaux soient respectés.
Maintenant, la veuve Ramdhony n’attend qu’une chose : que «la vérité éclate» par le biais de l’enquête judiciaire. L’audition des témoins reprend le vendredi 7 septembre.
L’affaire Roches-Noires
À un moment, certains politiciens allègueront, à travers des questions parlementaires et dans des déclarations publiques, qu’Anand Kumar Ramdhony avait en fait été arrêté pour le vol de la Rolex du Premier ministre dans un bungalow appartenant à celui-ci à Roches-Noires. Fait qu’a toujours récusé Navin Ramgoolam, notamment lors d’une conférence de presse, où il montrera sa Rolex aux journalistes en affirmant qu’elle n’a aucunement été volée et qu’il n’y en a qu’une à Maurice comme la sienne.