La fille de la victime (à dr.) est marquée à vie par ce drame.
Yessoo Veeranah (à dr.) a avoué avoir tué son épouse.
En 2005, l’une avait été tuée puis enterrée dans un cimetière alors que l’autre avait été assassiné lors d’un braquage sur son lieu de travail à la MCB. Sept ans après, les procès de leurs présumés meurtriers sont finalement pris aux assises. Les familles Ramanah
et Lagesse n’attendent qu’une chose : que justice soit enfin rendue.
Jeevan, le père de Nisha : «Le meurtrier de ma fille doit récolter la peine maximale»
Elle aurait fêté ses 36 ans, le 25 juin dernier. Hélas, il y a bientôt sept ans, elle a quitté ce monde subitement, dans des circonstances horribles. Le corps de Nisha Veeranah avait été retrouvé, enterré dans une tombe au cimetière St-Martin, le 23 novembre 2005, alors que la jeune femme était portée disparue depuis le 5 du même mois. Nishal Ramanah, le frère de la défunte, s’en souvient comme-ci c’était hier : «Mes parents et ma sœur n’ont pu voir le visage de Nisha car son corps était couvert de bandages.»
Yessoo Veeranah, l’époux de la victime, a avoué par la suite avoir tué cette dernière en coinçant sa tête entre ses jambes et les deux sièges avant de sa voiture. Lors de son procès, Yessoo avait plaidé coupable, arguant cependant qu’il s’agissait d’un accident. Par ailleurs, la charge d’assassinat qui pesait sur lui a été réduite à celle de manslaughter dans la mesure où la police n’a pu prouver qu’il y avait eu préméditation. Lorsque l’affaire a été appelée aux assises le lundi 13 août, Yessoo Veeramah qui étudiait la médecine à l’époque du drame, a gardé le silence lorsqu’on lui a lu la charge qui pèse sur lui. Le procès sera entendu à partir de demain, 20 août.
Les proches de son épouse, eux, attendent depuis sept longues et douloureuses années que justice soit rendue à celle-ci. Après la mort de Nisha, leur vie a viré au cauchemar. Depuis, ils vivent au quotidien avec une peine immense qu’ils espèrent voir s’atténuer lorsque le responsable de sa mort sera enfin condamné. «Nous ne pouvons nous battre contre le judiciaire mais on laisse la justice et Dieu faire leur travail. L’époux de ma fille doit récolter la peine maximale pour ce qu’il a fait. Notre famille est restée triste. On est tous toujours très affectés. Ma femme est la plus touchée. Elle est devenue dépressive. Ma mère, qui a 90 ans, vit aussi dans une grande tristesse», confie Jeevan Ramanah, le père de Nisha, qui n’arrête pas de pleurer la disparition de sa fille.
Nita, la sœur aîné de Nisha, est également très éprouvée par ce drame qui date de sept ans : «Il ne se passe pas un jour sans qu’on ne pense à elle. Elle a connu une fin tragique alors qu’elle avait des projets plein la tête.» Nita raconte que sa soeur prenait des cours en comptabilité (Association of Chartered Certified Accountants) car elle voulait devenir expert-comptable. Elle voulait réussir sa vie. D’ailleurs, elle avait comme projet de poursuivre ses cours après son mariage avec Yessoo Veeranah. Elle voulait aller en Angleterre avec celui-ci, car elle disait que là-bas, les cours étaient de meilleure qualité. Mais elle a quitté ce monde brutalement sans avoir pu concrétiser ses projets.
Deux autres suspects avaient été arrêtés suite à son meurtre : la tante de son époux ainsi qu’un présumé sorcier et l’épouse de celui-ci. Ils font l’objet d’une charge provisoire de «aiding and abetting in a commission of a crime». La police leur reproche d’avoir aidé Yessoo à dissimuler le cadavre de sa femme. C’est la MCIT, menée par le défunt SP Raddhoa, qui avait élucidé cette affaire qui reste toujours dans les mémoires.
Bénédicte, la fille de Gérald : «Il y a des jours où j’ai envie de pleurer sans arrêt»
Elle est toujours meurtrie par une immense douleur. Sept ans plus tard, Bénédicte, la fille unique de Gérald Lagesse, âgée de 29 ans, peine encore à se remettre du décès tragique de son père, tué lors du braquage de la MCB, le 11 février 2005. Les présumés meurtriers de celui-ci, Jiawed Ruhumatally, Steeve Monvoisin et Laval Sambacaille, connaîtront la date du début de leur procès aux assises demain.
Pour Bénédicte Lagesse, partagée entre colère et chagrin, il est plus que temps que justice soit faite : «C’est dur pour nous tous. J’ai connu des hauts et des bas depuis ce drame. Il y a des jours où ça va et d’autres non. Une chose est sûre : je ne veux pas voir les présumés meurtriers de mon père mais justice doit être faite. Cela a fait sept ans, le 11 février, que j’ai perdu mon père tragiquement. Je pense toujours à lui. Je pense aussi aux circonstances atroces entourant sa mort. Cela me révolte toujours. Dans mes moments de faiblesse, je fais de mon mieux pour rester forte par amour pour mon fils Dylan. Il y a des jours où j’ai envie de pleurer sans arrêt.»
Les dernières minutes passées avec son père sont toujours fraîches dans sa mémoire : «À l’époque, je travaillais dans un hôtel du Sud. Je devais quitter la maison vers 5h45 pour prendre le transport. Mon père m’a fait la bise avant de me dire au revoir et bonne journée. Lorsque je l’ai revu, il était dans un cercueil. Je suis marquée à vie même si j’ai beaucoup de bons souvenirs avec lui, entre autres, nos nombreuses parties de pêche à Roches-Noires à l’époque où mes grands-parents avaient un bungalow là-bas.»
Ce qui révolte aussi Bénédicte, c’est l’état dans lequel son père était après son décès : «Il était méconnaissable. Son visage était boursoufflé. Il avait aussi perdu des dents et portait plusieurs blessures sur plusieurs parties du corps. Ma mère Frédérique et moi sommes toujours traumatisées. Mon père ne méritait pas de finir ainsi. Il était quelqu’un de simple, populaire, qui aimait faire des plaisanteries. Il savait aussi se faire respecter. Sa plus grande passion était la pêche.»
Le 11 février 2005, le corps sans vie de Gérald Lagesse, 49 ans, Customer Service Supervisor à la MCB, avait été retrouvé dans la salle des coffres de la banque. Lorsqu’on l’avait découvert, Gérald Lagesse avait les pieds et les mains ligotés avec du ruban adhésif. Le défunt avait aussi du papier dans la bouche. Son corps était recouvert de sacs contenant des pièces de monnaie. L’autopsie a révélé que la victime était morte par asphyxie. C’est à la suite de ce drame que la MCB avait annoncé qu’une somme d’environ Rs 51,8 millions avait disparu de la chambre forte.
Il y a quatre ans, Bénédicte et sa mère ont entamé des poursuites contre la MCB, arguant que la banque est, en partie, responsable du décès de Gérald Lagesse eu égard à la sécurité. L’affaire sera entendue bientôt.
Deux autres gros procès aux assises
Outre les procès des meurtriers de Gérald Lagesse et Nisha Veeranah, d’autres affaires majeures seront aussi prises aux assises bientôt. Lors de la prochaine séance de cette instance, les procès sur le meurtre de Vanessa Lagesse commis en 2001 et celui de Denis Fine, tué en 2010, seront également entendus. Dans la première affaire, Bernard Maigrot est accusé d’avoir tué la styliste de Grand-Baie alors que dans la seconde, Sada Curpen est accusé d’avoir commandité l’assassinat du Mauricien qui vivait en France, avec la complicité de Princeley Steeve Patrick Serret, plus connu comme Poloco, qui serait le tireur et un certain Christophe Legrand.