Josette Marchal-Vexlard
Entre crise, arrivées touristiques en baisse et boycott de Maurice comme destination à la suite du jugement dans l’affaire Harte, ce secteur de notre économie passe par des moments difficiles. Josette Marchal-Vexlard, directrice des Lataniers bleus et présidente de la Commission petits et moyens hôtels (PMH) de l’AHRIM, nous donne son analyse de la situation.
Comment se porte actuellement notre industrie touristique, notamment les PMH ?
Je crois qu’on le dit un peu partout en ce moment : la situation est globalement difficile et la saison creuse tend à renforcer une certaine morosité. Les PMH, qui représentent une partie non négligeable des établissements touristiques à Maurice, n’en sont pas épargnés. Mais il est également vrai de se dire qu’avec la crise en Europe et une conjoncture économique difficile, les petits et moyens hôtels sont une alternative pour les budgets réduits. Il faut savoir que les moyens marketing qui permettent de vendre les chambres d’hôte et les résidences touristiques sont différents de ceux des hôtels. Nous ne passons pas par les agences ou les tours-opérateurs. Notre meilleur moyen de communication reste la recommandation, le bouche-à-oreille. Si un touriste est satisfait de son séjour, il devient un ambassadeur et ira vanter notre établissement auprès de son entourage.
Et, on retrouve aussi chez les PMH, le phénomène de repeaters. Notre côté convivial et chaleureux dans une structure à taille humaine, contribue à créer une atmosphère authentique qui plaît. La clientèle des PMH n’est pas celle des grands hôtels. Nos clients recherchent un accueil personnalisé et ont pris l’habitude d’acheter un vol sec. Nous ciblons donc un segment de marché qui n’est pas du tout celui des hôtels. Tout cela permet de mener tant bien que mal le business. Mais il faut souligner que comme partout ailleurs, certains ont dû faire des efforts en baissant les tarifs pour une stratégie de survie.
Dans un récent rapport, l’AHRIM publiait que le Sri Lanka, les Maldives ou encore Les Seychelles ont connu un taux de croissance de fréquentation de touristes, supérieur à celui de Maurice. Qu’est-ce qui explique ces chiffres ?
Cela a été dit et redit sur plusieurs forums. C’est un ensemble de facteurs, notamment l’accès aérien, la compétitivité de la destination – billet d’avion compris –, le positionnement comparatif de Maurice, les atouts environnementaux, entre autres. Pour Maurice, nous avons identifié les points sur lesquels nous devons nous concentrer et nous mettre au travail. Je suis confiante que les efforts à faire sont possibles et que nous pourrons améliorer notre situation. Le nouvel aéroport est un grand pas dans ce sens. Il est temps de suivre le mouvement.
Quelles sont les prévisions pour la fin de l’année ?
La baisse des arrivées touristiques venant d’Europe nous affecte directement. La grande majorité de nos clients viennent de France, d’Angleterre ou d’Allemagne. Et il n’est pas aussi facile pour nous de nous orienter tout de suite vers les marchés émergents. Nous n’avons pas toujours les ressources nécessaires pour redynamiser nos établissements avec du personnel adapté aux différentes nationalités de touristes. Nous sommes des propriétaires-directeurs, nous faisons tout, de la réception à la cuisine en passant par l’administration et la gestion du personnel. Nous avons déjà du mal à joindre les deux bouts. Néanmoins, notre grande force réside dans le fait que nos bookings se font tôt car les places sont limitées. Et puis, comme mentionné plus haut, nous comptons beaucoup sur les repeaters.