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Carte d’identité biométrique : Les résistants de l’ombre

En décidant, consciemment, de ne pas obtenir le nouveau document d’identité, ils s’élèvent contre lui. En silence, peut-être. Mais leur ténacité a forcé le gouvernement à repousser la validité de l’ancienne carte…

Ils seraient 2 500 ou 4 000 (le chiffre des autorités et celui des détracteurs de la new ID card diffèrent). 2 500 ou 4 000 à faire de la résistance volontaire (ou pas). À être des petites «chips» dans l’engrenage gouvernemental. Les kaser nisa des données biométriques. Les empêcheurs de tourner en rond de la collecte d’empreintes digitales. Les emmerdeurs du nouveau document d’identité. Parmi ce groupuscule, fan des photos en couleur de l’ancienne carte, il y a ceux qui font front ouvertement, qui mènent un combat acharné au sein d’une plateforme et en cour (voir hors-texte). Mais il y a aussi ceux qui résistent dans l’ombre. Et qui refusent de s’afficher sur la pièce d’identité qui fait polémique. Cette semaine, ils ont suivi les débats de part et d’autre pour que la validité de l’ancienne carte (qui devait prendre fin le 31 janvier) soit étendue.

Le Conseil des ministres a pris la décision suivante le vendredi 22 janvier : les personnes n’ayant pas encore la new ID Card ont jusqu’au 31 mars pour se munir du sésame identitaire. Les réfractaires, eux, attendent le jugement du Privy Council. Le Dr Rajah Madhewoo, qui se bat actuellement pour démontrer l’anti-constitutionalité de cette nouvelle pièce d’identité, a obtenu l’aval de la Cour suprême pour porter l’affaire devant les Law Lords. En ce moment, c’est avec ses avocats que le contestataire prépare son affaire. Et ceux qui font de la résistance placent leurs espoirs en ce recours juridique. La nouvelle carte d’identité – avec données biométriques et empreintes digitales –, ils n’y croient  pas. Pourquoi ? Voilà leurs raisons :

 

Stéphane Oozeer : «Je refuse de donner mes données biométriques. Je ne pense pas que ce soit des informations essentielles pour faire une carte d’identité. Mes empreintes m’appartiennent. L’État ne peut pas me forcer à les fournir. Je n’ai rien fait de mal. Je ne suis pas accusé de quoi que ce soit, alors pourquoi me ficher ? La première fois que j’ai lu que, pour ce document, il fallait donner toutes ces informations personnelles, j’ai ressenti un malaise. Je le ressens toujours. Même si le Privy Council décide de ne pas condamner ce document d’identité, je ne ferai rien. Je préfère aller en prison. C’est vrai ! Je suis un citoyen mauricien, non ? C’est pour ça qu’on va m’arrêter ? C’est du grand n’importe quoi !»

 

Nathalie Rose : «Il doit y avoir des zones d’ombre, sinon le Privy Counciln’aurait pas entendu l’affaire. Et comme il y a un jugement en attente, les autorités ne peuvent pas nous forcer à donner nos empreintes. C’est contradictoire de forcer les gens à faire ce nouveau document d’identité alors qu’il se peut qu’un jugement annule tout. Quand les Law Lordsauront statué, on verra bien quelle décision je prendrai. Pour le moment, je ne vais pas de l’avant. Je ne vois pas pourquoi je dois fournir mes données biométriques à l’État.»

 

Joël Toussaint  : «Je n’appartiens à aucun groupe religieux ou politique, donc pas de conformisme à la ligne de quelque parti ou d’observance de quelque dogme. C’est juste qu’en tant que citoyen de ce pays, je ne conçois pas que l’État puisse s’arroger des droits dont il ne dispose pas pour empiéter sur un territoire qui est strictement le mien. Il faut savoir que la Constitution prévoit une série de dispositions pour la protection de l’individu. Ainsi, ce qui relève de son intégrité physique, de son domicile ou de sa conscience, fait partie d’une zone sanctuarisée et l’État a besoin de solliciter un certain nombre d’instruments auprès des instances juridiques pour pouvoir outrepasser cette zone dans certains cas précis. C’est très important, car ce prélèvement touche à l’intégrité physique de la personne. En outre, la puce de la carte permet de retracer vos interactions avec différents services publics ou privés et vous met de facto en liberté surveillée. Or, cela contrevient aux dispositions constitutionnelles qui vous garantissent la libre circulation !  Il y va donc de la «souveraineté de la personne»et là, il y a des protections constitutionnelles qui fondent cette juridiction personnelle que l’État doit reconnaître, respecter et s’abstenir de transgresser.»

 

Anooj Sharma : Pourquoi devrais-je donner mes empreintes comme les criminels le font ? C’est aberrant ! Tout le monde devrait se dire ça. Je crois qu’on a vu assez de films qui parlent d’empreintes récupérées et utilisées à mauvais escient. C’est de la fiction, d’accord, mais comment s’assurer que ça ne deviendra pas une réalité ? Qui peut le garantir ? Je ne vais pas signer pour ce document tant qu’il faudra fournir les empreintes et les données biométriques. À force de résister, peut-être que je finirai par devenir une célébrité locale !»

 

Reza : «J’ai perdu mon ancienne carte d’identité depuis un moment et, à chaque fois que j’essaie de la refaire, les officiers exigent que je donne mes empreintes. Et ils me précisent qu’ils vont les prendre… et les effacer !Pour moi, c’est plus qu’étrange. Pourquoi prendre et effacer ? Que vont-ils faire de ces empreintes ? La banque de données a-t-elle vraiment été effacée ? Si c’est le cas, pendant qu’elle existait, qu’est-ce qui nous prouve qu’elle n’a pas été piratée ? C’est pour ça que je n’ai rien fait. Il y a aussi un autre événement qui m’a fait réfléchir. J’étais à Singapour avec un cousin. Lui avait sa nouvelle carte. À l’immigration, il faut donner son empreinte. Et quand il l’a fait, de nombreuses informations personnelles (celles de sa carte d’identité) sont apparues sur l’écran, alors que c’était la première fois qu’il mettait les pieds dans ce pays ! Existe-t-il un lien entre cet épisode et le fait que ce soit une entreprise singapourienne qui s’est occupée des nouvelles cartes ? Je n’en sais rien. Mais ça me fait me poser trop de questions pour que j’accepte de donner mes empreintes. Il y a un flou artistique. Personne ne sait ce qui se passe et ce qui va se passer. J’attends le jugement du Privy Council pour me décider. Mais de toute façon, je ne donnerai pas ces données. Pour l’instant, j’utilise mon passeport.»

 


 

Un petit coup de chaud !  

 

Il y en a eu un, cette semaine. Ceux qui militent contre la carte d’identité biométrique ont repris du service avec force et fracas. L’approche de la date limite de la validité de l’ancienne carte a mis des étincelles dans le combat. Lalit et Rezistans ek Alternativ ont fait des appels aux autorités. Leur but, entre autres, est que la notion de validité n’existe plus. La plateforme Say No to Biometric Data on ID Card a repris ses invectives de plus belle et a organisé un forum hier, samedi 23 janvier, au centre social Marie Reine de la Paix. Néanmoins, le ministre de la Bonne Gouvernance, Roshi Badhain, s’est engagé, en fin de semaine, à ce que la deadlinesoit étendue. Ce qui a été approuvé par le Conseil des ministres.  Lors d’un point de presse, hier samedi 23 janvier, Roshi Badhain a déclaré qu’il n’avait pas encore en sa possession la nouvelle carte... mais qu’il rectifierait cette situation  très bientôt.