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La mauvaise santé de nos hôpitaux

Il était tout pour ses parents. À 8 ans, Novin était, à l’image de tous nos petits garçons de son âge : un jeune gaillard, en pleine forme, jamais malade. Jusqu’à ce fameux vendredi où l’enfant se plaint de violentes douleurs au ventre. Admis à l’hôpital de Candos, souffrant ensuite atrocement, selon ses proches, (voir texte page 8-9), Novin décède 48 heures plus tard. Aujourd’hui, son père, révolté, bouleversé, s’interroge : Pour quelles raisons aucune échographie n’a été pratiquée sur l’enfant pour déceler son mal ? Est-ce que le sirop Panadol prescrit était suffisant ? Pourquoi le garçonnet n’a pu être transféré aux soins intensifs alors que son état se détériorait ? Est-ce vrai qu’il y avait un manque de place à l’ICU, comme il a entendu dire ?

Il ne s’agit pas, ici, de faire le procès du personnel médical qui s’est chargé du garçonnet. Une enquête est en cours et il serait un peu trop facile de tirer des conclusions hâtives. Mais si ce cas nous interpelle, c’est parce qu’il traduit le sentiment de malaise grandissant par rapport aux services de santé ces temps derniers. Trop de doutes subsistent, trop de questions restent sans réponses. Car au-delà de cette mort précoce, des récits de négligence médicale alléguée deviennent trop fréquents. Dans notre édition du 3 juin, nous vous racontions le drame d’un jeune couple qui avait perdu un de ses bébés triplés pour une question de manque de place à la Neonatal Intensive Care Unit dans un de nos hôpitaux. Est-ce normal qu’un nouveau-né meure dans ces circonstances ?

Il y a quelques semaines, nous apprenions du ministre de la Santé, qui répondait au député Satish Boolell, à l’Assemblée nationale, qu’il y a 100 cas de négligence médicale et de plainte sérieuse rapportés depuis 2010 à son ministère et au Medical Council. Le ministre a aussi révélé que quatre médecins se sont vu infliger un avertissement, et que dans d’autres cas, cinq médecins ont reçu l’ordre de se conformer au Code of Practice alors qu’il y a des enquêtes toujours en cours dans au moins 13 cas. Ce à quoi Satish Boolell a suggéré, avec raison, «qu’il y ait un délai d’investigation pour chaque plainte, afin que le coupable ne commette pas de mal à davantage de personnes.» L’image de nos hôpitaux se dégrade de jour en jour. Combien de plaintes n’entendons-nous pas sur les ondes des radios privées d’une manière presque quotidienne?

Comme toujours, ce sont les Mauriciens au bas de l’échelle, ceux-là qui n’ont pas de moyens pour se payer les soins privés, qui se sentent victimes d’un système à deux vitesses. Le ministre de la Santé gagnerait à voir de près ce qui se passe dans nos services de santé. Car justement, certains ont oublié la signification du terme service, à voir avec quelle désinvolture et avec quel manque d’humanité ils traitent les patients. À l’heure où nous écrivions, nous avons pris connaissance du cas d’une jeune femme *. Elle était censée, après une longue attente, se faire opérer en milieu de cette semaine. Elle s’est rendue à l’hôpital confiante, car cette intervention allait mettre fin à des maux intolérables. Le jour J, les infirmières la préparent : lavement, sonde (ce qui occasionne d’insupportables douleurs) et la voilà sur une civière attendant patiemment son heure. Sauf qu’elle apprend ensuite du médecin que la précédente intervention a duré plus de temps que prévu, et de ce fait, elle ne sera donc pas opérée. Le lendemain elle prend connaissance de la prochaine date de son opération : début août. Entre-temps ? Eh bien, qu’elle continue à souffrir le martyre ! L’histoire malheureusement ne s’arrête pas là. Hier matin, après une nuit difficile, elle sent que quelque chose ne va pas, vu son état. Elle se rend au dispensaire de sa localité. Et devinez quoi ? Le médecin lui dit qu’elle a été blessée avec la sonde introduite à l’hôpital, ce qui a causé une infection. Tout ça pour une opération qu’elle n’a pas subie… À qui se plaindre ?

* Ce récit est véridique et peut être vérifiée.

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