Ambal Jeanne
La directrice de SOS Femmes lance un appel à l’aide car le centre fait face à de véritables problèmes financiers. Entretien…
Depuis plusieurs mois déjà, vous avez lancé un appel à l’aide car le centre SOS femmes se trouve en difficulté. Qu’en est-il exactement ?
Depuis plusieurs années déjà, nos finances sont dans le rouge. Nous ne pouvons opérer correctement et mener à bien nos activités faute de fonds. Nous souffrons d’un manque de personnel. Deux membres de notre staff sont partis à la retraite et nous n’avons pas pu les remplacer. Notre budget de fonctionnement, c’est-à-dire tout ce qui concerne la nourriture pour nos pensionnaires, le transport ou les salaires de notre personnel, est depuis quelque temps très limité. Le soutien de la Corporate Social Responsibility (CSR) a aussi grandement diminué. Depuis le dernier budget, le secteur privé peut aussi participer à des projets initiés par le gouvernement, ce qui fait que l’aide financière aux ONG est moindre. Toutes ces choses combinées font que nous peinons à opérer correctement.
Vous êtes-vous adressée aux autorités pour faire part de vos griefs ?
Depuis quelque temps, nous ne cessons de lancer des appels à l’aide car si rien n’est fait, la menace de fermeture va être de plus en plus d’actualité. Nous sommes une ONG dont le travail a porté ses fruits au fil des années et nous ne comprenons pas pourquoi le gouvernement ne nous attribue pas une «grant» comme c’est le cas pour les associations qui encadrent les toxicomanes ou ceux qui souffrent d’un problème d’alcool. Nous avons approché le ministère de l’Égalité des genres, mais rien n’a été fait pour changer ce que nous appelons une injustice. Et face à cette absence d’aide, nous ne pouvons pas cacher notre incompréhension. Est-ce que lutter contre la violence conjugale n’est pas important pour le gouvernement ? Est-ce que c’est juste un sujet quelconque sur lequel on peut débattre sur une caisse pour intéresser l’électorat ? On n’arrive pas à comprendre !
Quelle est l’importance d’un tel centre ?
Nous ne sommes pas un centre qui débute. Nous sommes là depuis 1989 et nous sommes le seul centre résidentiel pour les victimes de violence qui existe à ce jour. Voilà donc 23 ans que nous accueillons les victimes de violence conjugale. Nous savons que celles-ci courent un danger en restant dans leur maison. Dans notre centre, nous donnons donc l’hospitalité à ces femmes blessées, meurtries, qui ne savent pas où aller et vers qui se tourner. Nous les encadrons car nous avons un personnel formé et qualifié. Nous mettons à leur service des assistantes sociales, un psychologue ou encore une conseillère légale. Dans bien des cas, nous recueillons ces femmes avec leurs enfants et grâce à notre Children care centre, nous leur permettons de travailler alors que leurs gamins sont sous bonne surveillance. Nous offrons quatre repas à nos pensionnaires et des soins appropriés pour les enfants et les bébés. Remarquez que notre staff travaille 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 pour pouvoir offrir un bon service à ces victimes. Nous sommes donc une ONG qui a fait ses preuves, qui n’a jamais fauté et qui, surtout, a permis à des milliers de femmes de se remettre debout, de sortir de l’enfer de la violence conjugale et de prendre un nouveau départ. Nous sommes un service essentiel qui apporte sa pierre, année après année, à la lutte contre la violence conjugale. Depuis le début de l’année, six femmes sont mortes des suites de violences domestiques. C’est grave et c’est malheureux. De plus, nous savons que notre travail est apprécié car les policiers eux-mêmes nous amènent souvent des victimes. C’est dire qu’ils reconnaissent notre importance.
Qu’est-ce qui a changé dans votre façon d’opérer depuis que vos finances sont dans le rouge ?
Déjà, nous fonctionnons avec un personnel réduit et ce n’est pas facile de maintenir un encadrement de qualité 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Nous sommes donc cinq personnes avec une conseillère et un psychologue que nous payons au cas par cas. Actuellement, nous avons 14 pensionnaires avec des enfants également. Je peux ainsi vous assurer que c’est devenu très difficile pour nous de travailler et de quémander en même temps pour pouvoir continuer à opérer.
Est-ce que des particuliers peuvent vous venir en aide ?
Toute aide est la bienvenue car nous voulons de tout cœur continuer le travail que nous avons commencé. Nous avons beaucoup de projets que nous ne pourrons pas concrétiser. Par exemple, nous voulons mettre en place un Half-way Home pour accueillir les femmes victimes de violence conjugale et leur montrer qu’elles peuvent vivre seules car beaucoup craignent cela. Hélas, nous ne pourrons pas le faire. Tous ceux qui veulent nous aider peuvent nous appeler sur le 233-3054. Un numéro de compte à la MCB est aussi disponible : 030065712.