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Vibrant hommage de deux mères à leurs filles

Marguerite Marla et Monique Derby pleurent toujours leurs filles.

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Marie-Noëlle Derby (en haut) et Sharonne Marla étaient mamans de trois et deux enfants respectivements.

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Non à des morts injustes. Non à une loi archaïque qui date de 1838. Ce sont les slogans du Muvman Liberasyon Fam qui milite pour la décriminalisation de l’avortement. Dans le cadre de la Journée internationale de la femme, observée le 8 mars, les membres de cette association ont rendu hommage aux femmes décédées après un avortement. Les mères de deux des victimes étaient là.

Marie-Noëlle Derby, 37 ans. Sharonne Marla, 24 ans. Ces jeunes mamans de trois et deux enfants respectivement ont toutes deux eu recours à un avortement clandestin et y ont laissé leur vie. Marie-Noëlle Derby, photojournaliste, est décédée le 19 février 2009. Sharonne Marla, femme au foyer, s’en est allée le 25 décembre 2011, quelques heures après avoir offert les cadeaux de Noël à ses enfants.

Jeudi, à l’occasion de la Journée de la femme, les proches des deux jeunes femmes étaient aux côtés des membres du Muvman Liberasyon Fam (MLF) pour leur rendre hommage et prêter leur voix au combat pour la décriminalisation de l’avortement.

Parmi elles, il y avait Monique Derby et Marguerite Marla dont les vies ont été complètement bouleversées par la disparition tragique de leurs enfants chéries. C’est d’ailleurs une Monique Derby très émue qui a déposé une couronne de fleurs sur la tombe de sa fille Marie-Noëlle au cimetière Les Salines, à Cassis, en ce jeudi.

Elle ne se remet pas de cette tragique disparition qui date de trois ans. «Depuis la mort de Marie-Noëlle, je noie mon chagrin dans la prière. C’est mon seul réconfort. Il n’y a pas un jour qui passe sans que je ne pense à elle. Toutefois, je me console avec ses trois enfants, les plus beaux cadeaux qu’elle m’a laissés avant de partir. Son aînée, issue d’une première union, vit avec moi. Elle aura 17 ans bientôt. Sa cadette, 6 ans et son benjamin, 3 ans, vivaient avec leur père à Maurice mais il y a quelques semaines, ils sont partis vivre aux Seychelles. Ce départ laisse un nouveau vide dans ma vie. C’est comme si je revivais la mort de ma fille», lance cette mère en souffrance.

Sur la couronne déposée sur la tombe de sa fille, on pouvait lire «Pou ki la loi sanzé avant ki lot fam mort. Assé lamor inzis.» Un souhait que Monique Derby espère voir se réaliser avant que d’autres filles ne soient arrachées à leurs familles. Un combat que mène MLF depuis de nombreuses années.

Loi inhumaine

Car pour Rajni Lallah, membre de l’association, cette loi de 1838 est une injustice faite aux femmes : «Les femmes qui meurent suite à un avortement sont victimes d’une loi inhumaine. Qui plus est, celles issues de milieux modestes ou pauvres n’ont pas le luxe de se payer une clinique qui pratique des avortements. D’ailleurs, au niveau du ministère de la Santé, il n’y a même pas de chiffre officiel concernant l’avortement qui, nous le savons, se fait clandestinement dans le privé. Nous demandons une égalité pour toutes. On demande la décriminalisation de l’avortement durant les 20 premières semaines en attendant que le texte de loi y relatif soit présenté au Parlement.»

Marguerite Marla ne peut qu’approuver même si c’est trop tard pour sa fille. Devant la tombe de celle-ci, au cimetière de Bois-Marchand, la mère de Sharonne laisse ses larmes couler. Trois mois déjà qu’elle a perdu son enfant. Trois mois déjà qu’elle s’est retrouvée avec deux enfants en bas âge sous sa responsabilité.

À 54 ans, c’est une nouvelle bataille que la vie lui impose. «Mes petits-enfants ont 8 et 3 ans. Le benjamin réclame toujours sa mère. Je lui ai expliqué qu’elle était désormais au ciel. Il est trop petit pour comprendre et me demande constamment quand il pourra aller la voir. Cela me fend le cœur. C’est terrible de les voir grandir sans leur mère. Je suis à la fois leur mère et leur père. Ce dernier ne vivait plus avec Sharonne depuis quelques années. De plus, je dois m’occuper de mon fils qui souffre d’un handicap mental. Ce n’est pas facile de s’en sortir, surtout financièrement», soupire-t-elle.

Sa fille, qui recevait une aide de l’État pour ses deux enfants, n’avait pas les moyens d’en avoir un troisième. C’est pour cela qu’elle aurait décidé d’interrompre sa grossesse en avalant des pilules abortives. Serait-elle morte si elle avait pu avoir recours à l’avortement dans un environnement sain et bien encadré ? Sans doute pas. C’est pour cela que MLF continue sa lutte : pour que les femmes n’aient plus à avoir recours à l’avortement clandestin qui peut se révéler fatal.

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