La VOH a parfaitement raison de croire en sa force. Faut reconnaître qu’elle est puissante quand l’on observe les événements qui se sont déroulés mercredi dernier, à Grand-Gaube. Non seulement les membres de cette association socioculturelle ont forcé la police, venue en nombre impressionnant (157 éléments de plusieurs unités confondues) faire exécuter un ordre de la cour, à battre en retraite. Mais, suprême insulte, la VOH, par la voix de Nuvin Unoop, demande (voir texte pages 10-11) à la cour de revoir son jugement. On croit rêver, tellement la scène est surréaliste.
Pourtant, l’histoire est plutôt classique. Des familles occupent illégalement un terrain. Le propriétaire a, comme n’importe quel citoyen lambda qui voit ses droits lésés, eu recours à la justice. Un jugement a été prononcé en 2009 ordonnant aux occupants de vider les lieux. Depuis, plusieurs ordres d’éviction – une dizaine – ont suivi sans succès. Et mercredi dernier, des unités de la police débarquent pour mettre un ultime ordre à exécution. Sauf que des séances de prières sont organisées, comme par hasard, sur place avec le soutien de la VOH. Résultat : les policiers n’ont pu faire respecter la loi du pays. Cette affaire n’est pas banale car elle illustre l’impuissance de la police face à une organisation socioculturelle qui se croit tout permis depuis qu’elle ne cache pas sa proximité avec les plus hauts sommets du pouvoir. Plus grave, cette histoire incite les Mauriciens à avoir une perception d’une politique de deux poids, deux mesures, comme l’ont dénoncé des auditeurs sur les ondes des radios privées.
Car personne n’a oublié avec quelle promptitude la police a agi dans le cas de Quinze- Cantons. D’ailleurs, on n’aurait rien su si le Premier ministre ne nous avait pas déclaré, en direct sur sa télé, qu’il avait personnellement parlé au commissaire de police à ce propos. On connaît la suite. Les présumés fauteurs de troubles ont été arrêtés. Et c’est tant mieux. Sauf qu’aujourd’hui, on peut comprendre la réaction des citoyens qui posent légitimement la question suivante : est-ce que Navin Ramgoolam téléphonera au chef des Casernes centrales pour lui demander des comptes et les raisons pour lesquelles la police n’a pu faire son travail à Grand-Gaube ?
Le Premier ministre et le commissaire de police auraient tort de rester indifférents dans cette affaire. Car ce qu’a fait la VOH est inadmissible. On ne badine pas avec un verdict de la cour. Encore moins devrait-on inciter des familles à ne pas respecter la justice. Si les membres de la VOH souhaitaient aider ces personnes en difficulté, il y avait d’autres moyens : leur trouver un autre terrain, une maison, les accompagner dans leurs démarches, etc. Mais personne ne devrait être au-dessus des lois. Cette situation envoie un mauvais signal car il crée un vilain précédent : n’importe qui pourrait être tenté, dans les jours à venir, de ne pas respecter un ordre de la cour. Suffirait-il de s’entourer de quelques gros bras, ou encore d’organiser des séances de prières pour faire reculer la police ? Ou faut-il tout simplement faire appel à la VOH ?