Selon Denis Ithier, le groupe de presse qu’il dirige va se battre.
Le conseil d’administration de Viva Voce a décidé de suspendre le Management Contract du groupe de presse, fondateur de la première radio privée de l’île. Celui-ci ne compte pas se laisser faire.
«Nous allons nous battre !» Pour Denis Ithier, le directeur général de La Sentinelle, la marche à suivre est claire. C’est devant les instances appropriées que le groupe de presse contestera la décision prise par la nouvelle majorité du conseil d’administration de Viva Voce, compagnie propriétaire de Radio One, composée de Farouk Hossen (Evanston Ltd), Jean Marie Richard (Interaction Ltd), Clifford Fon Sing, Jean-Claude Delaitre et Raj Ramsaha. Le vendredi 25 février, lors d’une réunion des actionnaires présidée par Farouk Hossen, le Management Contract qui lie la première radio privée de l’île à La Sentinelle a été suspendu. «Le contrat peut être résilié sous certaines conditions. Mais là, il s’agit d’une… suspension. Cette clause n’existe pas dans le contrat», souligne Denis Ithier
Dans le sillage de ce changement dans le fonctionnement de la radio, le conseil d’administration de La Sentinelle a publié une note explicative pour signifier sa prise d’action prochaine et pour une mise en contexte de cette suspension de contrat, qui «s’inscrit (…) dans le cadre d’une stratégie destinée à rompre les liens qui unissent Radio One à La Sentinelle Ltée (…)», peut-on lire (voir en page 13).
C’est, dans un premier temps, un transfert d’actions de RHT Media Ltd à Alex Fon Sing– que Denis Ithier juge «illégal» – dans un contexte politique précis qui a changé la donne au niveau de la majorité du conseil d’administration. Un transfert, en 2010, qu’a contesté le groupe de presse, à travers une injonction. «Cette nouvelle majorité avait une intention dès le départ. Et nous voyons sa concrétisation, aujourd’hui», explique Denis Ithier.
Le directeur général se souvient des débuts de Radio One : «La Sentinelle avait lancé une radio sur le web, net.radio one. C’était une idée du groupe… Donc, c’est notre radio», souligne le directeur général. Une initiative, un concept… En d’autres mots, le bébé de La Sentinelle. Et cela même si le groupe de presse ne pouvait détenir plus de 20 % des actions de la radio : «Je ne suis pas sûr que cette loi est respectée par tous. Les journalistes devraient enquêter pour voir sous quelles influences tombent les radios privées. Nous n’avons jamais utilisé de prête-noms ou de sociétés écrans pour obtenir une majorité. »
Pendant dix ans, La Sentinelle a accompagné la radio, sur les plans humain, logistique mais aussi financier : «À des moments difficiles financièrement pour la radio, La Sentinelle s’est engagée avec des prêts sans interêts consentis à la radio. Nous avons guidé Radio One vers le chemin de la profitabilité», explique Denis Ithier qui précise que – contrairement à ce qui a pu être dit – Nicolas Adelson était déjà directeur, donc en charge de la radio.
Le fait que la radio ne soit plus gérée par un groupe de presse, que sa liberté soit compromise par des ingérences, inquiète, par ailleurs, le directeur général : «Elle était certainement trop indépendante au goût de certains. Je pense que cette liberté d’expression est menacée aujourd’hui.» Néanmoins, Denis Ithier parle de «craintes momentanées» : «Nous allons gagner nos affaires. J’ai confiance en l’avenir…»
Farouk Hossen : «C’est triste…»
Il ne s’agit pas d’un «coup monté.» Farouk Hossen, actionnaire et président du conseil d’administration de Viva Voce, estime que la décision du board de suspendre le Contract Management de La Sentinelle concernant Radio One n’a pas été une décision prise il y a plusieurs mois : «Je trouve cela triste qu’on puisse dire qu’il s’agisse d’un coup monté. Nous travaillons avec Denis Ithier depuis des mois. À chaque board meeting, nous nous rencontrons avec les autres membres et nous travaillons ensemble.» Ce système fonctionnait très bien, selon cet opticien, representant d’Evanston sur le conseil d’administration de la Sentinelle et qui est un des directeurs de la BAI : «En décembre, nous, les membres du conseil d’administration estimions qu’il y avait des choses à faire au niveau de la radio. En janvier, rien n’avait été fait. J’ai alors convoqué une réunion.»
Une suspension mais pas une résiliation ? Pourquoi ce choix ? Pour Farouk Hossen, ce n’est pas le moment de s’appesantir sur les mots : «Je crois dans notre système, dans nos lois et dans le fair-play… Nos conseillers légaux vont nous conseiller.»
Concernant la gestion au quotidien, la logistique nécessaire pour le fonctionnement d’une radio (normalement prise en charge par La Sentinelle), Farouk Hossen préfère ne pas s’avancer : «Ce sont des questions prématurées. Nous sommes toujours en train de discuter de tout cela et nous plaçons notre confiance en Nicolas Adelson et son équipe.»