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Beyond borders

Le PM récidive. Donnant ainsi raison à Dulthummun, Baichoo et la VOH. Oui, politique et religion font bon ménage. Oui, ce sont the two sides of the same coin. Oui c’est normal de pratiquer le mélange des genres. Et lui, Premier ministre, continuera à prendre la parole au cours des cérémonies religieuses, comme il l’a fait vendredi dernier à Grand-Bassin. Le message était clair. Nul ne le menacera, ne l’intimidera ou le fera taire lors des activités religieuses. Qu’importe la polémique qui fait rage actuellement. Ce n’est ni Salim Muthy ni les éditorialistes ni les associations hindoues qui se sont dissociées de la Mauritius Sanathan Dharma Temples Federation, encore moins les citoyens condamnant l’absence de frontières entre religion et politique qui freinera l’ardeur du chef du gouvernement.

Les chiens aboient, la caravane passe, comme disait Maya Hanoomanjee au bon vieux temps. Cela dit, faut être naïf pour croire qu’après les incidents lors de la cérémonie de la Yaum Un Nabi, Navin Ramgoolam allait jouer la carte de la prudence. En somme, il n’avait pas le choix. Se taire à Grand-Bassin aurait donné raison à ses détracteurs. Et on n’impose pas le silence à cet hôte, habitué de la maison. Charbonnier est maître chez lui ! Et dit ce qu’il veut ! À l’aise donc au Ganga Talao, sur ses terres, le Premier ministre, dont le discours était retransmis en direct sur la première chaîne télé, a regardé son électorat droit dans les yeux, s’est appuyé sur les textes sacrés et nous l’a joué leader qui a à cœur l’intérêt du pays en chantant quelques airs connus : la victoire du bien sur le mal, la vérité qui finit par triompher, sans oublier l’accueil chaleureux reçu lors de son dernier voyage en Inde.

Tradition oblige, on a eu droit à une incontournable histoire (ici, c’est celle de ce roi qui ne savait à qui faire confiance) pour évoquer le thème de la trahison jugée inacceptable – message à quelques amis ? – par un Ramgoolam qui a franchi allègrement la ligne de démarcation séparant un État laïque d’un État religieux. Mais ce n’est guère une nouveauté et il n’est pas le seul… Faut-il souligner l’évidence ? Une prise de parole lors d’une cérémonie religieuse est un acte politique avec des messages et des codes. Que les politiciens puisent dans des écritures sacrées. À la cérémonie de la Yaum Un Nabi, Ramgoolam a évoqué la constitution de Médina, la vie du prophète Mohammad, le Coran et le Sunnah. Occasion pour parler du Best Loser System et de la représentation des minorités.

À Grand-Bassin, la Bhagavad-Gita est prétexte à quelques conseils à qui de droit : «Il ne faut pas hésiter à tirer à coup de flèche sur son propre sang s’il le faut (...) L’arbre ne doit pas cacher la forêt», a dit le Premier ministre saisissant ainsi l’opportunité pour parler à une frange importante de son électorat. Mieux, une fois de plus, Ramgoolam n’a pas hésité à participer aux rituels de la cérémonie pour souligner son appartenance religieuse. Un geste-symbole loin d’être innocent. Tout comme il ne fut pas innocent d’annoncer la construction d’un mandir à Grand-Bassin. Et ce, après la demande de Dulthummun qui devant les caméras, semble considérer Ramgoolam ene tigit pli tipti qui bondie. Quand on vous dit que politique et religion vont de pair ! La cloison entre les deux n’est pas étanche…

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