Question pertinante de la part d’un auditeur de Radio One hier matin dans l’émission Polémique : Il se demandait si la police prendrait des sanctions contre la CWA qu’il s’apprêtait à dénoncer pour gaspillage d’eau. Celui-ci était révolté de voir une fuite à quelques mètres de chez lui provenant d’un tuyau public. Interrogation intéressante au lendemain de l’application des condamnations annoncées envers ceux qui gaspillent l’eau.
Mieux ou plutôt pire, les Mauriciens sont invités à dénoncer ces jours-ci les citoyens qui en font un usage abusif. Alors que de simples histoires de voisinage se terminent parfois en coups de sabre, l’on se demande ce que ce sera quand ici et là on appellera hotline et police pour accuser autrui d’arrosage inutile de pelouse, sachant que ceux trouvés coupables sont passibles d’une amende de Rs50, 000 et d’une peine d’emprisonnement de deux ans.
Voilà où l’on en est dans notre île tropicale. À épier ses voisins et les rapporter en cas d’arrosage suspect ou à se retrouver en prison pour des délits d’eau. Au fond, si cette mesure avait été prise depuis longtemps, et si, comme l’a proposé l’auditeur de Radio One, elle s’appliquait également aux responsables de la CWA, à l’heure qu’il est, avec le nombre de tuyaux abîmés un peu partout, on aurait envoyé pas mal d’officiers de cet organisme public à bien plus de deux ans d’emprisonnement. Et on leur aurait fait profiter, le temps de leur séjour, de quelques cours basiques de management dans le genre : prévoir à long terme, se munir de plusieurs plans de rechange, envisager les worst case scenarios, etc. Car pour la énième fois, que constate-t-on ? Que les autorités semblent dépassées et que les Mauriciens payent (bientôt en cash et en prison) le prix de leur mauvaise gestion, leurs mesures palliatives et leur manque de vision à long terme.
Comment expliquer, sinon, que quelque temps de cela, la CWA avait jugé utile d’interdire ces lavages dits superflus, pour ensuite trouver la situation suffisamment satisfaisante, allant jusqu’à lever les fameuses interdictions, et redécouvrir aujourd’hui que la gravité recommande des mesures extrêmes ? N’aurait-il pas été judicieux – au lieu d’interdire, d’autoriser et de reinterdire à nouveau les lavages à grande eau –, de mener plutôt une campagne nationale pour conscientiser la population (surtout ceux qui ne sont pas affectés et qui jouissent de la fourniture 24 heures sur 24, les autres vivant déjà la dure réalité des longues coupures) de l’importance de rationner cette denrée rare ? Pourtant il y a une année, quand le Premier ministre était sorti de sa torpeur pour découvrir qu’il était inconcevable de perdre 50 % de notre eau à cause des fuites dans le système de distribution, l’on avait cru qu’il allait effectivement mettre de l’ordre dans cette situation chaotique. Or, aujourd’hui, le constat est désespérant. En l’absence d’infrastructures adéquates, la nature demeure notre seul espoir. Ce n’est pas normal. Tout comme il est paradoxal d’accueillir chaleureusement Giovanna en qui les Mauriciens voient un sauveur. Faut-il prier pour d’autres cyclones ?