La directrice de l’ONG Safire entourée du Dr Fonkwo Peter, Monitoring & Evaluation Expert, et Muzzammil Hosenally, Monitoring & Evaluation Officer de la Mauritius Family Planning & Welfare Association.
Une étude sur la situation des «street children in Mauritius» a été rendue publique. Rencontre avec la directrice de l’ONG Safire qui nous parle de cette triste réalité…
On les trouve partout. Ils traînent dans les rues ou occupent des bâtiments inhabités. C’est la triste réalité de plusieurs enfants; le sort hallucinant de gamins livrés à eux-mêmes et qui ne sont pas nés au bon endroit. «Ils sont 6 780 à Maurice», lâche Ismahan Ferhat. En dévoilant ce chiffre alarmant, la directrice de l’ONG Safire, évoque ainsi le sort de ces milliers d’enfants en situation de rue, ces filles et garçons qui «habitent ou passent le plus clair de leur temps dans la rue – ou pour qui cette rue sert de source de revenus – et qui de ce fait ne sont pas adéquatement protégés ou pris en charge par des adultes responsables». Cette réalité, la jeune femme l’a découverte il y a une année.
Elle est tombée sur l’offre d’emploi de l’ONG alors qu’elle était en vacances à Maurice. Ayant déjà fait un stage dans l’île, plus précisément à PILS, Ismahan Ferhat, une Française d’origine algérienne qui a fait des études en humanitaire et en gestion des ONG, décide de tenter l’aventure. C’est ainsi qu’elle atterrit à Safire qui encadre des enfants de rue : «Safire a vu le jour en mai 2006 avec pour objectif de poursuivre le programme entrepris par le ministère de la Sécurité sociale, conjointement avec l’UNICEF, entre 2000 et 2003, à savoir : apporter une assistance aux enfants en situation de rue en vue de les réhabiliter et les réinsérer dans la société.»
Pour Ismahan, le challenge en vaut le coup : «C’est un phénomène invisible qui gagne du terrain et il faut le combattre.» Sur le terrain, le constat est préoccupant. Elle découvre que la problématique des enfants en situation de rue est centrée autour des gosses qui travaillent dans la rue et que la plupart de ceux concernés ont une maison où dormir : «Ils se retrouvent dans la rue pour des raisons diverses. Les principales sont l’absence des parents, la rupture de la structure familiale et une situation économique difficile.»
Une fois ces enfants identifiés, dit-elle, les éducateurs de rue vont vers eux et font un travail remarquable : «L’ONG a développé une approche d’éducation spécialisée participative permettant à l’enfant d’acquérir une autonomie affective et fonctionnelle dans la société. Les éducateurs travaillent avec les enfants dans leurs milieux.» Ces enfants livrés à eux-mêmes sont exposés à plusieurs dangers dont les agressions physiques, la consommation de substances illicites et l’exploitation économique. «Beaucoup de dangers les guettent et c’est pour cette raison qu’il faut agir au plus vite.»
Face à ce problème, Safire, en collaboration avec la Mauritius Family Planning and Welfare Association, a travaillé sur une étude pour un état des lieux. L’objectif, explique la directrice de Safire, est de définir et de quantifier le phénomène des enfants en situation de rue en vue de formuler des solutions appropriées.
Pour Ismahan, c’est l’affaire de tous ; il faut le soutien et l’aide de tout un chacun pour sauver les enfants de la rue.
Un rapport, des résultats et des recommandations
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. L’Étude sur les enfants en situation de rue à l’île Maurice démontre que l’absence parentale est un facteur clef qui accroît considérablement les risques qu’un enfant se retrouve en situation de rue et que 53,3 % des enfants en situation de rue viennent de familles monoparentales. La rupture de la cellule familiale ainsi que des situations économiques difficiles entraînent des situations de violence qui poussent les enfants dans la rue. 39,5 % des enfants interrogés ont déclaré être victimes de mauvais traitements et faire face à des difficultés.
Parmi les recommandations préconisées, il ressort qu’il faut sensibiliser les décideurs sur la problématique des enfants en situation de rue et les risques auxquels ils font face et que des programmes d’assistance doivent être établis pour éduquer les enfants des rues sur les dangers qui les guettent : grossesse précoce, VIH/Sida, avortement, drogues, abus des droits, non-scolarisation, entre autres.