Rajeev Seeroo avec son épouse Sadna et sa fille Angel lors de son voyage en décembre dernier.
Jay et Angel ont passé de bons moments
sur l’immense paquebot.
Imposant et grandiose, ce fleuron de la flotte Costa a connu une triste fin et fait plusieurs morts. Un Mauricien qui a voyagé sur ce paquebot du 27 novembre au 4 décembre dernier avec sa famille, revient sur cette croisière…
D’abord, le choc. C’est ce qu’a ressenti Rajeev Seeroo lorsqu’il a appris, le vendredi 13 janvier, que l’immense paquebot Costa Concordia avait fait naufrage. Puis, une profonde tristesse l’a envahi lorsqu’il a su que plusieurs personnes avaient péri lors de ce triste drame. Ensuite, un grand frisson a parcouru son corps car il y a à peine un mois, il a fait la même traversée sur ce même bateau avec sa famille.
Et s’ils avaient été sur le bateau quand celui-ci a coulé ? Rajeev Seeroo n’a pu s’empêcher de se poser la terrible question le temps de quelques secondes : «Cela aurait pu nous arriver… » Les événements de la semaine dernière ont surtout plongé le Mauricien et sa petite famille dans une grande nostalgie car ils ont vécu de merveilleux souvenirs à bord de ce palace flottant qui a sombré en quelques secondes.
«C’est bizarre de se dire qu’il y a quelques semaines encore, j’étais sur ce paquebot, que ma famille et moi avons traversé le lieu où il a coulé, que nous avons côtoyé le même commandant qui est, aujourd’hui, au cœur de la polémique. Il y a comme quelque chose de fort qui nous lie à ce drame et aux passagers qui l’ont vécu», confie Rajeev Seeroo, qui travaille dans les assurances, d’une voix triste.
Son épouse Sadna, ses enfants Jay, 7 ans et Angel, 3 ans, et lui font régulièrement des voyages en bateau. «Nous sommes des habitués des croisières. En 2005, nous avons voyagé à bord du Star Virgo et avons découvert le Singapour et la Malaisie, entre autres. En 2010, c’est sur le Costa Romantica que nous avons exploré l’océan Indien. Pour nos vacances de 2011, nous avons voulu connaître quelque chose d’unique en voyageant à bord du Costa Concordia et je peux vous dire que c’était vraiment incroyable.»
L’homme est encore sous le charme de cette merveilleuse traversée : «Le Costa Concordia n’a rien à voir avec les autres paquebots que nous avons connus. C’est une véritable ville flottante où il avait de tout et je ne vous parle pas du décor majestueux. C’était magnifique.» Selon Rajeev, qui a embarqué à bord le 27 novembre et a traversé Rome, Marseille, Civitavecchia, Palerme, Majorque, la Cagliari, ou encore Barcelone, le Costa Concordia était un véritable temple du divertissement flottant où bien-être, sport, animation, loisirs, détente et émotions étaient au rendez-vous.
Le grand luxe
«On y a passé des vacances exclusives», lâche ce père qui avance que les croisières permettent de passer de très bons moments en famille. Et durant ses dernières vacances, il a profité du Costa Concordia au maximum : «On n’avait jamais vu autant de luxe.» Ce qui était particulièrement impressionnant, explique Rajeev, c’était l’espace et l’aménagement des lieux : «Les paliers d’ascenseurs panoramiques, les escaliers chromés, les bars, salons, boutiques et autres restaurants… tout était grandiose.»
Selon lui, la salle de sport, les piscines, le pont ainsi que le spa à la pointe de la technologie, entre autres, étaient à la disposition des voyageurs pour entretenir la forme. À bord du Costa Concordia, on ne s’ennuyait pas une seconde, à en croire notre interlocuteur : «Il y avait toujours de l’ambiance et de la bonne musique.»
Et ne parlons pas de la nourriture. L’espace piscine était le lieu où se déroulaient les buffets offrant des spécialités de différents pays : «La cuisine était excellente.» Les dîners de gala étaient aussi l’occasion de bien manger et de faire la fête : «Chaque soir, il y avait des spectacles avec des acrobates, des danseurs de flamenco, des chanteurs, bref, de quoi satisfaire tous les goûts. À bord, on pouvait aussi se recueillir car une chapelle était accessible à toute heure.»
Même si le dernier voyage du grand palace flottant s’est très mal terminé, Rajeev et sa famille ne pensent pas pour autant faire une croix sur les croisières. Et ils n’oublieront jamais le Costa Concordia, son luxe et sa triste fin…
Enter… Costa Serena
50 Mauriciens devaient embarquer à bord du Costa Concordia le 27 janvier… Hélas, ils ne pourront pas le faire. Toutefois, l’agence Atom Travel a trouvé une solution pour qu’ils puissent quand même partir en croisière : «Grâce à Air Mauritius et Mauritius Union, nous avons redéployé tous les passagers sur une autre croisière et pour le même prix», nous déclare Caroline Chen, la directrice de l’agence. Ainsi, le 10 février, les Mauriciens pourront embarquer à bord du Costa Serena pour partir à la découverte de Rome, Milan, La Turquie, Jérusalem ou encore Athènes.
Récit d’un naufrage
Dans la nuit du vendredi 13 au samedi 14 janvier, le Costa Concordia a heurté un rocher à 1 500 mètres de l’île de Giglio, dans le sud de la Toscane. Le commandant «s’est approché de manière très maladroite de l’île du Giglio, a heurté un rocher qui s’est encastré dans son flanc gauche, faisant incliner (le navire) et embarquer énormément d’eau en l’espace de deux, trois minutes», a expliqué le procureur de Grosseto, Francesco Verusio. Le bilan du naufrage est lourd : plus d’une dizaine de morts sans compter ceux qui sont toujours portés manquants. Au moment du drame, le Concordia transportait 4229 personnes, dont quelque 3200 touristes et un millier de membres d’équipage.
Aujourd’hui, le bateau est toujours couché sur le flanc en mer, incliné à 80 degrés et à moitié sous l’eau, avec une brèche énorme de 70 à 100 mètres. Depuis l’accident, le capitaine du paquebot, Francesco Schettino, est vivement critiqué. D’abord écroué pour homicides multiples par imprudence, naufrage et abandon du navire, celui qui a été surnommé «l’homme le plus détesté d’Italie» a finalement été assigné à résidence.
Qui plus est, les milliers de tonnes de mazout que contient le paquebot se déversent dans la mer, provoquant ainsi une marée noire dans l’archipel toscan, qui est classé réserve naturelle pour la qualité de sa flore et de sa faune. Face à la dramatique situation, le gouvernement italien ne reste pas les bras croisés. Le Conseil des ministres, réuni à Rome le vendredi 20 janvier, a décidé de décréter l’état de catastrophe naturelle dans la zone où s’est échoué le Costa Concordia il y a tout juste une semaine.
Le paquebot échoué continue à se déplacer de quelques millimètres par heure, une évolution qui peut toujours s’accélérer au gré de la météo. Les recherches à hauts risques se sont poursuivies, hier, alors que des proches de disparus se sont réunis lors d’une cérémonie vendredi sur l’île du Giglio.