Qu’est-ce qui s’est passé pour vous depuis les dernières législatives ?
Je suis toujours dans le recyclage et je fais toujours du travail social. Quand vous passez par une phase électorale et que vous ne travaillez pas à ce moment-là, il faut se réinventer après les élections : essayer de redémarrer une entreprise ou trouver du boulot. On passe par une phase de reconfiguration. Je suis passé par ces étapes et cela m’a pris deux à trois mois, ce qui est quand même conséquent. J’ai dû me réinventer et cela s’est fait tout doucement. Mais je n’ai pas abandonné et j’ai voulu rebondir tout de suite. Après un lapse of time, je suis donc reparti sur le terrain. Par rapport à mon engagement écologique, on a recyclé un peu moins de 100 kg de plastique. Idem pour mes autres projets avec l’Université de Maurice, le travail continue. Sur le plan professionnel, c’est donc en train d’avancer. Puis, il y a eu la Covid-19. Il a fallu prendre une décision, entre rester à la maison ou pas, comme beaucoup de politiciens l’ont fait. Je me suis posé la question et j’ai dit non. Je suis un militant et j’ai choisi de continuer sur le terrain. Pendant le confinement, on s’est ainsi retrouvés à La Valette pour distribuer de la nourriture. Puis, on a pu récolter à peu près Rs 28 000 de fonds auprès de personnes qui sont proches de moi pour pouvoir fournir quelque 35 personnes en denrées de base simples comme du lait ou encore de la farine pour qu’elles puissent tenir quelques jours. J’avais aussi envoyé une lettre à la municipalité de Beau-Bassin/Rose-Hill, courrier qui n’a pas été considéré. Je demandais à ce que certaines routes que j’avais identifiées soient réasphaltées. J’avais aussi proposé qu’il y ait des points d’eau dans la ville, entre autres.
Justement, comment s’annonce la suite de votre carrière politique ?
Dans ma carrière politique, je dois avancer, et pas forcément pour ma carrière politique. Il y a 3 890 personnes qui ont voté pour moi. Ce n’est pas avec un sourire, quelques promesses ou un beau discours qu’on peut accomplir des changements. Il faut avoir quelques leviers de pouvoir pour être capable d’accomplir quelque chose dans la circonscription. J’ai ainsi calculé toutes les options possibles. Pour être un politicien, il faut être au Parlement afin de pouvoir venir avec un framework légal, structurer les lois qui vont ensuite structurer le pays. Aux dernières élections, tout le monde pensait que j’allais être élu mais il y a un locking mechanism qui est bien présent et qui penche pour les grands partis. Finalement, ma circonscription va rester dans l’opposition pour encore un bout de temps. La gérance de la circonscription en prend un coup à force d’être dans l’opposition à chaque fois. À un moment, j’ai dû faire un choix. Il n’était pas question de rejoindre un nouveau parti parce que ç’allait être trop compliqué de faire valoir mes idéologies. Ça n’allait pas non plus être le MMM qui n’a pas de place pour moi. Cela se jouait donc entre le MSM et le PTr. Le Labour, à travers le monde, est un parti que j’admire, surtout quand on voit des gens comme Jacinda Ardern et Justin Trudeau. C’est un parti qui est fort mais qui, dans d’autres pays, comme à Maurice, est tout en vertical. Je me suis ainsi dis que j’aurais des difficultés à gravir les échelons dans une structure aussi verticale parce que je ne m’appelle pas X, Y ou Z. Et au MSM, il y a un peu plus d’horizontal car on voit la plateforme militante qui est organisée en régionales, on a Obeegadoo, on a le MP avec Alan Ganoo. Je me dis que j’ai un peu plus de place pour m’épanouir au sein de ce parti. Bien sûr que tous les scandales du parti deviendront aussi mes scandales et dans un parti comme dans toutes les entreprises, il faudra pouvoir gérer cela et mon but, c’est de faire avancer ma circonscription et ensuite de pouvoir influencer tout le pays à travers une idéologie verte et sociale-démocrate.
Vous continuez donc votre parcours politique au sein du MSM ?
J’ai envoyé une lettre d’adhésion au MSM, qui a été considérée. D’après les feedbacks, elle a été bien vue. J’ai compris qu’on est en train de structurer le parti pour pouvoir m’accueillir. Certaines personnes du parti ne sont pas au courant de cette démarche mais le Premier ministre, lui, est au courant que j’aimerais rejoindre le MSM. À partir de là, ils vont sûrement me mettre dans une régionale pour me guider et pour que je puisse travailler sur le terrain. Moi, je reste présent sur le terrain no matter what, ce sont juste mes affiliations qui seront gouvernementales et je vais devoir respecter un peu plus une hiérarchie si on veut ; ce n’est pas forcément plus mal pour moi de commencer à travailler en équipe. Je rejoins le MSM parce que le parti m’a démontré qu’il pouvait être un parti de proximité, qu’il pouvait changer la donne et que même si j’ai été critique à son égard, il pouvait mettre son ego de côté.
Qu’en est-il des scandales qui secouent le gouvernement, comme l’affaire Saint-Louis ?
À un moment, je me suis posé la question de savoir si je vais rester à critiquer encore et encore ou bien être d’accord d’être critiqué tout en faisant en sorte que le travail avance. Il y a des gens qui sont venus me dire : gouvernman voler. Il n’y a pas eu de rapport de la police, ni de l’ICAC. Il n’y a pas de preuves concrètes. Il y a des choses aussi qui sont au-dessus de moi. Il y a des choses que je ne comprends pas. Moi, je veux travailler pour ma circonscription. Il y a eu pire sous le régime travailliste, sous le régime MMM/MSM dans le passé. Moi, je veux juste que ma circonscription puisse avancer, que mon pays puisse avancer. Ces scandales, je ne les ai pas commentés parce que c’est au-dessus de moi.
Et que pensez-vous pouvoir apporter au MSM ?
Ils n’ont pas eu d’élu dans la circonscription no 20. Ils n’ont pas quelqu’un qui est rooted dans cette circonscription. Je pense pouvoir emmener un représentant en plus au Parlement lors des prochaines législatives. Il reste quatre ans avant les élections. Pourquoi mon move maintenant ? Je veux montrer que je ne suis pas en train de vendre quoi que ce soit ou qu’on est en train de m’acheter. Je ne vais pas attendre six mois avant les élections et mettre les gens qui ont voté pour moi devant les faits accomplis. Je veux leur montrer que j’accueille les critiques contre moi maintenant et que j’ai trois ans pour travailler dessus. Je pense pouvoir emmener le parti plus vers cette idéologie verte, cette idéologie sociale et cette reprise de contact avec ce peuple qui, quelque part, est un peu délaissé. Je veux être un facilitateur entre le pouvoir et le petit peuple.
Comment avez-vous procédé avant de prendre cette décision ?
J’ai consulté ma famille et mes proches, qui me soutiennent dans ma décision. J’ai été voir une politologue pour le côté intellectuel de la chose. J’ai aussi vu mes hommes de main autour de moi et, unanimement, ils m’ont soutenus. Il a fallu peser le pour et le contre mais je suis maintenant sûr de ma décision. Je suis rassuré et ferme sur ma position. It’s the best move for me.
Que répondez-vous à ceux qui ont cru en vous et qui ne comprendront pas votre démarche ?
J’ai été tout le temps présent. J’ai toujours été vrai. Il n’y a aucun enjeu politique. Ils peuvent continuer à croire en moi parce que je parle à la presse ouvertement, je suis ouvert sur absolument tout et je leur demande aussi de me faire confiance sur les années à venir. Je n’ai même pas un poste politique, ni une échéance au niveau des élections municipales ou quoi que ce soit. Je suis venu vers eux à cœur ouvert. La possibilité de pouvoir travailler pour le peuple doit rester ouverte pour que je puisse me prouver encore plus. Ce que je fais, je le fais par passion. J’ai débuté avec des critiques. Au départ de ma carrière, je critiquais ouvertement le gouvernement. Que les autres me critiquent est tout à fait normal. C’est une revendication de leurs émotions. Je leur dirais de ne pas voir uniquement le côté critique et s’arrêter là. D’être ouvert à la personne et de l’écouter expliquer pourquoi elle fait cela et pourquoi elle le fait quatre ans avant les élections et non pas à la veille des élections. Je n’ai pas du tout vacate le terrain après les élections. Ce qui m’a fait chavirer, si je peux le dire ainsi, c’est la gestion de la crise par les autorités. Pour moi, l’épisode coronavirus a été bien géré par le gouvernement. J’ai eu des feedbacks de plusieurs secteurs – la police, les infirmiers et le secteur public – et il y a eu une bonne gestion de la situation.
Et les élections municipales ?
Je suis à 95 % sûr de ne pas participer aux municipales. Il est plus facile pour moi d’agir en dehors pour l’instant au niveau municipal afin de pouvoir ensuite construire au niveau national en 2024.