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Coronavirus,le briseur de rêves...

«Je suis complètement abattu, triste  et en rage car je passais plus de trois quarts de ma vie dans la boutique. C'était ma vie», confie Serge Gayzal qui raconte la fermeture de sa boutique (photos ci-contre). Une victime du coronavirus et de la crise économique.

«Après deux confinements,  je suis en faillite totale. Les Z'amours était plus qu'une boutique...» Comme de nombreuses personnes actuellement, Serge Gayzal raconte la dure réalité de ceux qui ne peuvent plus opérer à cause de la crise économique.Témoignage...

Les stores sont baissés. Les portes closes. Un silence entoure les lieux qui, d'habitude, fourmillent de vie et grouillent de monde. Depuis quelques jours, l'atmosphère est différente. Car la Covid-19 est passée par-là. Et comme elle le fait partout ailleurs depuis plus d'un an, elle sème, sur son passage, de la peur. Elle sépare des familles, crée de la désolation, change les habitudes et les rythmes de vie, et chamboule tout.

 

Avec la crise économique qu'elle a provoquée, bien des secteurs sont aujourd'hui en difficulté et bien des personnes se retrouvent au chômage. Et c'est ce qui a provoqué cette ambiance pesante autour de la boutique de Serge Gayzal, plus connu comme Chris, à Grand-Baie. Acculé par la situation actuelle dans le monde des affaires, ce propriétaire d'un commerce qui faisait dans la vente de produits divers, a dû mettre la clé sous la porte et clore ainsi une longue et belle histoire faite d'investissements personnels et financiers, et de beaucoup de temps sacrifié pour l'aboutissement de ce projet. Il a aussi dû mettre fin à un cheminement fait de rencontres, d'expériences diverses, de découvertes et d'apprentissages... Une belle histoire d'amour qui a duré huit ans.

 

«J'ai le profond regret et la peine de vous annoncer la fermeture définitive de la boutique Les Z'amours. Après deux confinements, je ne peux plus assurer la location et l'électricité, en plus de la location de ma maison et tous les frais divers. Je suis en faillite totale. Les Z'amours était plus qu'une boutique. C'était un lieu de rencontres, de confiance, d'écoute et d'amour. Mais le deuxième confinement a été le coup fatal, la décapitation totale de mon entreprise, malgré mes 12 à 13 heures d'ouverture. Je tiens à remercier mes plus de 500 clients fidèles qui étaient devenus des copains, voire des amis. Mon cœur est si triste. Je perds plus de Rs 1 200 000 en huit ans. Je perds surtout des gens de qualité pour la plupart et de beaux moments partagés. Je ne vous oublierai Jamais ! Je vous aime. Merci...»

 

C'est avec ces mots publiés sur sa page Facebook et destinés à tous ceux qui l'ont suivi au fil de ces dernières années que Chris a fermé un beau chapitre de sa vie. Il passe par un moment pénible comme tous ceux et celles qui se retrouvent aujourd'hui dans l'impasse, sans moyens financiers pour pouvoir continuer à opérer leurs commerces ou encore comme ceux et celles qui, du jour au lendemain, ont été licenciés à cause de la situation économique de leurs entreprises. Selon des relevés, du 15 au 16 avril, 289 personnes ont perdu leur emploi.

 

De la douleur

 

Au cours du premier confinement, 1107 personnes avaient perdu officiellement leur travail. Une réalité difficile provoquée par le coronavirus qui est venu briser bien des rêves. Comme ceux de Chris. «Ma boutique a toujours été un lieu de rencontres. Plusieurs de mes clients m'ont dit qu'ils aimaient venir chez moi car il y avait un accueil chaleureux, de la gentillesse et de l'attention pour eux. J'ai lié des liens de confiance et d'amitié avec la plupart des gens. Tout fonctionnait plutôt bien avant la crise de la Covid. Je ne roulais pas sur l'or mais j'avais de quoi payer mes locations et vivre normalement», confie-t-il, tout en ne cachant pas qu'il ressent «de la douleur».

 

Mais hélas pour lui, il a fallu faire avec les deux confinements et l'arrêt des activités économiques dans le pays : «Lors du premier confinement, j'ai compris que c'était loin d'être gagné. Je savais que l'après allait être difficile. J'ai donc réinvesti Rs 80 000 pour pouvoir sortir la tête hors de l’eau mais dans les trois mois, d'autres commerces, qui n'ont pas de frais de location, ont ouvert dans les environs. Avec la crise liée à la Covid et les meilleurs prix qu'ils proposent, vu qu'ils n'ont pas de frais de location à leur charge, j'ai vu mon chiffre d'affaires chuter de 70 %. Ça a été une chute vertigineuse. On ne peut pas se battre contre le manque de clients et la concurrence. Avec mes différents frais : location, électricité, entre autres, je n'arrivais même pas à faire Rs 10 000 par mois, alors que je travaillais 12 heures par jour, 7 jours sur 7.»

 

Il lui a alors fallu prendre la triste décision. «Je suis complètement abattu, triste et en rage car je passais plus du trois quarts de ma vie dans la boutique. C'était ma vie. L'empathie était ma source. J'aime les gens. Je ne jugeais personne car on ne connaît pas les histoires de chacun. Que ce soit les alcooliques, les prostituées, le commun des mortels, peu importe, j'ai toujours respecté les clients, quels qu'ils soient, et ça a été la force de la boutique qui a existé pendant huit ans et trois mois. Je vendais de tout sur l'alimentation : 135 gâteaux différents, tous les produits de première nécessité : piles, rasoirs, cigarettes, cartes téléphoniques et plus de 30 boissons différentes... C'était un supermarché quoi !»

 

Depuis quelques jours, son commerce si cher à son cœur n'est plus. Il a fait claquer un clap de fin sur la belle histoire des Z'amours. Une victime comme tant d'autres de la crise économique liée au coronavirus...

 

Questions à...

 

Mikael Pompeia, directeur d'opération à SME MU : «Vu l’importance des PME dans la création d'emploi, c’est plus qu’un devoir de les soutenir»

 

Pourquoi est-ce important de soutenir les entrepreneurs en ces moments difficiles ?

 

Nous voulons jouer pleinement notre rôle en tant qu’institution de support. La Covid-19 a créé des conditions et des défis uniques, qui ont pris de court l'entrepreneur tout comme les autres secteurs. SME Mauritius devait être présent et nous l’avons été avec la collaboration d’autres partenaires tels que la DBM, ISP et la Maubank. C’est sûr que nous n’aurons pas des solutions à tous les problèmes mais nous avons la volonté de les accompagner et de les soutenir dans ce moment difficile. Vu l’importance des PME dans la création d’emploi et de la richesse dans le pays, c’est plus qu’un devoir de les soutenir. Il est important de noter que 40 % de notre produit intérieur brut provient des PME et ce secteur est pourvoyeur d’emplois pour environ 50 % de la population. D'où l’importance de soutenir encore plus les entrepreneurs pour les aider à surmonter la crise. Il faut aussi apprécier le fait que notre présente situation n’est qu’une reprise partielle suite au premier confinement et les conditions d’affaires sont toujours frileuses.

Qu'est-ce qui est disponible pour les accompagner ?

 

On voudrait souligner d’abord toute la panoplie de mesures mises en place par les autorités à travers la DBM et d’autres institutions de support. Du coté de SME Mauritius qui, je souligne, n’octroie pas de prêt, nous offrons ces plans d’aide qui visent à consolider les assises des entreprises. Loin d'être des one-off injections, ces plans visent à rendre le business plus efficient et durable. L’Internal Capability Development Scheme encourage les PME à augmenter leur efficience pour répondre aux exigences du marché, alors que le Technology and Innovation Scheme cherche à permettre aux PME d’investir continuellement dans la technologie et les capacités de production automatisées et durables. Le Marketing Support Scheme aide les PME à améliorer leur accessibilité et leur compétitivité sur les marchés locaux et régionaux, alors que l'Inclusiveness and Integration Scheme cherche à encourager les PME à mieux travailler ensemble, favoriser l'inclusivité et l’interconnexion entre PME et aussi collaborer pour un bénéfice mutuel. Le SME Utility Connection Assistance Scheme, de son côté, vise à relier les sites d'exploitation des entreprises aux principaux réseaux d’utilités publiques. En gros, les plans d’aide visent à améliorer les capacités technologiques et gestionnelles des petites et moyennes entreprises ainsi que leurs résiliences.

 

Il y a deux nouveaux éléments très importants qui sont venus s’ajouter à la gamme de facilités et de support qu'offre SME Mauritius. Depuis février, SME Mauritius propose des co-working spaces dans ses quatre centres à travers l’île à des PME et autres start-ups qui peuvent bénéficier d’un espace de travail gratuit avec accès à l’Internet et d’autres facilités, leur offrant ainsi un environnement propice pour se développer.