C’est en famille que le leader du MSM affronte cette épreuve. Il est ici en compagnie de son épouse et de ses trois filles : Sonika, Sonali et Sara.
Kobita Jugnauth apportant son soutien à son époux, jeudi dernier, peu avant son interrogatoire à l’ICAC.
Entre interrogatoire, arrestation et comparution en cour, la semaine de l’ex-ministre des Finances n’a pas été de tout repos. Toutefois, selon son épouse, il reste «inébranlable»…
Elle est l’épaule, dit-elle, sur laquelle son époux peut se reposer. À tout moment et dans toutes les situations. Malgré la tempête qui s’abat actuellement sur sa famille dans le sillage du scandale Medpoint, Kobita Jugnauth dit rester «digne», «inébranlable» même, comme son époux, Pravind Jugnauth. D’ailleurs, précise-t-elle, il est «plus combatif que jamais» et n’est «absolument pas intimidé ni abattu».
Et cela malgré la charge de conflit d’intérêts qui pèse actuellement sur lui, à la suite de son interrogatoire et de son arrestation par la Commission anti-corruption (ICAC), le jeudi 22 septembre. L’ex-grand argentier a été libéré sur parole le même jour et a payé une caution de Rs 75 000, le lendemain, au tribunal de Port-Louis.
«On s’attendait à ce que les choses se passent ainsi», lâche Kobita Jugnauth, en évoquant l’inculpation de l’ex-vice-Premier ministre et ministre des Finances. «Tout le monde sait que son arrestation n’est pas une arrestation légale mais politique.» L’ICAC s’appuie sur la signature de Pravind Jugnauth dans le dossier des Finances en date du 23 décembre 2010 pour le financement de l’achat de la clinique Medpoint. Mais pour l’épouse du leader du Mouvement socialiste mauricien (MSM), «Pravind n’a absolument rien à se reprocher».
Une famille soudée
Selon elle, «tout a été orchestré», ce qui vient confirmer, poursuit-elle, les propos de son époux qui, à maintes reprises ces derniers temps, a déclaré que l’ICAC n’est pas indépendante dans le cadre de l’affaire Medpoint. «Le système est pourri», déclare l’épouse du leader du MSM. Elle rejoint ainsi l’opinion de son beau-père, le président de la République sir Anerood Jugnauth qui, au début de la semaine dernière, a affirmé sur les ondes d’une radio privée que «l’ICAC pe fane», une déclaration qui n’a pas manqué de faire des vagues. Aux nombreuses attaques contre elle, l’ICAC n’a pas réagi.
Lors d’un congrès à Dubreuil, vendredi dernier, Pravind Jugnauth, a une nouvelle fois, martelé qu’il avait insisté auprès du Premier ministre pour que celui-ci abandonne le projet d’hôpital gériatrique. «Mo ti antisipe ki ti pou ena problem pli divan», a-t-il déclaré.
Malgré les «attaques» que subit son époux, la famille, dit Kobita Jugnauth, «reste soudée et digne». «On espère que la population est en train d’être témoin de ce qui se passe dans notre pays et de l’injustice dont Pravind est victime.»
Alors que le Parti travailliste (PTr) a répliqué en disant de ne pas se focaliser sur le «tam-tam» du leader du MSM, Kobita Jugnauth souligne que son époux ne se laissera pas faire. «Pravind embarrasse le PTr car il a promis de révéler plusieurs choses dès la rentrée parlementaire et il n’a pas l’habitude de dire des choses en l’air.» Pour Kobita Jugnauth, l’avenir politique de son époux «n’est absolument pas en péril». Parce que «la vérité finira par éclater».
La folle semaine du leader du MSM…
Les derniers jours n’ont pas été une partie de plaisir pour Pravind Jugnauth. Entre les congrès du MSM, son interrogatoire et son inculpation par l’ICAC, il a eu du pain sur la planche. Retour sur une semaine chargée et éprouvante pour le leader du MSM.
Samedi 17 septembre, en vue de sa convocation par l’Independent Commission Against Corruption (ICAC), dans le cadre de l’affaire Medpoint, Pravind Jugnauth menace de divulguer des informations confidentielles contenues dans le procès-verbal du cabinet du 18 juin pour sa défense. Il explique avoir fait une demande officielle auprès du secrétaire du cabinet pour avoir accès à ces minutes of proceedings qui sont, selon lui, «very damning», comme il l’a rappelé lors d’un congrès à Chemin-Grenier, dimanche.
Mardi 20 septembre, c’est le père du leader du MSM, sir Anerood Jugnauth (SAJ), président de la République, qui fait parler de lui. Suite à une rencontre avec le leader de l’opposition, Paul Bérenger, il condamne les agissements de l’ICAC sur une radio privée et déclare qu’il est prêt à démissionner si c’est dans l’intérêt du pays.
Une déclaration qui, pour beaucoup, est liée à l’éventuelle arrestation de son fils. Les réactions pleuvent et certains n’hésitent pas à réclamer la démission de SAJ, jugeant ses déclarations indignes d’un président de la République.
Mercredi 21 septembre, Pravind Jugnauth apprend qu’il n’aura pas accès aux minutes of proceedings du cabinet. Dans la soirée, son père embarque pour la Chine où il se rend en visite officielle.
Jeudi 22 septembre, le leader du MSM se rend à l’ICAC dans la matinée pour être interrogé under warning. Plus tard dans la journée, il est arrêté et inculpé pour conflit d’intérêts dans l’affaire Medpoint. Il passe en cour dans l’après-midi et est relâché sur parole. Il doit repasser en cour le lendemain pour connaître le montant de sa caution.
Dans la soirée, il anime un congrès à La Tour-Koenig où il déclare d’emblée que «finn ler pou expoz lezot skandal», concernant notamment Medpoint, la Mauritius Duty Free Paradise et la State Trading Corporation. Il explique aussi avoir reçu un message d’un membre du gouvernement plus tôt, lui demandant de faire attention et que c’est pour cette raison qu’il a accepté de payer sa caution alors qu’il avait annoncé quelques jours plus tôt, qu’il n’allait pas le faire, quitte à aller derrière les barreaux.
Vendredi 23 septembre, Pravind Jugnauth se rend en cour pour payer sa caution fixée à Rs 75 000. Dans la soirée, lors d’un congrès à Dubreuil, il promet une fois de plus des révélations concernant le haut-commissariat mauricien à Londres et la police. «Je viendrai avec des documents à l’Assemblée nationale», martèle-t-il. Pour lui, il n’y a pas de doute : «Tout a été orchestré pou met enn lake ferblan ar MSM.»
En attendant sa prochaine comparution en cour, le 17 octobre, le leader du parti soleil continue de préparer sa défense et de faire le tour de l’île pour expliquer sa position.
Textes : Christophe Karghoo et Michaëlla Coosnapen